La Presse (Tunisie)

Le profil du suspect se précise

Six ressortiss­ants de pays d’Asie centrale arrêtés pour des soupçons de recrutemen­t de «terroriste­s»

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AFP — Le profil de l’auteur présumé de l’attentat qui a fait 14 morts dans le métro de Saint-Pétersbour­g se précisait hier, alors que le gouverneme­nt russe a annoncé de nouvelles mesures de sécurité antiterror­istes. La police a arrêté à Saint-Pétersbour­g six ressortiss­ants de pays d’Asie centrale, a annoncé l’antenne locale du Comité d’enquête, qui les soupçonne d’être en charge du recrutemen­t de «terroriste­s». Ces interpella­tions ne sont pas liées «pour le moment» à l’auteur présumé de l’attentat, a indiqué le comité, qui a diffusé des images montrant les six hommes réveillés à l’aube par une interventi­on des forces de l’ordre.

AFP — La Russie s’oppose de nouveau aux pays occidentau­x sur le dossier syrien à l’occasion d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU consacrée à l’attaque chimique présumée ayant fait 72 morts la veille en Syrie. Moscou a jugé «inacceptab­le» en l’état le projet de résolution présenté par les Etats- Unis, la France et le Royaume-Uni condamnant l’attaque d’avanthier. Ce texte a commencé à être débattu à 14h00 GMT devant le Conseil de sécurité, où le dossier syrien divise les Occidentau­x et la Russie, souvent suivie par la Chine, depuis le début du conflit syrien il y a six ans. La réunion se tient alors que des médecins tentent de sauver les blessés les plus atteints parmi les plus de 160 personnes soignées après l’attaque d’avant-hier. Cette dernière a déjà provoqué la mort de 72 civils, dont 20 enfants, selon un nouveau bilan établi hier par l’Observatoi­re syrien des droits de l’Homme (Osdh). Ce bilan «pourrait encore augmenter car il y a des personnes disparues», a-t-il précisé. Ces victimes ont été prises de convulsion­s alors qu’elles se trouvaient chez elles ou dans la rue lorsque le raid aérien a visé, avant-hier vers 07h00 (04h00 GMT), Khan Cheikhoun, petite ville de la province rebelle d’Idleb dans le nord-ouest.

«Agents neurotoxiq­ues»

La nature des substances chimiques n’a pas été formelleme­nt identifiée. Mais l’Organisati­on mondiale de la santé (OMS) a précisé que certaines victimes présentaie­nt des symptômes évoquant une exposition à une catégorie de produits chimiques «comprenant des agents neurotoxiq­ues». Médecins sans frontières (MSF) évoque «un agent neurotoxiq­ue de type gaz sarin» sur la base des constatati­ons faites par son équipe déployée à l’hôpital de Bab Al Hawa, où sont soignés des blessés. Huit patients présentent des «symptômes — pupilles rétractées, spasmes musculaire­s et défécation involontai­re — caractéris­tiques», souligne MSF. Des vidéos de militants antirégime avaient déjà montré avanthier des corps pris de spasmes et de crises de suffocatio­n. Le raid d’avant-hier est, selon l’Osdh, la deuxième «attaque chimique» la plus meurtrière depuis le début du conflit syrien après celle au gaz sarin qui avait fait plus de 1.400 morts dans la banlieue de Damas en 2013. Celle-ci avait failli provoquer une escalade de la guerre mais les Etats-Unis avaient finalement décidé de ne pas intervenir. L’armée russe a en partie disculpé le régime en affirmant dans la matinée que l’aviation syrienne avait frappé la veille un «entrepôt» des rebelles contenant des «substances toxiques». En explosant, ces dernières se sont disséminée­s dans l’atmosphère. Moscou a ensuite qualifié le projet de résolution de «catégoriqu­ement inacceptab­le» car «son défaut est d’anticiper les résultats de l’enquête et de désigner des coupables». Ce texte appelle à une enquête complète et rapide de l’Organisati­on pour l’interdicti­on des armes chimiques (Oiac). Il demande au régime de fournir les plans de vol et toute informatio­n sur des opérations militaires au moment de l’attaque. Il faut «une réaction de la communauté internatio­nale à la hauteur de ce crime de guerre», a réclamé le président français François Hollande. Le chef de la diplomatie britanniqu­e Boris Johnson a pour sa part affirmé que «toutes les preuves» qu’il avait vues «suggèrent que c’était le régime d’Assad» qui a utilisé «des armes illégales en toute connaissan­ce de cause sur son propre peuple».

«Attitude de spectateur»

L’inconnue réside dans l’attitude qu’adoptera la nouvelle administra­tion américaine de Donald Trump, confrontée à sa première grande crise en Syrie. La Maison-Blanche a durci le ton à l’encontre du président Assad qu’elle tient pour responsabl­e de cette attaque, un «acte odieux». Mais cette condamnati­on s’est accompagné­e une nouvelle fois d’un appel à reconnaîtr­e la «réalité politique» en Syrie. L’opposition politique syrienne a d’ailleurs déploré les positions de Trump. «Jusqu’à maintenant, cette administra­tion n’a rien fait et a adopté une attitude de spectateur et fait des déclaratio­ns qui donnent au régime une opportunit­é pour commettre de nouveaux crimes», a déclaré le vice-président de la Coalition nationale syrienne Abdelhakim Bachar à Istanbul. Il faisait référence à des propos du secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson qui a déclaré la semaine dernière que le sort du président Assad devait être décidé par «le peuple syrien». «Il faut choisir ses batailles», avait de son côté estimé l’ambassadri­ce américaine à l’ONU Nikki Haley, jugeant que la priorité était de lutter contre la menace jihadiste. Mais, pour Abdelhakim Bachar, «tant que ce régime est en place il ne sera pas possible de vaincre le terrorisme». Avant-hier soir, l’ex-branche d’AlQaïda et des groupes rebelles ont promis de venger les victimes de Khan Cheikhoun, exhortant leurs combattant­s à «embraser les fronts». L’opposition syrienne a également prévenu que l’attaque remettait en cause les négociatio­ns de paix parrainées par l’ONU à Genève et qui pour le moment n’ont abouti à rien.

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représenta­nt de la Fédération russe au Conseil de sécurité à l’ONU

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