Bienvenue dans la cour de la sultane des fleurs
Une manifestation à ciel ouvert qui se déroule tout au long du mois d’avril, dans la capitale historique, et qui met en scène pas moins de 14 millions de tulipes de différentes couleurs.
Ciel gris, routes grises, ponts gris, monuments gris… et au milieu de toute cette grisaille, des fleurs dans toutes les couleurs de l’arc-enciel. Bienvenue dans Istanbul, la métropole qui lie l’Europe à l’Asie, l’Occident à l’Orient. Istanbul, la «ville-monde». La voilà, envahie par …les tulipes. La ville impériale, fière, sourit et ouvre les bras pour accueillir le printemps et avec lui ses visiteurs venus participer avec ses quelque 20 millions d’habitants au Festival de la tulipe, la fleur aristocratique, emblème des sultans ottomans puis de leur capitale puis de la Turquie entière. Une manifestation à ciel ouvert qui se déroule tout au long du mois d’avril et qui met en scène pas moins de 14 millions de tulipes de différentes couleurs. Certains parcs publics, tels que celui d’Emirgan Korusu et de Çamlica, poumons de cette métropole dévorée par le béton, sont les espaces naturels d’exposition de cette fleur d’origine asiatique, qui continue d’inspirer poètes et romanciers, peintres et autres artistes et créateurs. «Amour sincère», message consacré de cette belle créature qui occupe une place de choix dans le règne floral et qui était le monopole des palais impériaux ottomans avant de conquérir, à partir de la seconde moitié du XVIe siècle, ceux des différents monarques européens. Jalousement gardée par les sultans que même son commerce est longtemps resté interdit. Partout. De l’emblème touristique jusqu’aux pointes des barreaux des grilles des jardins et des monuments, en passant par le fameux verre à thé turc, la tulipe est là. Une composante essentielle de l’identité turque et une fierté nationale. «Rares, en effet, sont les Turcs qui ne rentrent pas le soir chez eux sans le traditionnel bouquet de tulipes», nous avait dit Tahar, notre guide stambouliote, lors d’un précédent voyage il y a de cela une bonne dizaine d’années. Même sur bon nombre de tombes, construites sous forme de bacs à fleurs, la tulipe est plantée. C’est ce que nous avons pu constater dans un cimetière flanqué sur colline du poète français Pierre Loti tout près du Mausolée de Sidi Abou Ayyoub Al Ansari, compagnon du Prophète (S)que les Turcs appellent Eyyup Sultan. Au parc d’Emirgan par exemple, connu pour être celui des amoureux, trône une tulipe géante conçue dans un alliage métallique à reflets dorés, certainement pour commémorer la naissance de cette manifestation qui comprend plusieurs concours et spectacles et vient s’ajouter aux mille et un atouts touristiques de la ville. «La tulipe est turque de mère en fille et non hollandaise comme le croient la plupart des gens» , aiment à le répéter les organisateurs du festival, dont la Mairie d’Istanbul. Et les différents documents du festival de rappeler cette vérité historique et d’inviter les visiteurs à mieux savoir sur son adoption par les autres peuples.
Un coup de fouet pour le tourisme
Nous venons de prendre part au démarrage de cette 12e édition du festival grâce à Turkish Airlines, la compagnie aérienne turque qui continue de maintenir son leadership européen et de viser le leadership mondial. Une action à laquelle s’est joint Adonis.com, le fameux site de réservation en ligne qui a ouvert, il n’y a pas longtemps, un bureau à Tunis. Pour la présente session du festival, la 12e, les autorités turques ont en effet mis le paquet, côté promotion. Elles semblent ainsi vouloir donner un coup de fouet au tourisme qui a reçu l’année dernière… un coup dur. En effet, une certaine régression a été constatée l’année dernière à cause entre autres du différend ayant éclaté avec la Russie en novembre 2015, plusieurs attentats terroristes, dont celui ayant frappé le 30 juin dernier l’aéroport d’Istanbul et la fameuse tentative du coup d’Etat sanglant du 15 juillet dernier. Soit près de cinq millions de touristes en moins par rapport aux 38 millions attendus. Plusieurs journalistes et des dizaines de blogueurs et autres administrateurs de groupes et animateurs de pages dans les réseaux sociaux ont été, ainsi, conviés à prendre part à cette action promotionnelle. Cela sans oublier les agents de voyages. «La sécurité s’est nettement améliorée cette année, aussi bien dans nos aéroports que dans nos villes» . C’est ce qu’a déclaré M. Bilal Eksi, directeur général de Turkish Airlines, lors d’une rencontre avec les représentants des médias invités après avoir donné un aperçu général sur le festival et le tourisme en Turquie. Cela non sans annoncer plusieurs données essentielles concernant sa compagnie ainsi que le tourisme dans son pays. Rappelons que Turkish Airlines est la plus grande entreprise turque. Née il y a 83 ans, privatisée en 2006, elle a transporté en 2015 quelque 61,7 millions de voyageurs à l’aide d’une flotte comprenant 299 appareils d’âge moyen de six ans. Ce chiffre a grimpé pour atteindre, aujourd’hui les 350 appareils desservant 300 destinations différentes. La compagnie compte, en outre, transporter 120 millions de passagers en 2023 grâce à une flotte devant compter plus de 550 avions, pour devenir ainsi le leader mondial du transport aérien. Elle est par ailleurs en train de construire ce qui devrait devenir le plus grand aéroport du monde. Un mastodonte couvrant 76,5 km2, offrant quelque 500 positions d’avions, six pistes d’atterrissage, quatre terminaux et une capacité de 150 millions de voyageurs par an.