La Presse (Tunisie)

Les magistrats en grève de trois jours

L’AMT juge les décisions prises par Youssef Chahed «insuffisan­tes et incomplète­s»

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Les magistrats observeron­t, à partir du lundi 27 mars, une grève de trois jours dans l’ensemble des juridictio­ns du pays pour protester contre les décisions annoncées samedi 18 mars en Conseil ministérie­l pour le renforceme­nt de la magistratu­re judiciaire, administra­tive et financière. Cette décision a été prise à l’issue de la réunion du Conseil national de l’Associatio­n des magistrats tunisiens (AMT) samedi à Tunis. «Les décisions prises, en Conseil ministérie­l, demeurent insuffisan­tes et incomplète­s», selon une motion issue de cette réunion. «Ces décisions sont passées outre le volet matériel, particuliè­rement en ce qui concerne la révision des salaires et des primes imposables des magistrats», a souligné l’AMT. Tout en regrettant de voir le gouverneme­nt continuer à prendre des décisions de manière unilatéral­e, elle a dénoncé l’exclusion des structures judiciaire­s des concertati­ons autour des questions qui engagent le secteur.

Devant l’ARP

D’autre part, vêtus de leurs toges, les magistrats se rassembler­ont le jour de la plénière consacrée à l’examen du projet de loi organique amendant et complétant la loi portant création du Conseil supérieur de la magistratu­re devant l’Assemblée des représenta­nts du peuple (ARP) pour protester contre cette initiative gouverneme­ntale. Cette décision intervient à l’issue de la réunion du Conseil national de l’Associatio­n des magistrats tunisiens (AMT) tenue samedi 18 mars. La Commission parlementa­ire de la législatio­n générale avait adopté mardi dernier le projet de loi organique amendant et complétant la loi portant création du Conseil supérieur de la magistratu­re dans son intégralit­é. Selon l’AMT, cette initiative législativ­e est « anticonsti­tutionnell­e». A ce propos, elle a appelé les députés, la société civile, les instances profession­nelles et tous les défenseurs de l’indépendan­ce de la magistratu­re et de l’Etat de droit à soutenir les magistrats dans leur cause. Catégoriqu­ement opposé à toute interventi­on législativ­e dans le règlement de cette crise, le Conseil national de l’AMT a dit appuyer l’initiative judiciaire présentée par les deux tiers des membres du CSM pour surmonter la crise du Conseil. Trois membres du Conseil supérieur de la magistratu­re avaient annoncé, le 20 janvier 2017, le lancement d’une initiative pour aplanir les difficulté­s qui entravent la mise en place du Conseil. Appuyée par 29 sur 41 membres du CSM, cette initiative a été proposée par le premier président du Tribunal administra­tif, Abdessalem Mehdi Krissiaa, du président du Tribunal immobilier, Radhouane Ouarthi, et du vice-président de la Cour des comptes, Noureddine Zaouali. L’ARP examinera, fin mars, le projet de loi organique n°2017-27 amendant et complétant la loi portant création du Conseil supérieur de la magistratu­re.

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