La Presse (Tunisie)

Combats et massacres

Des familles fuient dans toutes les directions. Ceux qui ne le peuvent pas sont tués...

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AFP — Plus de 6.000 personnes ont fui en quelques jours de terribles combats dans le sud du Soudan du Sud, les déplacés accusant les troupes gouverneme­ntales d’avoir massacré des civils, a annoncé hier le Haut commissari­at de l’ONU aux réfugiés (HCR). Des combats entre forces gouverneme­ntales et rebelles ont éclaté lundi dans la ville de Pajok, dans la région de l’Equateur, une partie du pays longtemps épargnée par les violences mais qui est de plus en plus affectée depuis quelques mois. Dans un communiqué, le HCR a indiqué que 6.000 Sud-Soudanais avaient fui depuis lundi vers le district de Lamwo, dans le nord de l’Ouganda voisin, alors que de nombreux autres continuent à se cacher dans la savane pour échapper aux hommes armés. «Les gens ayant fui la zone (...) affirment que la ville a été la cible d’une attaque aveugle des forces armées sud-soudanaise­s», explique le communiqué. « Des réfugiés ont raconté à l’équipe du HCR à Lamwo de terrifiant­es histoires de violences et d’abus à l’encontre de civils. Beaucoup ont vu des proches être tués ou massacrés comme des animaux», a déclaré à l’AFP Rocco Nuri, un porte-parole du HCR en Ouganda. «Les familles ont fui dans toutes les directions. Ceux qui ne pouvaient pas courir auraient été tués, ce qui inclut les personnes âgées et handicapée­s», a-t-il ajouté. Un pasteur sud-soudanais qui a fui Pajok mercredi a raconté à l’AFP, sous le couvert de l’anonymat, que les soldats étaient entrés dans la ville avec des tanks, « et soudain nous les avons vus tirer et on n’a rien pu faire d’autre que courir». Ce pasteur et l’évêque anglican de la région, Bernard Oringa, ont rapporté à l’AFP que 135 personnes auraient été tuées, mais ce chiffre n’a pas pu être vérifié de manière indépendan­te. La Mission des Nations unies au Soudan du Sud (Minuss) avait indiqué mercredi dans un communiqué avoir été empêchée à deux reprises d’accéder à Pajok. «La Mission a reçu des informatio­ns sur des combats entre la Spla (les troupes gouverneme­ntales, Ndlr) et l’opposition là-bas, et tente de confirmer les informatio­ns selon lesquelles des civils ont été tués dans la zone», avait-elle expliqué. La Minuss avait enjoint le gouverneme­nt de lui permettre d’entrer dans la ville «pour qu’elle puisse pleinement accomplir son mandat, qui inclut la protection des civils et informer sur les violations des droits de l’Homme». Le ministre sud-soudanais de l’Informatio­n, Michael Makuei, a confirmé à l’AFP que les troupes gouverneme­ntales avaient attaqué lundi Pajok, une ville jusqu’ici tenue par les rebelles. «Comme vous le savez, Pajok était dans les mains des rebelles, donc ce qui s’est passé c’est que les forces gouverneme­ntales sont allées là-bas, des combats ont éclaté et la population civile qui était restée avec les rebelles a dû s’enfuir», a-t-il déclaré. «Je ne connais pas le chiffre (du bilan des tués et blessés, ndlr), mais dans tout affronteme­nt il y a des victimes», a-t-il ajouté. L’Ouganda accueille 832.000 réfugiés sud-soudanais, dont 270.000 dans le camp de Bidibidi qui, depuis sa constructi­on il y a huit mois, est devenu le plus grand camp de réfugiés au monde. Quelque 2.000 Sud-soudanais arrivent actuelleme­nt chaque jour en Ouganda. Le Soudan du Sud, plus jeune Etat du monde, indépendan­t depuis juillet 2011, a plongé en décembre 2013 dans une guerre civile dévastatri­ce, qui a fait plusieurs dizaines de milliers de morts et plus de trois millions de déplacés, et qui a provoqué une crise humanitair­e catastroph­ique.

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Violence et désolation

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