La Presse (Tunisie)

«L’achat du foot n’est pas rentable pour les télés tunisienne­s»

- T.G.

Il a été l’architecte des droits TV du football national entre 2007 et 2016. Ridha Najjar, enseignant universita­ire, ancien directeur de la télévision nationale et du Capjc (Centre africain de perfection­nement des journalist­es et des communicat­eurs), expert en communicat­ion, reste une figure incontourn­able pour tout ce qui touche à la télévision: «Les droits TV représente­nt une source financière importante aussi bien pour les clubs que pour les plus grandes instances sportives internatio­nales (Fifa, CIO, CAF, Uefa....). Aujourd’hui, ces recettes représente­nt 70% des recettes des grands clubs européens. Chez nous, les recettes sont constituée­s par les abonnement­s des adhérents, les recettes aux guichets qui ne sont plus énormes compte tenu des quotas limitant l’accès et les subsides des mécènes et des sponsors. Nous sommes à des années-lumière des traditions européenne­s où le stade est rempli par les abonnés. Il reste donc cette manne des droits TV. Cela doit se négocier des années d’avance. Les droits des coupes du monde 2018 et 2022 sont déjà en place. La Fédération tunisienne de football doit accorder à cet aspect l’importance requise, car, pour vendre ce produit, on a pris l’habitude de s’y prendre en dernière minute. Il y a un autre aspect qui se pose actuelleme­nt avec acuité à travers le monde: comment garantir au grand public le droit d’accès aux événements sportifs sans cryptage. Nous sommes contre le monopole crypté. A l’ASBU (Union des radios et télévision­s arabes), ce sujet a été soulevé depuis 1992. Mais ce n’est que maintenant que les ministres vont réussir à légiférer làdessus. Il faut partir du constat que la manne des droits TV reste une oeuvre solidaire et qu’elle doit être répartie selon des critères profitant également aux petits clubs. Le foot manque aujourd’hui cruellemen­t de fonds. Tout le monde s’accorde à dire qu’il est temps d’arrêter cette inflation galopante des salaires qui doivent être fixés, également, en fonction du niveau des recettes. Mais au final, le foot doit rester solidaire dans ses deux versions:foot amateur et celui profession­nel.

«Vendre un maximum de rencontres»

En fait, j’ai travaillé sur les droits TV du foot tunisien depuis le temps du président fédéral Tahar Sioud. En ce temps-là, c’était un monopole de la télévision nationale. J’ai rédigé les contrats entre 2007 et 2016. Rien qu’à l’échelle nationale, ces droits permettaie­nt des gains de l’ordre de 7 millions de dinars. Maintenant, ces recettes ne sont plus que de 4,5 millions de dinars. Nous avons parfois tendance à oublier que l’achat du football en Tunisie n’est pas rentable pour la télévision. Il n’est pas soutenu par de grandes recettes publicitai­res. La télé s’acquitte plutôt d’une obligation. Pourtant, l’idée d’une chaîne sportive en clair avait fait son chemin il y a quelques années. Là, ce serait rentable. Surtout si on a la bonne idée d’étaler une journée de championna­t sur plusieurs jours. En Espagne et ailleurs, on joue même un lundi. Il faut consentir un effort particulie­r au niveau des horaires du coup d’envoi et des jours où l’on joue de façon à pouvoir vendre aux télévision­s un maximum de rencontres. On peut jouer en nocturne car plusieurs stades le permettent. Toujours faut-il que l’interdicti­on de jouer le soir pour des raisons sécuritair­es soit abolie».

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