Les choses sérieuses à dire
LA dame de fer de l’Europe, chancelière de la première puissance européenne et troisième à l’échelle mondiale, en visite officielle en Tunisie, on a envie de dire que c’est historique. Mais ce serait réducteur. Car Merkel ne se déplace pas pour la photo ni pour nous congratuler pour les efforts consentis pour développer notre pays et le hisser au rang des nations libres et démocratiques. C’est notre devoir. Avant tout. Merkel est parmi nous parce qu’elle a des choses sérieuses à nous dire. Entre nations démocratiques, on se respecte, on discute et on négocie d’égal à égal. Merkel est venue dire aux Tunisiens sans détour pourquoi il faut accepter le retour de nos ressortissants en situation irrégulière en Allemagne, 1.500 en tout. «L’Allemagne accueille les migrants ayant subi les affres de la guerre mais ceux qui n’ont pas le droit d’y rester doivent quitter, par la force s’il le faut ». Le sujet est délicat pour l’opinion tunisienne confrontée déjà au problème du retour des terroristes des zones de tensions (Syrie, Irak, Libye). Les Tunisiens qui ont affronté le terrorisme et subi des pertes humaines et économiques considérables refusent de les accueillir parce qu’ils les craignent. Il en est de même pour tout ressortissant tunisien qui a des démêlés avec des autorités étrangères. Cela devient épidermique.
Mais Mme Merkel n’est pas venue les mains vides : elle propose d’aider ces jeunes, refoulés de son pays, pour se reconstruire chez eux en leur offrant des opportunités de travail et à la Tunisie le soutien nécessaire. La création en Tunisie d’un centre tuniso-allemand d’information et de consulting pour l’emploi, la migration et la réintégration, inauguré hier, en est un exemple. Le soutien financier de l’Allemagne en est un autre : entre 14 et 15 millions d’euros supplémentaires pour garantir de nouvelles opportunités à ces Tunisiens de retour dans leur pays et 250 millions d’euros pour soutenir le développement dans les zones rurales.
Plus encore, les dix plus grandes entreprises allemandes accompagnent la chancelière dans sa visite dans notre pays, c’est dire les opportunités de partenariat et d’investissement que nos responsables sont en mesure de discuter et de négocier dans l’objectif de secouer l’économie et provoquer sa relance.
Sur le plan sécuritaire, le message de Merkel est dans le soutien de l’initiative tuniso-algéro-égyptienne pour un règlement politique global en Libye sous l’égide des Nations unies, et que Merkel qualifie de «bonne action».
Cela dit, il y a lieu de constater que malgré la situation économique chaotique, la tension sociale qui ne baisse pas et l’exaspération des Tunisiens face à leur quotidien qui ne s’améliore pas, la Tunisie attire, intéresse et est écoutée
merkel est parmi nous parce qu’elle a des choses sérieuses à nous dire. entre nations démocratiques, on se respecte, on discute et on négocie d’égal à égal.