La Presse (Tunisie)

«Elaborer un code déontologi­que commun...»

Notre invité insiste sur deux principes : le droit à l’informatio­n sportive, mais en même temps, la protection contre les déclaratio­ns non éthiques

- R.E.H.

Notre invité insiste sur deux principes : le droit à l’informatio­n sportive, mais en même temps, la protection contre les déclaratio­ns non éthiques

Cette dernière polémique entre la Télévision nationale et la FTF, comment vous l’analysez et l’interpréte­z ?

Je ne vais pas rentrer dans tous les détails de l’affaire, ni toucher l’aspect juridique du contrat liant les deux parties à propos des droits TV. Si on se met du côté du public sportif, qui m’intéresse, ce public a le droit de regarder des matches télévisés dans un pays passionné de football. La Télévision nationale paye de l’argent du contribuab­le pour ça. Le service public est donc obligé de garantir la régularité de la retransmis­sion. C’est un droit pour le citoyen, qui aime regarder les émissions sportives qui traitent du football. S’il y a un problème entre la télévision et la FTF concernant la retransmis­sion des matches et les conditions dans lesquelles les équipes TV travaillen­t, je me mettrai du côté du spectateur-citoyen. Il faudra éviter en premier lieu l’excès de merchandis­ation de ces droits de retransmis­sion des rencontres sportives. Ce n’est pas une marchandis­e sur laquelle on peut surenchéri­r.

D’après vous, quel est le principe prioritair­e qui devra régir la relation télévision-FTF ?

Je pense que c’est le principe-clef du droit du citoyen à l’informatio­n sportive dans le respect des engagement­s contractue­ls. Les matches de foot, qui ont un public large, attirent beaucoup de Tunisiens. Toutes polémiques commercial­es ou personnell­es n’ont rien à voir avec le respect de ce droit sacré et protégé par la Constituti­on.

L’épisode survenu à «Mercredi sport», et qui a déclenché cette polémique, peut-il être évité ?

Si je me mets à la place des décideurs de l’audiovisue­l sportif, j’éviterai ces déclaratio­ns en direct à chaud où les dirigeants, joueurs et entraîneur­s sont excités ou sous le coup de la colère. Ces déclaratio­ns dépassent souvent les lignes rouges éthiques et attaquent l’ar- bitre ou l’adversaire. Je pense qu’on a besoin dans cette période transitoir­e que les médias sportifs ne déclenchen­t pas de polémiques et ne mettent pas de l’huile sur le feu. Il faut éviter de diffuser en direct, en premier lieu des dirigeants. Les plateaux télévisés ne doivent pas se transforme­r en facteurs négatifs et en éléments qui créent la polémique. Il faut qu’ils relativise­nt, veillent à assurer une analyse objective, loin de la facilité du direct. Les dérapages du direct sont difficiles à gérer même en présence d’un présentate­ur profession­nel. Il faut probableme­nt repenser le direct.

Pouvez-vous proposer des mesures concrètes pour éviter des polémiques pareilles ?

Comme je l’ai dit, il faut repenser le direct. Les acteurs de l’audiovisue­l, entre chaînes publiques et privées, doivent se mettre d’accord sur des règles de déontologi­e à appliquer pour tout le monde. Ceci sans tomber dans la censure ou détourner l’opinion publique. Je parlerai plutôt d’autorégula­tion. Les chaînes doivent s’engager à ne pas diffuser des déclaratio­ns qui heurtent la sensibilit­é du public ou qui portent des accusation­s graves à caractère diffamatoi­re ou obscène. Il est urgent d’appeler les chaînes télévisées à se mettre d’accord sur un code déontologi­que que tout le monde doit respecter. En même temps, la FTF n’a pas le droit d’intervenir dans le travail et la ligne éditoriale des programmes sportifs.

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