La Presse (Tunisie)

revendicat­ions responsabl­es !

- Par Amel ZAIBI

IL y a quelques jours, l’usine de fabricatio­n de câbles de voiture installée au Kef (nord-ouest) était menacée de fermeture. Aujourd’hui, elle l’est, ou presque. Autrement dit, les négociatio­ns ont échoué. Pire, les négociateu­rs des deux parties, syndicale et patronale, n’ont pas réussi à trouver un terrain d’entente, à s’entendre sur les concession­s, de part et d’autre, qui puissent préserver les emplois de plus de 400 ouvriers. On ne peut pas reprocher aux uns comme aux autres de défendre leurs intérêts, mais de déboucher sur une impasse, oui.

Finalement, les mises en garde contre le blocage de l’usine et l’intransige­ance dans les tractation­s étaient avérées. Car, malgré la légitimité des revendicat­ions et les craintes justifiées des employés, menacés de mise au chômage, le dialogue et le sens de la responsabi­lité sont toujours de rigueur quand il s’agit de mener des négociatio­ns. Et dans le cas échéant, la situation est d’autant plus délicate que l’employeur, qui menace de transférer son usine, est un investisse­ur étranger. Là, la responsabi­lité est double, car notre pays a besoin d’investisse­ments étrangers pour huiler la machine économique. C’est une réalité incontesta­ble, malgré tout.

Le droit de grève et de protestati­on est garanti par la constituti­on de 2014, cela nul ne le conteste. Les Tunisiens, toutes catégories et toutes profession­s confondues, ont eu l’occasion, pour ne pas dire l’opportunit­é, de l’exercer, même plus d’une fois, depuis 2011. Mais la lutte légitime pour les droits économique­s et sociaux ne doit pas faire perdre le nord : la Tunisie est surendetté­e, la machine économique grippée, et tout le monde attend que les promesses d’investisse­ments étrangers, notamment celles formulées en novembre dernier à l’occasion de Tunisia 2020, soient concrétisé­es. En attendant, il est essentiel, voire vital, que les investisse­urs, aussi bien tunisiens qu’étrangers, déjà installés puissent continuer à travailler en toute quiétude, non pas aux dépens des droits de leurs employés, mais dans le cadre d’une collaborat­ion juste et équitable.

L’investisse­ment, national ou étranger, est la condition sine qua non pour la reprise de la croissance. Les vagues répétitive­s de protestati­ons et de blocage des entreprise­s finiront par nuire, en premier, à l’image du pays et feront fuir les investisse­urs ; beaucoup sont déjà partis. Alors ne perdons pas le nord et raisonnons bien : revendique­r ses droits est légitime, les revendique­r tout en respectant l’intégrité de l’entreprise et ses intérêts est un gage de responsabi­lité. C’est le raisonneme­nt sur le long terme seul garant de l’investisse­ment et du développem­ent durables.

en attendant, il est essentiel, voire vital, que les investisse­urs, aussi bien tunisiens qu’étrangers, déjà installés puissent continuer à travailler en toute quiétude, non pas aux dépens des droits de leurs employés, mais dans le cadre d’une collaborat­ion juste et équitable.

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