Le jour où les enfants sont rois
Kidfest est de retour. La fête des enfants, construite autour, par et pour les enfants, sera célébrée dans un des plus jolis villages du monde, Sidi Bou Saïd, qui leur sera livré une journée durant.
L’histoire de Kidfest, aujourd’hui véritable marque déposée, est une belle et bonne histoire. Née à Sarajevo dévasté par la guerre, cette fête pas comme les autres partait du principe que la seule réconciliation possible ne peut commencer qu’autour des enfants, sachant que tout ce qui les touche ne peut être mauvais, et que tout ce qui les concerne ne peut qu’attirer les énergies positives. Quelques années après l’incroyable succès de Sarajevo, c’est à Sidi Bou Saïd, selon un modèle international, mais un contenu spécifiquement tunisien, que naissait Kidfest, avant d’essaimer en Italie, puis à Bucarest, et d’acquérir le label Unesco. Dimanche 9 avril, donc, dans le village, se dérouleront les multiples activités et festivités : la parade pour laquelle les enfants ont conçu et créé les costumes de ce qu’ils souhaitent comme avenir. Les kidstages où les enfants enchaînent concerts et spectacles. Les séances de lectures et de contes abritées par les cafés du village. Le buffet culturel proposé par les associations et les ambassades. Le cinéma hébergé par la maison des associations. Et enfin la Quiet Zone autour de l’arbre à livres où les enfants viennent reprendre leur souffle, lire quelques pages, méditer s’ils le veulent, et apprécier un moment de tranquillité dans l’effervescence ambiante. L’an passé, par le seul bouche-àoreille, et l’implication des écoles des environs, grâce au travail acharné d’une équipe passionnée, Kidfest a drainé quelque 2.000 enfants. Tout est pour le mieux, dira-t-on ? Pas tout à fait, fulmine tout de même Suzanne Prahl, la très dynamique et très active fondatrice de l’événement qui le porte à bout de bras… avec zéro budget. « Le financement pour n’importe quel événement culturel est de plus en plus difficile. Mais en ce qui concerne les enfants, l’accès à la culture semble leur être fermé. On pense à eux en termes d’éducation, de santé, d’humanitaire, mais leur accès à la culture ne semble une priorité pour personne, à moins d’être conditionné par une cause sociale ou un but éducatif. Bien sûr, dans Kidfest, nous incluons des aspects sociaux et éducatifs, mais c’est toujours la première condition que l’on nous pose. Moi je crois qu’un enfant doit baigner dans un bain d’art et de culture, même si cela ne doit pas résoudre la misère du monde. La culture est une nourriture essentielle. Ceci est un appel aux industriels, aux hommes d’affaires, à l’UE qui a pour slogan “culture et jeunesse”, aux banquiers, s’il vous plaît, mettez la culture des enfants au coeur de vos priorités ».