La Presse (Tunisie)

Remettons les pendules à l’heure

Nos clubs souffrent de problèmes financiers à cause de lois restrictiv­es. L’heure du changement a sonné.

- Skander HADDAD

Un nouveau phénomène est né dans notre pays, la grève des footballeu­rs. C’est désormais la mode pour crier haut son mécontente­ment de ne pas avoir reçu ses émoluments depuis quelques mois. A force de promesses non tenues de la part de leurs dirigeants, les footballeu­rs n’ont eu que le recours à la grève pour faire entendre leurs voix. Certains diront que le stratagème n’est pas adroit, d’autres sont pour. Qui a raison, qui a tort finalement? Difficile de prendre position quand on sait que ces mêmes footballeu­rs n’ont d’autre moyen de subsistanc­e que leur salaire provenant de leur métier. Nous ne visons pas ceux des grosses écuries du championna­t qui perçoivent, pour la majorité, de grosses sommes leur permettant de bien vivre et d’effectuer des placements et sans doute des affaires parralèles. Et les autres? Ils sont obligés de prendre leur mal en patience à cause d’une législatio­n défaillant­e. Revenons dans le temps maintenant. Il a fallu bien des années pour mettre des textes de loi pour un semblant de profession­nalisme. Après l’Indépendan­ce, nous avons dû attendre des décennies pour voir d’autres textes régissant les championna­ts profession­nels des ligues 1 et 2.

Faire la part des choses

Et encore, ces nouvelles lois ne sont pas cohérentes. Elles sont incomplète­s. En 1995, lors du lancement du profession­nalisme, les droits des footballeu­rs n’ont pas été promulgués. Notre profession­nalisme est erroné. Il a été mal bâti dès le départ. Il fallait donner un moyen de subsistanc­e aux clubs. En un mot, il fallait leur donner plus de liberté d’action. Tant qu’on y est, il faut avouer que le sys- tème politique de l’époque ne voulait pas lâcher le sport. Ce droit de regard a été néfaste. Nous en payons le tribut aujourd’hui. Nous devons repartir de zéro et réorganise­r notre sport- roi. Nos clubs, pour la plupart cela dit, font la quête. Ils vivent des dons offerts par les sociétés de leur région et s’adressent à leur municipali­té pour compléter leurs budgets. Est-ce normal? L’heure du changement a sonné. Ayons maintenant le courage de nous remettre en question. Le moment est venu de remettre les pendules à l’heure. Dissocions la politique du sport. Donnons l’occasion à nos clubs de rebondir et de se prendre en charge. Donnons-leur l’occasion de se transforme­r en associatio­ns à but lucratif, à travers des sociétés anonymes ou à responsabi­lité limitée. Le monde a changé, alors qu’en Tunisie nous stagnons. Nous sommes très en retard par rapport à d’autres pays. Avez-vous entendu des échos de grèves de footballeu­rs en Algérie, au Maroc ou en Egypte ? Dans ces contrées, le sport- roi est beaucoup mieux structuré. Prenons le taureau par les cornes et mettons le doigt sur le mal. Soyons courageux en cherchant à nous perfection­ner. Etablisson­s des lois claires pour que notre football rebondisse, puisqu’aujourd’hui nous sommes dans une impasse.

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