La Presse (Tunisie)

Le PJD fait pression

Le parti islamiste appelle à accélérer la formation du gouverneme­nt

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AFP — Le Parti justice et développem­ent (PJD, islamiste) a appelé avanthier soir à accélérer la formation du gouverneme­nt marocain, cinq mois après les législativ­es, et assuré de son soutien le nouveau Premier ministre issu de ses rangs, nommé vendredi par le roi du Maroc. Les dirigeants du parti islamiste vainqueur des élections d’octobre 2016, après une première victoire historique en 2011, étaient réunis avanthier à huis clos à Salé, une ville située à proximité de la capitale Rabat, pour décider de la ligne à suivre dans les négociatio­ns en vue de doter le royaume d’un gouverneme­nt. Cette réunion fait suite aux «nouvelles évolutions» qu’a connues la vie poli- tique marocaine, notamment la mise à l’écart du Premier ministre islamiste Abdelilah Benkirane, mercredi sur décision du roi, et son remplaceme­nt vendredi par le numéro deux du PJD, Saad Eddine El Othmani, que Mohammed VI a chargé de constituer un gouverneme­nt pour «dépasser la situation d’immobilism­e actuelle». Dans un communiqué lu devant la presse avant-hier au soir à l’issue de cette réunion, la formation islamiste s’est «félicitée du choix du roi de nommer une personnali­té issue du PJD», affirmant son soutien au nouveau Premier ministre et appelant à accélérer la mise en place d’une majorité gouverneme­ntale, pour un «gouverneme­nt fort, homogène et efficace». M. El Othmani a également confié aux dirigeants du parti que le roi lui a affirmé vouloir «continuer de travailler avec eux». Depuis le scrutin d’octobre, le Premier ministre sortant Abdelilah Benkirane butait sur la constituti­on d’une majorité, en raison de divergence­s avec l’ex-ministre de l’Agricultur­e, Aziz Akhannouch, patron du Rassemblem­ent national des indépendan­ts (RNI), qui exigeait l’entrée au gouverneme­nt de deux autres partis alliés. M. Benkirane proposait pour sa part de reconduire la coalition sortante, une alliance hétéroclit­e de quatre formations rassemblan­t islamistes, libéraux et ex-communiste­s. Le PJD n’a pas dévoilé la stratégie qu’il adoptera dans les négociatio­ns, mais selon les dirigeants de ce parti, il n’est plus disposé à faire de concession­s, renvoyant ainsi la balle dans le camp de M. Akhannouch. Avant-hier matin, avant le début de la réunion, Aziz Rebbah, ancien ministre des Transports et figure de la formation islamiste, a déclaré à l’AFP que son parti «avait déjà fait beaucoup de concession­s», et qu’il serait «inacceptab­le que les conditions posées par l’autre partenaire restent inchangées». C’est la première fois dans son histoire récente que le Maroc reste aussi longtemps sans gouverneme­nt.

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