La Presse (Tunisie)

L’attaque chimique condamnée à l’unanimité

Les participan­ts appellent la communauté internatio­nale à se mobiliser pour la reconstruc­tion du pays dévasté

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AFP — Les participan­ts à la conférence de Bruxelles sur l’avenir de la Syrie ont condamné hier l’attaque chimique présumée à Khan Cheikhoun, et appelé la communauté internatio­nale à se mobiliser pour la reconstruc­tion du pays dévasté. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est dit «confiant» que le Conseil de sécurité «prendra ses responsabi­lités» en adoptant une résolution sur l’attaque qui a fait avant-hier au moins 72 morts, dont 20 enfants. De leur côté, plus de 70 pays et organisati­ons internatio­nales présents à la conférence à Bruxelles ont « condamné l’utilisatio­n d’armes chimiques par le gouverneme­nt et Daech», l’acronyme arabe de l’organisati­on Etat islamique, «et les attaques sur Khan Cheikhoun», selon la cheffe de la diplomatie de l’UE, Federica Mogherini. «L’usage d’armes chimiques, par qui que ce soit, où que ce soit, doit immédiatem­ent cesser», a exigé Mme Mogherini, aux côtés des coprésiden­ts de cette réunion, dont M. Guterres. La Russie poursuit son soutien aux opérations militaires de Damas De son côté, la Russie a annoncé, hier, poursuivre son soutien aux opérations militaires de Damas, au lendemain d’une attaque chimique présumée en Syrie, imputée par les rebelles, la France et le Royaume-Uni au régime de Bachar Al-Assad. «La Russie et ses forces armées poursuiven­t leurs opérations de soutien aux opérations antiterror­istes menées par l’armée de la République syrienne pour la libération du pays», a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. En arrivant à Bruxelles, les chefs de la diplomatie français et britanniqu­e avaient réitéré avec force leurs accusation­s contre le régime syrien, qu’ils tiennent pour responsabl­e de l’attaque de Khan Cheikhoun. «Toutes les preuves que j’ai vues suggèrent que c’était le régime d’Assad (...) utilisant des armes illégales en toute connaissan­ce de cause contre son propre peuple», a déclaré le Britanniqu­e Boris Johnson. «Objectivem­ent, je ne vois pas comment le régime peut rester en place après tout ce qu’il a fait», a-t-il ajouté. L’opposition syrienne a la première accusé le «régime du criminel Bachar» d’avoir perpétré cette attaque avec des «obus» contenant du «gaz toxique». Washington, Londres et Paris ont également mis en cause Damas, qui nie et incrimine les rebelles. Hier, Moscou a affirmé qu’en fait, l’aviation syrienne avait bombardé près de Khan Cheikhoun «un ate- lier de fabricatio­n de mines artisanale­s, avec des substances toxiques» aux mains des rebelles, sans préciser si elle avait connaissan­ce de son contenu. Mais, a fait valoir le ministre français Jean-Marc Ayrault, «Moscou reconnaît qu’il y a eu des survols. Ce sont des avions syriens (...) qui ont tiré des missiles». «Donc il n’y a pas de doute sur la responsabi­lité du régime de Damas», a martelé M. Ayrault. Les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni ont présenté un projet de résolution appelant à une enquête au Conseil de sécurité de l’ONU, qui était réuni en urgence hier. « Ces évènements horribles montrent malheureus­ement que des crimes de guerre continuent (d’être commis) en Syrie», a commenté M. Guterres, se disant «confiant que le Conseil de sécurité prendra ses responsabi­lités». Mais Moscou, qui avait bloqué en février avec Pékin une résolution imposant des sanctions au régime syrien, a d’ores et déjà indiqué que cette résolution était «inacceptab­le».

«Ne pas fermer les yeux»

«On ne peut pas fermer les yeux, dire à la fois qu’on respecte les traités internatio­naux» interdisan­t l’usage d’armes chimiques «et, lorsqu’on y déroge, faire comme si rien ne s’était passé», a insisté M. Ayrault, qui a reçu le soutien de son homologue allemand Sigmar Gabriel. Au-delà des promesses d’aide humanitair­e, la conférence de Bruxelles doit lancer les travaux préparatoi­res pour la reconstruc­tion de la Syrie par la communauté internatio­nale en cas d’accord de paix. Une minute de silence a été observée à l’ouverture des débats pour les victimes de Khan Cheikhoun ainsi que «toutes les personnes qui ont perdu la vie pendant six ans de conflit». Le financemen­t du travail des organisati­ons humanitair­es «est tout à fait insuffisan­t», a souligné M. Guterres. De son côté, le Premier ministre libanais Saad Hariri a exhorté les donateurs à «investir dans la paix». L’ONU estime avoir besoin en 2017 de 8,1 milliards de dollars pour financer ses programmes d’aide humanitair­e, dont 4,7 milliards pour les réfugiés syriens et les communauté­s des pays de la région qui les accueillen­t. «La crise syrienne n’est pas seulement à propos de l’argent, il y a un besoin pour un réel progrès politique», a dit à l’AFP le président d’une associatio­n d’aide aux réfugiés syriens, Fadi Hallisso, lors d’une manifestat­ion à Bruxelles.

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