La Presse (Tunisie)

Le plein de confiance !

Galvaniser les joueurs et les sortir de la morosité dans laquelle ils se trouvent, une hypothèse, longtemps enfouie, qui prend désormais de l’épaisseur.

- Khaled KHOUINI

Les puristes sont unanimes. La décompress­ion des joueurs après une entame de play-off victorieus­e est anormale. Pour les observateu­rs, il aurait fallu revenir à un peu plus d’humilité. Deux revers de suite face aux gros bras du championna­t ont ainsi renvoyé les Clubistes à leurs chères études, avec ce que cela implique comme remise en question et ré-évaluation de la situation. Cependant, au-delà des résultats, le gros challenge de Chiheb Ellili, cette saison, c’est d’arriver à faire tourner cet effectif pour que les deuxièmes choix (et non les seconds couteaux) puissent acquérir des automatism­es entre eux, et permettre au CA d’être régulier dans la performanc­e, quel que soit le contexte. Si on prend le cas du trident Chenihi-Khelifa-Rusike, il est facile de le critiquer en disant qu’ils sont irrégulier­s et inconstant­s. Sauf qu’à force de s’en remettre seulement à ces éléments pour évoluer, on prend le risque de les déstabilis­er et donc de perturber l’équilibre global. D’où la question récurrente qui taraude les esprits passionnés des supporters: pourquoi un attaquant compétitif tel que Imed Meniaoui est souvent placé hors-liste ? S’il avait eu une dizaine de matches à ce poste-là dans les jambes, il aurait été d’un grand secours face à l’EST et contre l’Etoile, là où précisémen­t le staff technique n’a pas trouvé la parade et la clé pour déverrouil­ler les solides blocs d’en face. Bref, si les retouches clubistes se font à la marge (deuxtrois joueurs pas plus compris dans la rotation), le CA doit surtout arriver à conserver ses joueurs majeurs pour cimenter son jeu. Car si tu les perds (joueurs dispersés), ça veut dire que tu n’as pas dépassé le handicap que représente cette recherche du juste équilibre (osmose, cohésion, alchimie, automatism­es, jokers). Prenons le cas de l’animation clubiste. La solution toute trouvée a été de sortir Tijani Belaid (bon de sortie accordé) pour faire venir un joueur en confiance, capable de servir le jeu, de s’adapter rapidement et de faire la différence. Avec l’arrivée d’Oussama Darragi, le jeu a gagné en fluidité et en cohérence. Sauf que comme noté récemment, il manque encore au CA un ou deux joueurs de très haut niveau capables de montrer la voie et débloquer un résultat quand ça grince et quand la mécanique est grippée. Nous pouvons même pousser plus loin l’analyse en affirmant que peu importe les postes à la limite, il s’agit de combler un léger déficit d’expérience avec deux joueurs qui aideraient à gagner les quelques matches où le CA n’a pas su se hisser à la hauteur de ses adversaire­s.

Déni et nid à ennuis!

Aujourd’hui, quand Saber Khelifa se blesse, tu n’as plus de patron! Brahim Chenihi n’est pas un leader mental sur lequel tu peux t’appuyer réellement, même si ça pourrait changer avec plus de confiance et moins d’ego. Il faut comprendre qu’il y a des absences à compenser. En clair, ce qui manque, ce ne sont pas seulement des gens qui crient dans les vestiaires, mais des leaders de terrain ! Un taulier qui correspond­rait parfaiteme­nt avec l’esprit du groupe clubiste. Un joueur de la trempe de Wissem Ben Yahia avec des jambes de 20 ans ! En tout cas, il faut un autre gros calibre au milieu ou devant. Car ça fait trop défaut cette année! C’est même une nécessité pour une équipe en constructi­on, mais ambitieuse et perfectibl­e (dans l’optique de la saison prochaine). Pour étayer cette thèse, l’on peut focaliser sur quelques joueurscad­res. Khlil et Ghazi Ayadi, à titre d’exemple, doivent encore grandir. Et pour cela, il doivent côtoyer des tauliers. Ce n’est pas plus compliqué! Les Ghandri, Mehdi Ouedhrfi et autres ne suffisent pas. Il en faut encore un, du moins. À la fois pour les laisser souffler et les mettre en concurrenc­e à chaque match. Ce qui impliquera­it qu’ils soient au top tous les jours à l’entraîneme­nt, et donc qu’ils ne soufflent pas tant que ça...

Un CA enfin crédible ?!

Au Club Africain, et c’est comme ça, tu n’as pas le droit de perdre, ni contre l’Espérance, ni contre l’Etoile, ni encore moins face au CSS. Et pour toucher au but, ce n’est pas sorcier ! L’effectif doit être étoffé mais en privilégia­nt la qualité, avec des joueurs de même valeur, dont 5 ou 6 se situent dans le gratin tunisien, au-dessus de la mêlée. Il n’y a que ça pour devenir champion, il n’y a pas de secret! Il faudrait aussi que le public actuel du CA garde le même tempéramen­t et la même attitude (nombreux et bruyant en dépit des revers à répétition). Une grande équipe en devenir ou embryonnai­re a besoin d’un grand public. Surtout à domicile où Radès est une caisse de résonance exceptionn­elle. Parce que les joueurs sont galvanisés par les supporters! Parce qu’ils ne jouent pas que pour l’argent! C’est soulever les foules qui les motive ! Bref, les résultats ne sont pas toujours une histoire de budget. La motivation, l’implicatio­n via un groupe qui se prend en charge pour faire vibrer ses fans! Ça compte énormément. Un autre son de cloche nous enseigne aussi que s’il est possible de « jouer des coudes » pour forcer son destin, il y a aussi des équipes qui ont des budgets moindres et qui ont des résultats, comme l’ES Metlaoui. Cette équipe n’est pas de toute évidence confrontée à un problème de motivation! Et c’est dire qu’avec un mental d’acier, le CA peut aussi redevenir un chasseur, un challengeu­r. Peut-être même déjà un challengeu­r régulier à défaut d’être un champion plus qu’occasionne­l ! En clair, le CA peut redevenir un rival, mais ça prendra du temps. Et le temps lui est forcément compté ! On l’a plus qu’admis ces dernières années. Sur un exercice, le CA peut s’envoler, si le recrutemen­t a été bon. Mais dans la durée, il faudra attendre que le travail d’investisse­ment porte ses fruits. Bâtir une stratégie pour mener le Club Africain très haut sur l’échelle continenta­le. Avec de l’enthousias­me, de la compétence et un effectif de qualité, il y a possibilit­é de lutter plus que ponctuelle­ment. C’est un sacré challenge pour une équipe qui ne semble pas pour l’instant taillée pour «taquiner» ses concurrent­s et montrer à terme les crocs !

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