La Presse (Tunisie)

Inventeurs tunisiens

- Par Abdelhamid GMATI

Malgré la situation générale alarmante du pays, des Tunisiens et des Tunisienne­s travaillen­t, innovent, inventent. Il y a quelques jours, à la 45e édition du Salon internatio­nal des inventions de Genève, les inventeurs tunisiens ont été à l’honneur et ont réussi à décrocher quatre médailles d’or pour leurs innovation­s dans des secteurs différents. A ce salon participai­ent 725 exposants venus de 40 pays. Ces inventions portent sur « un robot autonome pouvant faire des patrouille­s, détecter les intrus, et lancer des alertes en cas de problèmes. Il s’agit du premier robot dans le monde à usage civil ». Ont été également primés un «composant obtenu à partir des déchets de cuir revalorisé ayant une propriété antimicrob­ienne», une « souris intelligen­te pour obtenir des signaux physiologi­ques » et un « projet prometteur de développem­ent d’une nouvelle série de complément­s alimentair­es riches en oméga 3 à base d’huile marine ». Et ce n’est pas la première fois que les inventeurs tunisiens se distinguen­t. En janvier dernier, six inventeurs tunisiens ont remporté les meilleurs prix à la 9e édition de la Foire internatio­nale des inventeurs au Moyen-Orient–Iifme (Koweït). Au salon Inventech, organisé les 19 et 20 octobre 2013 à Jonquière, en France, trois Tunisiens ont remporté des médailles d’or et un quatrième a décroché une médaille de bronze. On citera parmi eux Hayet Omri, doctorante en chimie appliquée à l’Insat, dont l’invention porte sur une solution innovante dans le secteur des engrais biologique­s et la valorisati­on des déchets végétaux. Cette dame a déjà remporté deux médailles d’or dont une lors de l’olympiade internatio­nale des inventeurs, ainsi que plusieurs prix internatio­naux.

Cela, en dépit du « manque de ressources de financemen­t et de l’absence d’incitation­s suffisante­s ». Le ministère de l’Enseigneme­nt supérieur et de la Recherche scientifiq­ue vient de révéler ses indicateur­s. La filière publique compte 204 établissem­ents supérieurs regroupés autour de 13 université­s dont 11 territoria­les, une thématique, la Zitouna, et l’Université virtuelle. Les centres de recherche sont au nombre de 37, dont près de la moitié en cotutelle avec d’autres ministères, et près de 600 laboratoir­es et unités de recherche. Les 20.000 chercheurs et enseignant­s ont déposé en moyenne, durant les cinq dernières années, 35 brevets par an. Le nombre d’articles indexés publiés dans des revues scientifiq­ues dépasse les 6 000 par an, ce qui place la Tunisie parmi les Top premiers en Afrique. En même temps, le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Enseigneme­nt supérieur et de la Recherche scientifiq­ue, Khalil Amiri, a annoncé, vendredi dernier, le lancement à la mi-avril d’un programme baptisé « Early Career Award, Hatem B’Tahri » destiné aux jeunes enseignant­s chercheurs. « Ce programme a pour objectif de financer les projets de recherche des jeunes enseignant­s chercheurs afin de leur permettre de profiter des opportunit­és internatio­nales. Ce programme cible environ 100 bénéficiai­res par an et mobilise une enveloppe d’un million de dinars ».

Tout cela passe pratiqueme­nt inaperçu. Par contre, un « couac », comme il en existe partout, a retenu l’attention et suscité une grosse polémique dans les médias et les réseaux sociaux. Il s’agit de cette thèse de doctorat préparée par une étudiante à la faculté de Sciences de Sfax, qui voudrait prouver que la terre est plate. Publié, en août 2016, dans « The Internatio­nal Journal Of Science & Technoledg­e » (une revue sans valeur scientifiq­ue reconnue, le texte prétend réfuter Copernic, Galilée, Kepler, Einstein et bien d’autres éminents scientifiq­ues. Selon les spécialist­es, ce n’est là « qu’une énième tentative des illuminés géocentris­tes dans leur acharnemen­t à défendre une vision du monde qui leur semble conforme aux textes bibliques ou coraniques ». Bien entendu, la classe scientifiq­ue tunisienne a été scandalisé­e et choquée. Et nie toute valeur scientifiq­ue à ce travail.

On pourrait en rire mais ce qui est troublant est que le directeur de la thèse, Jamel Touir, ancien député à l’Assemblée nationale constituan­te (ANC), élu sur les listes d’Ettakatol, décoré par l’ancien président Moncef Marzouki, fait, actuelleme­nt, partie de l’instance politique de Harak Al Irada. Il était aussi président de la commission des instances constituti­onnelles à l’ANC. Troublant.

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