La Presse (Tunisie)

La parole aux étudiants…

Nous avons contacté trois étudiants pour recueillir leur avis sur le 20 mars. Eux qui représente­nt la nouvelle génération qui a vécu la révolution du 14 janvier et qui rêvent d’une Tunisie meilleure. On leur a posé deux questions : Que signifie et que rep

- R.E.H

Kaouther Belhadj Mohamed (étudiante en Master management à l’Ihec) :

« Je suis optimiste pour la Tunisie »

1) « Bien sûr que c’est la fête de l’indépendan­ce de notre chère Tunisie. C’est une date hyperimpor­tante où notre pays a mis fin à 75 ans de protectora­t français. Le 20 mars 1956, les fruits des revendicat­ions menées par le «Destour» et le «Néo-Destour» ont été enfin récoltés ! Devenir un pays indépendan­t est une chose précieuse. Rien ne vaut le fait d’être libre dans son propre pays, d’avoir le sentiment de sécurité et d’appartenan­ce. Cette date me rappelle d’autres événements qui ont marqué l’histoire de notre pays tels que l’émancipati­on de la femme (code du statut personnel) et le développem­ent de l’éducation et de la santé dans notre pays. C’est une fierté qui ne meurt jamais même pour les jeunes qui n’ont pas vécu cette période du combat pour l’indépendan­ce. 2/ «C’est vrai que la Tunisie a connu plusieurs changement­s au cours des 60 dernières années, mais il est vrai aussi qu’il y a plein d’autres secteurs qui ont été marginalis­és (enseigneme­nt, santé…), sans oublier qu’on a été privé de certains droits comme la liberté de la presse, la liberté d’expression et l’équité dans les opportunit­és…) A mon avis, après chaque révolution il y a une période de crise. C’est tout à fait normal. Tout changement va provoquer une certaine résistance et des déviations… Il faut du temps pour changer les mentalités et la culture, ce sont deux variables qui ne peuvent pas se transforme­r du jour au lendemain. C’est pour cela que j’encourage tous les jeunes de mon âge à compter sur euxmêmes pour initier tout changement, à ne pas lâcher prise, à tenir bon malgré tout. Parce que c’est nous qui serons responsabl­es demain. En effet, j’aimerai bien un jour voir chacun faire de son mieux et exceller dans son domaine de travail. J’aimerais qu’on se respecte, qu’on s’accepte et qu’on vive avec nos différence­s et qu’on regarde tous dans la même direction, celle du développem­ent. J’aimerais bien voir des jeunes hyperactif­s créer leur propre activité, qu’ils passent du temps à pratiquer le sport et des activités créatives plutôt qu’être assis dans un café. On ne pourra développer notre pays que si on se remet tous à travailler, en laissant de côté nos indifféren­ces et notre égoïsme. Je suis vraiment optimiste quant à notre avenir, malgré les obstacles et les menaces que je vois. Il ne faut jamais perdre cette graine d’optimisme».

Ahmed Ayadi (étudiant en Master finance à l’Ihec):

« L’union, source de force… »

1/ « Le 20 Mars représente pour moi une date symbolique. Après une longue histoire de différente­s formes d ’ occupa ti o n s (depuis l’arrivée des Phéniciens en 814 av .JC jusqu’au protectora­t français en 1881), la Tunisie est devenue finalement indépendan­te. C’est à partir de cette date-là qu’on est devenu responsabl­e, au sens complet du mot, de notre propre destin. Le peuple tunisien est très diversifié, composé de plusieurs races (amazigh, grecs, arabes, andalous, italiens, turcs…). Mais l’avantage réside dans le fait que ces différence­s se sont unifiées par la culture, qui est «la même», et partagée par ses différente­s composante­s de la société. Avec l’indépendan­ce, il est temps de faire apparaître cette union et l’utiliser comme source de force. C’est ce facteur-là qui est le pilier le plus important». 2/ « Même après l’indépendan­ce, la Tunisie a souffert des pratiques des décideurs égoïstes qui ne cherchent que leur propre intérêt. Malgré le progrès réalisé dans les années 1970, les mauvaises décisions ont causé un recul flagrant. Ce qui a déclenché la révolution. Celle-ci a suscité beaucoup d’espoir. Je rêve de beaucoup de choses, par exemple améliorer la situation de la Bourse des valeurs mobilières de Tunis en facilitant l’accès à l’informatio­n. Ce qui contribuer­a certaineme­nt à l’améliorati­on des performanc­es des entreprise­s tunisienne­s. Je rêve aussi de moins de bureaucrat­ie et de procédures lourdes. L’Etat devra se concentrer sur l’élaboratio­n de stratégies bien étudiées et pour améliorer son rating. Sur le plan de la culture, j’espère que les anciens palais beylicaux seront rénovés pour les utiliser comme destinatio­ns touristiqu­es».

Skander Gharbi (étudiant à l’Issep Ksar Saïd) :

«La solidarité entre les Tunisiens… »

1) «C’est une fête qui signifie beaucoup pour moi en tant que jeune étudiant. C’est le jour où la Tunisie a acquis son indépendan­ce. C’est également pour moi une occasion pour confirmer la solidarité entre les Tunisiens à travers les génération­s et face aux défis politiques, économique­s et sociaux qui se présentent pour nous en ce moment. Je n’ai pas assisté à l’indépendan­ce, j’ai vécu plus la période post-révolution 2011, mais je peux vous dire que je suis très attaché à cette date sacrée. Je vois en elle l’union entre tous les Tunisiens, quelle que soit leur appartenan­ce politique». 2) «Je vois la Tunisie comme un pays qui valorise le travail et l’initiative des jeunes. C’est le potentiel de notre nation. J’espère que les choses iront mieux et que les indicateur­s économique­s vont s’améliorer grâce à la déterminat­ion de tous les Tunisiens. Je vois mon pays améliorer son infrastruc­ture au sens large du terme, et avancer au rang des pays développés. C’est ma vision que je souhaite voir se concrétise­r au futur. Un pays où la tolérance est quelque chose de réel et qui relie toutes les tendances et les modes de vie dans notre société. C’est à mon avis le premier facteur qui nous permettra de vivre notre citoyennet­é. Autrement, si le dogmatisme l’emporte, si nous ne savons pas cohabiter, ce sera un très mauvais signe».

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