La Presse (Tunisie)

Le Hamas fait la pluie et le beau temps

Les tribunaux du parti islamiste condamne à mort deux vendeurs de drogue, une première

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AFP — La justice militaire du Hamas a condamné à mort hier deux Palestinie­ns pour trafic de drogue, un événement sans précédent dans l’enclave sous blocus israélien depuis que le mouvement islamiste y a pris le pouvoir il y a 10 ans. Jusqu’à présent les condamnati­ons à mort prononcées par des tribunaux du Hamas visaient des Palestinie­ns accusés de «collaborat­ion» avec Israël ou de meurtres. « Dimanche (hier), la justice militaire à Gaza a prononcé la peine capitale pour commerce de produits stupéfiant­s à l’encontre de deux civils originaire­s de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza», selon un communiqué du ministère de l’Intérieur du Hamas. Le texte ajoute qu’un troisième accusé a été condamné à la prison assortie de travaux forcés. Selon le Centre palestinie­n des droits de l’Homme (Pchr), qui dénonce le fait que des civils aient été jugés par un tribunal militaire, «R. M., 40 ans, a été condamné à être fusillé, tandis que Z. T., 26 ans, a été condamné en son absence à la pendaison». Le ministère indique que «1.250 sachets de cannabis» ont été saisis, ainsi que «400 pilules de Tramadol», un médicament utilisé comme une drogue, «durant le seul mois de janvier, soit autant que durant toute l’année 2016». Ces derniers mois, les saisies ont représenté «plus d’un million de dollars», assure le ministère. La campagne contre les vendeurs de drogue s’est récemment intensifié­e, ajoute le communiqué, alors que la consommati­on de drogue dans le petit territoire côtier ravagé par les guerres et la pauvreté est un sujet brûlant, tant pour la société palestinie­nne que pour le mouvement islamiste au pouvoir. La loi palestinie­nne prévoit la peine capitale pour ceux qui collaboren­t avec Israël, pour les meurtriers et pour les trafiquant­s de drogue. En théorie, toutes les condamnati­ons à mort dans les Territoire­s palestinie­ns doivent être approuvées par le président de l’Autorité palestinie­nne Mahmoud Abbas, qui siège en Cisjordani­e occupée, mais le Hamas ne reconnaît plus sa légitimité. Pour le Pchr, «prononcer des peines de mort illégaleme­nt est une forme d’exécution extrajudic­iaire et ceux y participan­t ou y contribuan­t doivent rendre des compte pour ces abus de pouvoir». Depuis le début de l’année, 14 peines capitales ont été prononcées à Gaza — 10 en première instance et quatre confirmées en appel —, selon le Pchr. Entre 2007, date de la prise de pouvoir par le Hamas dans la bande de Gaza, et 2017, 106 peines de mort — qui n’ont pas toutes été exécutées — ont été prononcées dans l’enclave palestinie­nne, de même source.

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