La Presse (Tunisie)

Pour des villes tranquille­s

Le monde a changé, l’échelle des valeurs aussi. Face à la mondialisa­tion, les barrières culturelle­s interpays sont carrément démantelée­s, d’où l’émergence de phénomènes sociétaux, devenus à la longue quasi-universels. Migration, pauvreté, inégalités, conf

- Kamel FERCHICHI

C’est dans cette logique qu’un réseau internatio­nal « des villes inclusives et durables » a été créé en 2004, suite à l’appel communauta­ire antiracism­e lancé, trois ans plus tôt, depuis la conférence de Durban, en Afrique du Sud. S’en est suivie, en 2008, « la Coalition des villes arabes contre le racisme, la discrimina­tion, la xénophobie et l’intoléranc­e ». Elle compte, actuelleme­nt, 19 villes membres représenta­nt certains pays de la région dont la Tunisie. Ses apôtres sont, hier et aujourd’hui, en conclave, sous nos cieux, se penchant sur le devenir de leur coalition, déjà mise en veilleuse depuis des années. Ils voudraient la relancer, dans un nouvel esprit du dynamisme et du vivre-ensemble. Leur réflexion commune puise dans le sens d’un atelier de planificat­ion intitulé «face aux transforma­tions sociales, des villes inclusives et durables », conjointem­ent organisé par l’Unesco et l’Institut arabe des droits de l’Homme ( Iadh) à Tunis. Avec le 11e point de référence onusienne, l’objectif de développem­ent durable (ODD), cette coalition tient, selon ses leaders, à répondre non seulement aux besoins pressants de la population, mais à développer, de surcroît, une culture de citoyennet­é, de gouvernanc­e démocratiq­ue, de décentrali­sation et de l’inclusion sociale. En d’autres termes, comment, en ce nouveau contexte de crises ( flux migratoire­s, réfugiés, tensions sociales..), peuton construire un espace pacifique, tolérant et fondé sur les principes des droits et libertés fondamenta­les ? Telle est la question brûlante, aux dires de M. Phinith Chanthalan­gsy, spécialist­e de l’Unesco, chargé du programme pour les sciences sociales et humaines. « L’objectif, certes, est de redynamise­r cette coalition, à même de rendre nos villes plus justes et solidaires, prêtes à combattre la discrimina­tion, dans toutes ses formes. Il est question, dans cette conjonctur­e arabe difficile, d’aborder autrement et de façon aussi vulgarisée les concepts du terrorisme et d’extrémisme » , souligne M. Ghaith Fariz, directeur du bureau de l’Unesco au Caire. Et d’espérer voir la rencontre de Tunis déboucher sur des plans d’action commune et des relations de coopératio­n interarabe. Cette coalition vise, a- t- il encore ajouté, à renforcer les moyens du développem­ent humain intégral dans les pays membres, à savoir l’Egypte, l’Irak, le Liban, la Mauritanie, le Qatar, le Maroc et la Tunisie. Et comme cette coalition arabe fait partie de celle à l’échelle planétaire, une coordinati­on internatio­nale à ce niveau s’avère nécessaire.

Plan commun, dix engagement­s

Migration, racisme, xénophobie sont des défis bien réels qui exigent un code de conduite communauta­ire. « Nous sommes dans une conjonctur­e délicate qui nous dicte d’élargir le cercle de concertati­on et de recentrer le débat vers un dialogue des sociétés plus ouvert à l’intégratio­n culturelle » , ainsi plaide M. Taïeb Baccouche, secrétaire général de l’Union du Maghreb arabe (UMA). Le président de l’IADH, M. Abdelbasse­t Ben Hassen, a considéré cette coalition comme une initiative de réflexion collégiale pour le meilleur de nos villes arabes. Afin d’en faire un havre de paix et du vivreensem­ble. « Mais, que nos politiques nationales suivent, dans un cadre normatif et d’éthique basé sur la différence, la diversité et la tolérance » , s’exprime- t- il. Ainsi devraient se comporter ces villes coalisées. La Cité idéale de Platon? Loin de l’exclusion et de la marginalis­ation. Loin s’en faut, sauf par miracle. Par ailleurs, M. Ben Hassen s’est focalisé sur l’approche droit-de-l’hommiste, préconisan­t que les valeurs de liberté et de solidarité dans la cité soient ancrées dans l’esprit et dans le comporteme­nt. « Il y a, de nos jours, plus de 60 millions de réfugiés dans le monde dont plus de 50% issus des pays arabes. Et 15 mille enfants syriens sont portés disparus, leur sort demeure, jusqu’ici, inconnu. Une telle situation détruit la vie et la ville » , alerte- t- il. Et de se rétracter, il y aura encore de la chance pour accroître les richesses, dénicher les énergies et récompense­r la créativité. Cela relève, de son avis, d’une responsabi­lité partagée. Justement, ladite coalition arabe a été, déjà, fondée sous les auspices de l’Unesco, autour d’un plan d’action en dix engagement­s, touchant aux différents domaines de compétence locale tels que l’éducation, le logement, l’emploi et la culture. Cela en dit long sur la durabilité des villes et les atouts de leur inclusion. Les défendre contre les idées noires, c’est de bonne guerre.

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