Une politique agricole intégrée est nécessaire
A la fin du siècle, nous serons projetés dans un monde post-fossile qui ne sera plus basé sur le pétrole, dans une économie circulaire basée sur la production biologique
Pour Pr Louise O. Fresco, présidente de l’Université de Wageningen aux Pays-Bas, l’analyse prospective dans le secteur agricole est nécessaire pour sauvegarder l’alimentation et aussi la croissance économique. Mais le constat est que l’agriculture reste un problème pour une majorité de pays et surtout dans la région de l’Afrique du Nord à cause du manque d’encouragement et du retrécissement du milieu rural. “Mais l’agriculture fera partie de notre futur. A la fin du siècle, nous serons projetés dans un monde post-fossile qui ne sera plus basé sur le pétrole, dans une économie circulaire basée sur la production biologique. Cela se reflète par l’utilisation de la biomasse comme base d’énergie, d’où l’importance de l’agriculture et du milieu rural. L’agriculture sera, en fait, la solution”, précise-t-elle.
Demandes en hausse
En relation avec l’alimentation, Pr Fresco indique que la démographie joue un rôle dans l’orientation des politiques agricoles à l’échelle mondiale. Il y a 100 ans, plus de la moitié de la population mondiale avait faim, il s’agit de 11% seulement actuelllement. Mais sur les 7,4 milliards d’habitants, 2 milliards n’ont pas une alimentation équilibrée, dont 1 milliard dans les pays déstabilisés. Ajoutons à cela 1,7 mil- liard qui ont un surpoids, une forme de malnutrition selon Pr Fresco. “Malgré une production suffisante, nous avons presque la moitié de la population mondiale qui a un problème avec la santé, avec tout ce que cela engendre comme coûts et charges”, souligne-t-elle. L’urbanisation est également un signal d’alerte quant à la sécurité alimentaire. Pr Fresco affirme qu’une distance énorme est en train d’être créée entre le milieu rural et le milieu urbain, celui-ci exprime une demande et des besoins en alimentation en hausse d’année en année. Ce qui pose un problème pour un milieu rural en retrait et que même les zones périurbaines ne pourraient plus s’adapter aux besoins des zones urbaines. A cela s’ajoutent la pénurie de la main-d’oeuvre et la réticence des jeunes à s’orienter vers l’agriculture. “Il s’agit d’une problématique urgente. Il faut commencer à professionnaliser l’agriculture. Il faut créer des opportunités aux jeunes et les encourager à s’orienter vers le secteur agricole. Il faut aussi appuyer l’innovation et soutenir les grands agriculteurs par des subventions. Il faudrait aussi mettre en place une politique agricole intégrée qui recentre le rôle du secteur privé et crée un équilibre entre lui, l’Etat et aussi la recherche scientifique”, explique-t-elle.