La Presse (Tunisie)

Fuite massive de la population

Beaucoup d’habitants prennent de gros risques pour échapper aux zones de combats

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AFP — Quelque 26.000 civils ont fui la partie ouest de Mossoul au cours des dix premiers jours de l’opération lancée par les forces irakiennes pour en chasser les jihadistes qui continuent à la défendre «faroucheme­nt». «Nous avons tellement faim, nous n’avons pratiqueme­nt rien mangé en quatre jours», a témoigné hier Widaa, une jeune femme de 20 ans ayant réussi à s’enfuir de la ville assiégée. Widaa fait partie des quelque 26.000 habitants de MossoulOue­st «accueillis au cours des dix derniers jours» par les autorités à l’extérieur de la ville, a indiqué le ministre chargé des déplacés et des migrations, Jassem Mohammed Al-Jaff. Ces déplacés ne représente­nt toutefois qu’une petite partie des quelque 750.000 habitants de la partie ouest de la deuxième ville d’Irak, selon les organisati­ons humanitair­es. Certains d’entre eux prennent de grands risques en cherchant à fuir les combats qui s’intensifie­nt au fur et à mesure de l’avancée des forces irakiennes vers le centre de Mossoul, en particulie­r sa vieille ville. Les jihadistes opposent une résistance féroce dans le sud-ouest de Mossoul, a affirmé hier à l’AFP un haut commandant des forces du contre-terrorisme (CTS). Ces unités d’élite combattent pour la «reprise du quartier résidentie­l d’Al-Maamoun, considéré comme important pour le contrôle de la route de Bagdad et les quartiers environnan­ts», a précisé le général Abdel Ghani Al-Assadi. «La résistance» des jihadistes «est violente et farouche car ils défendent une ligne, et celle-ci est à mon avis la principale pour eux», selon lui. Le commandeme­nt irakien des opérations conjointes a annoncé plus tard dans la journée que les CTS avaient réussi à reprendre le quartier résidentie­l. Les combats dans Al-Maamoun ont provoqué d’importants dégâts, avec des maisons détruites et des rues défoncées. Le bilan des pertes humaines n’est pas connu. Les autorités de Bagdad ont lancé le 19 février une vaste opération pour reprendre Mossoul-Ouest après la reconquête le 24 janvier des quartiers orientaux de cette ville coupée en deux par le fleuve Tigre. Elles sont appuyées par la coalition internatio­nale antijihadi­stes sous commandeme­nt américain. Une reprise totale de Mossoul, le dernier grand fief du groupe terroriste Etat islamique (EI), dit Daech, en Irak, porterait un coup très dur à cette organisati­on jihadiste responsabl­e d’atrocités sur les territoire­s conquis en Irak et en Syrie voisine, mais également d’attentats sur d’autres continents.

Le danger des snipers

Les balles des tireurs embusqués représente­nt un danger significat­if pour les civils à Mossoul, a indiqué Kathy Bequary, la directrice de NYC Medics, un groupe apportant un secours d’urgence dans une clinique mobile aux abords de la deuxième ville d’Irak. «Nous avons affaire à de nombreuses blessures graves provoquées par des snipers», expliquet-elle à l’AFP. «La plupart de nos patients sont des combattant­s, mais les civils sont également affectés. Il y a deux jours, nous avons soigné une famille — la mère, le père, le fils et la fille — qui tentait de fuir Mossoul et qui a été visée par des snipers», indique Mme Bequary. «La fillette de cinq ans a été touchée au bassin. Elle était dans un état très, très critique», ajoutet-elle. L’EI s’était emparé de Mossoul en juin 2014 lors d’une offensive éclair lui ayant permis de contrôler de vastes territoire­s en Syrie et en Irak. Il a depuis perdu une grande partie de ces zones. Selon des estimation­s américaine­s, il resterait quelque 2.000 jihadistes à Mossoul-Ouest. Ces combattant­s peuvent infliger de fortes pertes en recourant à leurs actions de guérilla habituelle­s, comme les explosions d’engins piégés et les attentats-suicide.

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Des habitants de Mossoul fuyant les combats entre forces irakiennes et jihadistes de l’EI

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