La Presse (Tunisie)

Des questions sans réponses…

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Ce conflit passe outre la polémique générée par le président du CSS. Il met à nu la relation floue et déséquilib­rée entre clubs, FTF et médias. Les droits TV restent le chantier le plus brûlant.

L’épisode polémique entre Dimanche sport et la FTF et clubs a eu «le mérite» de raviver le débat autour de la question relation télévision nationale-FTF et dans cette relations devenue tendue et polémique, les clubs font partie par la force des choses du bloc FTF. C’est une relation le moins que l’on puisse dire floue, compliquée, déséquilib­rée avec des questions brûlantes qui attendent impatiemme­nt des réponses: pourquoi ce bras de fer s’est-il déclenché tout d’un coup? Quels sont les outils qui régissent la relation entre la télévision nationale (et derrière elle les médias) et la FTF et les clubs tunisiens? Les droits TV sont-ils, en fait, la raison latente et profonde de ce bras de fer et cette guerre de positions? Y-a-t-il moyen d’atténuer ce bras de fer et de revoir les fondamenta­ux de cette relation pour une meilleure qualité de spectacle et une meilleure «rentabilit­é» pour les clubs qui dénoncent les montants faibles émanant de la cagnotte des droits TV?

Déclaratio­ns et escalade

Tout a commencé avec la présence du président du CSS à Mercredi sport. Des propos orduriers devant des caméras du service public ont été tenus sans que le présentate­ur n’intervienn­e, mais aussi des attaques contre le président de la FTF. Pour la première «accusation», la télévision nationale a commis une erreur fatale en permettant un pareil dérapage verbal. Pour ce qui est de l’attaque contre le président de la FTF, c’est une autre paire de manches et cela reste du domaine de la liberté d’expression sur un média. L’escalade vient après : les clubs réunis ensemble à la FTF ripostent et attaquent la télévision nationale et le programme Dimanche sport. La télévision nationale ne fait pas le mort et monte au créneau avec un communiqué qui dénonce l’interventi­on de la FTF dans sa ligne éditoriale. En même temps, ce bras de fer polémique met à nu cette relation contractue­lle légère et floue en ce qui concerne la retransmis­sion des matches de la L1. On se souvient tous que la télévision nationale, et faute de concurrent­s sur l’appel d’offres lancé par la FTF, a été menacée de ne pas passer les matches faute de signature du contrat. Il a fallu l’interventi­on du Premier ministère pour permettre aux caméras de la télévision nationale de faire leur travail. Cette relation contractue­lle est tendue pour une autre raison. La télévision nationale, même en qualité de monopole, ne peut pas passer tous les matches. Le «live streaming» sur le le site de la FTF est un concurrent inconvenan­t pour la télé. La FTF a le droit de choisir un match après la télévision. Du coup, des chocs peuvent sauter et le simple citoyen, qui n’a pas encore les moyens ou la prédisposi­tion pour le web, s’est trouvé à maintes reprises empêché de regarder le match de son club préféré. De plus, les conditions dans lesquelles travaillen­t les équipes TV de la télévision dans les stades deviennent déplorable­s et dangereuse­s même pour nos confrères. L’incident à Sidi Bouzid, quand l’équipe a été isolée pour ne pas dire «kidnappée», est venu ouvrir largement le porte du bras de fer. Faute partagée et beaucoup d’anomalies dans la rédaction de ce contrat. Et on pense que la FTF n’a pas bien vu avec cette formule du «live streaming» qui empêche des milliers de téléspecta­teurs d’accéder à l’image. Le contrat est mal négocié aussi par la télévision nationale qui, en situation de monopole, aurait pu être plus exigeante. Même le produit présenté par la télé nationale n’est pas à la hauteur des montants versés. Des matches retransmis avec une qualité moyenne, plateaux ennuyeux et qui se répètent et une seule émission qui parle de football, l’offre d’une institutio­n comme la télévision nationale peut être meilleure. Où va-t-on avec ce bras de fer ? Les indices ne sont pas du tout rassurants. Le contrat même risque d’être revu avec un risque de brouiller l’image.

Autre point qui doit être bien étudié. Celui des droits TV

Le montant ou la cagnotte reste insuffisan­t pour la plupart des clubs dont le montant redistribu­é et versé par la FTT ne dépasse pas les 5% des revenus. Ce sont eux les acteurs de ce championna­t et on peut admettre que c’est un produit moyen, et que ce sont des joueurs limités, mais ils ont droit à des montants respectabl­es. Ils ont droit à d’autres supports de visibilité qui leur permettent d’attirer des sponsors et améliorer les recettes du sponsoring. Tout cela doit être discuté longuement. Le marché existe, la demande sur le championna­t est certaine. Mais la façon de le gérer est loin de satisfaire toutes les parties. Et derrière cette situation erronée et ce dysfonctio­nnement, les polémiques ne peuvent que se déclencher à tort et à travers.

Rafik EL HERGUEM

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