Une semaine décisive
Youssef Chahed se rend jeudi prochain à Tataouine pour rencontrer les protestataires, les députés entament mercredi l’examen du projet de loi sur la réconciliation nationale et l’opposition menace de descendre dans la rue «si les corrompus sont blanchis a
Quand on a parlé sur ces mêmes colonnes de la fracture ou de la rupture qui existe entre ce que fait le gouvernement Youssef Chahed, plus particulièrement dans les régions vivant ces dernières semaines certains mouvements de protestation sociale d’une part, et les préoccupations ou les priorités de nos partis politiques, qu’ils soient au pouvoir ou dans l’opposition, ainsi que des acteurs les plus influents de la société civile, d’autre part, on avait vu juste, dans une large mesure. Ainsi, les événements qui sont survenus au cours de la semaine écoulée montrent-ils que le fossé entre les attentes des Tunisiens et les priorités adoptées par nos politiciens s’élargit de plus en plus. Au moment où Youssef Chahed va à la rencontre des citoyens du gouvernorat de Sfax, leur promet que la Siape sera démantelée, annonce aux petits agriculteurs qu’ils accéderont à la propriété des terres domaniales qu’ils exploitent depuis des décennies et fait savoir qu’il y aura plus de 600 petits projets au profit des jeunes du gouvernorat, les composantes de la société civile à Tataouine où il se rendra jeudi prochain ainsi que certains par- tis politiques qui font la loi dans cette région lui préparent déjà un accueil particulier, pour ne pas dire spécifique. Pas plus tard qu’hier, dimanche 23 avril, l’un des responsables de la coordination civile qui gère le mouvement de contestation à Tataouine criait sur les ondes d’une radio privée. «Les jeunes de Tataouine ne se tairont plus. Les richesses pétrolières et gazières contenues dans notre sol nous appartiennent et nous n’accepterons jamais qu’elles soient cédées aux entreprises étrangères».
Quand on a parlé sur ces mêmes colonnes de la fracture ou de la rupture qui existe entre ce que fait le gouvernement Youssef Chahed, plus particulièrement dans les régions vivant ces dernières semaines certains mouvements de protestation sociale d’une part, et les préoccupations ou les priorités de nos partis politiques, qu’ils soient au pouvoir ou dans l’opposition, ainsi que des acteurs les plus influents de la société civile, d’autre part, on avait vu juste, dans une large mesure. Ainsi, les événements qui sont survenus au cours de la semaine écoulée montrent-ils que le fossé entre les attentes des Tunisiens et les priorités adoptées par nos politiciens s’élargit de plus en plus. Au moment où Youssef Chahed va à la rencontre des citoyens du gouvernorat de Sfax, leur promet que la Siape sera démantelée, annonce aux petits agriculteurs qu’ils accéderont à la propriété des terres domaniales qu’ils exploitent depuis des décennies et fait savoir qu’il y aura plus de 600 petits projets au profit des jeunes du gouvernorat, les composantes de la société civile à Tataouine où il se rendra jeudi prochain ainsi que certains partis politiques qui font la loi dans cette région lui préparent déjà un accueil particulier, pour ne pas dire spécifique. Pas plus tard qu’hier, dimanche 23 avril, l’un des responsables de la coordination civile qui gère le mouvement de contestation à Tataouine criait sur les ondes d’une radio privée. «Les jeunes de Tataouine ne se tairont plus. Les richesses pétrolières et gazières contenues dans notre sol nous appartiennent et nous n’accepterons jamais qu’elles soient cédées aux entreprises étrangères». Autrement dit, on est revenu à la rengaine selon laquelle les régions, particulièrement celles dites oubliées du processus de développement aux époques Bourguiba et Ben Ali, ont la priorité absolue en matière d’exploitation des richesses dont regorgent leurs terres. On croyait cette rhétorique oubliée. Mais, elle revient de nouveau par la grâce des partis comme Al Harak et le Courant démocratique dont les responsables ne ratent aucune occasion pour réveiller les vieux démons et encourager les contestataires qui descendent dans la rue pour exiger pacifiquement l’emploi «à s’approprier les richesses de leurs régions quitte à recourir à la désobéissance civile comme le demande Mohamed Abbou, l’ancien ministre de la Fonction publique et de la réforme administrative à l’époque du gouvernement Hamadi Jebali (voir l’interview accordée vendredi 21 avril par Mohamed Abbou au quotidien El Maghreb). Et il semble que les protestataires de Tataouine ont déjà répondu aux conseils de Abbou et de ses lieutenants. On apprend, en effet, que les foules de jeunes protestataires se sont dirigées, hier, vers la région de Kamour (située à 100 km au Sud de Tataouine) avec pour objectif d’empêcher les poids lourds et les voitures relevant des sociétés pétrolières de rejoindre ou de quitter les champs de pétrole. Le coordinateur du mouvement souligne : «Les atermoiements du gouvernement et son attitude passive à l’égard de nos revendications ont poussé les jeunes à recourir à l’escalade bien qu’ils soient au courant de la visite du chef du gouvernement, jeudi prochain, dans la région».
Un appui conditionné
Au moment où le gouvernement se démène comme il peut pour répondre aux revendications des régions, les partis politiques censés le soutenir continuent leur fuite en avant en critiquant les mesures que le gouvernement annonce et mobilisent leurs députés et figures médiatiques pour semer le doute et la suspicion, estimant que Youssef Chahed ne fait «qu’éteindre le feu temporairement dans les régions qu’il visite». Un comportement le moins qu’on puisse dire incompréhensible de la part des signataires du Pacte de Carthage appelés à trancher, en cours de semaine, via leurs députés, à propos du projet de loi relatif à la réconciliation nationale. Mercredi prochain, les commis- sions parlementaires, dont en premier lieu la commission de législation générale, examineront, en effet, le projet de loi dans sa nouvelle version rectifiée au niveau de la présidence de la République. Les observateurs considèrent que «les dés sont jetés et que le projet de loi passera puisque la dernière rencontre Caïd EssebsiGhannouchi a permis de lever les réserves qu’Ennahdha ou certains de ses députés continuent à évoquer, en particulier le fait que la réconciliation nationale, telle que voulue par le chef de l’Etat, n’affectera pas le processus de la justice transitionnelle tel que le gère à l’heure actuelle Sihem Ben Sedrine, la présidente de l’IVD». Les mêmes observateurs ajoutent : «Même si certains députés nahdhaouis ne manqueront pas de faire durer le débat, la majorité obéira aux ordres de Ghannouchi et votera pour». Quant à l’opposition où Hechmi Hamdi et Moncef Marzouki ont supplanté ces derniers jours Hamma Hammami, M’barka Aouinia (qui a raté la rencontre de sa commission avec Mustapha Baâzaoui, Lilia Bouguira et Zouheïr Makhlouf, les membres exclus de l’IVD par Ben Sedrine) et Mongi Rahoui, elle propose le discours qui n’intéresse plus grand monde: «Nous recourrons à la rue pour faire tomber le projet de loi s’il est voté».