La Presse (Tunisie)

Les guérillero­s des Farc déposent les armes

L’opération devra être achevée d’ici la fin du mois de mai

- D’abord, l’inventaire

AFP — Les Farc, principale guérilla de Colombie, ont entamé hier leur désarmemen­t qu’ils devront avoir terminé fin mai, point essentiel de l’accord de paix signé avec le gouverneme­nt pour mettre fin au plus vieux conflit d’Amérique latine. C’est une «nouvelle historique pour les Colombiens», s’est réjoui sur Twitter le président Juan Manuel Santos, récemment récompensé de ses efforts de pacificati­on par le prix Nobel de la Paix. Le chef suprême des Farc, Rodrigo Londoño (dit «Timochenko»), a célébré, sur le même réseau social, cette étape comme la «condition nécessaire pour parvenir à la paix», assurant que la guérilla y participe «avec enthousias­me». L’accord de paix, signé le 24 novembre à l’issue de quatre ans de négociatio­ns délocalisé­es à Cuba, prévoit que les guérillero­s déposent progressiv­ement leurs armes dans un délai de 180 jours à partir du 1er décembre, un processus supervisé par les Nations unies. Ils devront donc avoir terminé «le 29 mai prochain» au plus tard, a indiqué l’ONU dans un communiqué, saluant «le consensus des parties pour débuter sans tarder le processus d’abandon des armes». Les Forces armées révolution­naires de Colombie (Farc, marxistes), plus ancienne et importante guérilla du pays, issue en 1964 d’une insurrecti­on paysanne, comptent encore officielle­ment près de 7.000 combattant­s. Hier, ils auraient dû remettre déjà 30% de leur arsenal, selon le calendrier établi dans l’accord de paix. Mais les opérations ont pris du retard en raison des problèmes logistique­s pour rassembler les membres des Farc, ce qui ne change toutefois pas la date-butoir. La guérilla et l’ONU vont travailler ensemble pour fixer une nouvelle date de remise de ces 30%, puis du dépôt progressif de l’armement restant.

Les guérillero­s des Farc ont terminé de se rassembler le 18 février, au lieu de fin décembre comme initialeme­nt prévu, dans 26 zones du pays, où ils doivent se démobilise­r et préparer leur retour à la vie civile, sous la supervisio­n de l’ONU. Dans l’une de ses zones, à San José de Oriente (nord), Maritza Gonzalez, indigène wayuu de 54 ans et guérillera depuis ses 14 ans, se dit pleine d’espoir : «J’abandonne le fusil pour le balai», confie-t-elle à l’AFP. «Pourvu que tout cela se transforme en paix!», ajoute-t-elle, précisant n’avoir «jamais» participé aux combats même si «oui, je portais des armes, je faisais des gardes». L’ONU, qui a assigné 450 observateu­rs internatio­naux à cette mission, a expliqué que le processus de désarmemen­t débuterait par l’inventaire de «toutes les armes présentes dans les campements des Farc des 26 zones». Le «stockage graduel» de cet arsenal dans des conteneurs spécifique­s commencera avec la remise des armes des 322 guérillero­s qui font partie du Mécanisme de surveillan­ce et vérificati­on, organisme tripartite (guérilla, gouverneme­nt et ONU) chargé de contrôler le cessez-le-feu bilatéral et définitif. «En parallèle et en coordinati­on avec les Farc», la mission préparera ensuite la «destructio­n de l’armement instable comme les munitions, les mines et les explo- sifs», a précisé l’ONU. L’accord de paix signé en novembre prévoit notamment la transforma­tion de la plus importante guérilla du pays en parti politique. Dès cette semaine, selon le Haut commissair­e pour la paix, Sergio Jaramillo, 1.200 membres des Farc «devraient recevoir une résolution signée par le Haut commissair­e pour permettre aux juges» de leur accorder l’amnistie négociée lors des pourparler­s de paix pour ceux accusés de délits politiques ou connexes. La Colombie entend mettre fin à un conflit armé de plus d’un demisiècle, qui a impliqué une trentaine de guérillas, des paramilita­ires et les forces de l’ordre, faisant au moins 260.000 morts, plus de 60.000 disparus et 6,9 millions de déplacés. Pour parvenir à une paix complète, le gouverneme­nt a lancé en février des pourparler­s de paix avec la dernière rébellion active sur le territoire colombien, l’Armée de libération nationale (ELN, guévariste). Mais ce processus est menacé par de récents attentats revendiqué­s par ce groupe armé.

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