La Presse (Tunisie)

Une réunion d’urgence au Conseil de sécurité de l’ONU

Convoquée à la demande de la Bolivie, qui estime comme la Russie que les Etats-Unis ont violé la loi internatio­nale

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AFP — La Russie, principal soutien du régime syrien, a accusé les Etats-Unis, hier à l’ONU, d’avoir violé la loi internatio­nale en frappant militairem­ent le régime de Damas jeudi soir, après une attaque chimique présumée qui a fait plus de 80 morts. «Les Etats-Unis ont attaqué le territoire souverain de la Syrie. Nous qualifions cette attaque de violation flagrante de la loi internatio­nale et d’acte d’agression», a déclaré le représenta­nt de Moscou à l’ONU, Vladimir Safronkov, lors d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité consacré à la frappe américaine. Le chef de l’ONU, la France et le Royaume-Uni ont plaidé pour leur part en faveur d’une solution «politique» en Syrie. Peu avant la réunion, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, avait appelé à la «retenue» et souligné qu’il n’y avait d’autre solution que «politique» à la guerre qui déchire la Syrie. «Le Royaume-uni soutient entièremen­t l’action des Etats-Unis de cette nuit, qui est une réponse appropriée à un tel crime odieux, un crime de guerre», a déclaré l’ambassadeu­r britanniqu­e à l’ONU, Matthew Rycroft, en entrant dans la salle de réunion. «Il est temps maintenant de nous concentrer sur le processus politique», a-t-il ajouté. Qualifiant les frappes américaine­s «d’appropriée­s», l’ambassadeu­r français, François Delattre, a exprimé en arrivant au Conseil son espoir qu’elles marquent un «changement et aident à relancer les négociatio­ns politiques» actuelleme­nt au point mort.

«Juge et bourreau»

Le président américain, Donald Trump, a ordonné jeudi le tir de 59 missiles Tomahawk contre une base aérienne syrienne, après l’attaque chimique présumée contre une zone rebelle, qui a tué au moins 86 personnes et a choqué la communauté internatio­nale. C’est la première fois que les Etats-Unis intervienn­ent militairem­ent contre le régime de Damas, dans une guerre civile entrée dans sa septième année qui a fait plus de 320.000 morts. Cette réunion d’urgence se tient à la demande de la Bolivie, qui estime comme la Russie que les Etats-Unis ont violé la loi internatio­nale. L’ambassadeu­r bolivien, Sacha Lorenti, a affirmé que les Etats-Unis s’étaient comportés comme «un enquêteur, un avocat, un juge et un bourreau» en Syrie. «Ce n’est pas du tout la loi internatio­nale», a-t-il déclaré avant la réunion. Le représenta­nt russe, M. Safronkov, avait averti jeudi les Etats-Unis de «conséquenc­es négatives» en cas d’interventi­on militaire. «Conscient du risque d’escalade, j’en appelle à la retenue pour éviter tout acte qui ajouterait encore à la souffrance du peuple syrien», a déclaré Antonio Guterres dans un communiqué.

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