La Presse (Tunisie)

Le roman vrai

Est une échappée temporelle, un saut dans le temps, à la fois intimiste, émouvant et déroutant.

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Le siècle d’Augusta

Le siècle d’Augusta, le nouveau roman-témoignage de François G. Bussac, vient de paraître. C’est dans l’enceinte de Mad’Art que l’écrivain a présenté son oeuvre devant un lectorat attentif, présent en masse. Plus d’une quarantain­e de curieux ont répondu à l’appel de celui qu’on surnomme «Le Capitaine», accompagné, durant cette séance de lancement, des deux membres de «la Compagnie des vives voix». Le siècle d’Augusta est une échappée temporelle, un saut dans le temps, à la fois intimiste, émouvant et déroutant. François-Georges Bussac est tour à tour nouvellist­e, chroniqueu­r et romancier. Il n’est jamais aussi émouvant que lorsqu’il se lance dans ce que l’on peut appeler le «roman vrai», lorsqu’il raconte la vie d’êtres chers. Il faut dire que, dans la famille, une précieuse tradition veut que l’on tienne son journal intime et qu’on laisse ainsi à ses descendant­s du grain à moudre. De plus, dans la famille Bussac-Barbier-Wiesser, on a la plume alerte, parfois humoristiq­ue, parfois mélancoliq­ue ou philosophi­que, et que François-Georges (dit le Capitaine) a hérité de ce talent, qu’il cultive avec bonheur en haut de son sémaphore depuis de nombreuses années, situé à La Goulette. Après le succès du «Jardinier de Métlaoui», qui retraçait la vie de son grand-père, c’est à la benjamine de ses trois filles, mère de l’auteur, qu’est consacré ce nouvel opus. A la question «comment vous est venue l’idée d’écrire sur votre mère?» , F.G. Bussac répond que c’est son frère aîné, récemment disparu, qui lui a dévoilé l’existence de 13 carnets, dans lesquels leur mère, Augusta, avait consigné ses pensées et ses expérience­s durant une vingtaine d’années. La lecture de ce journal intime a été une révélation, la découverte d’une vie de femme et de mère tout au long du XXe siècle, Augusta étant née en 1916 et morte en 2001. Cette vie, pourrait-on dire, aura été celle d’une «héroïne ordinaire», oxymore qui résume la vie de bien des femmes de cette époque, qui n’ont pu envisager des études prolongées ou une vie profession­nelle, mais n’ont pas renoncé pour autant à leurs conviction­s et à leur dynamisme de tous les instants. S’étant mariée jeune à un brillant officier de marine, «Augusta», rebaptisée Mireille par ses camarades, a suivi son mari aux quatre coins du monde, trouvant toujours à exercer ses talents auprès des plus démunis et liant des liens indéfectib­les avec les personnes rencontrée­s. Avec cela, elle reste fidèle à sa foi religieuse et à ses auteurs favoris, de Chateaubri­and à Albert Camus en passant par Colette, Simone Weill et Teilhard de Chardin. Ce qui est original et remarquabl­e dans Le siècle d’Augusta, c’est que l’auteur a choisi de faire ce récit à la 1ère personne. Interrogé sur ce point, l’auteur répond que cette option s’est imposée à lui quand il a commencé à écrire. Bien sûr ses propres souvenirs se sont mêlés à ce journal tenu par Augusta et des photos anciennes sont venues enrichir et soutenir la mémoire des faits. Parfois, aussi, il a fallu imaginer ou mettre en scène. Ainsi, le romancier raconte sa propre naissance avec beaucoup d’humour en présence de Michelle Bouffetier Ghachem et Maryvonne Radix, ses deux acolytes «Des vives voix», modératric­es de cette séance de présentati­on. Elles ont également lu des extraits à haute voix et tenu les ficelles d’un vif échange de questions/réponses bouillonna­nt d’intérêt.

H. HA.

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François G. Bussac présentant son dernier ouvrage «Le siècle d’Augusta»

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