Confiance et stabilité
Aujourd’hui plus que jamais, le pays a besoin du rétablissement de la confiance et de la stabilité. Il n’y a pas d’autre alternative. Les Tunisiens, dirigeants, partis politiques, syndicats et patronat autant que simples citoyens sont dos au mur. Le pays est exsangue et a été saigné à blanc. Et tout le monde assume la responsabilité de cette descente aux enfers. Aussi faut-il faire l’effort requis pour remonter la pente et remettre le pays à flot.
Un effort qui exige de consentir les sacrifices nécessaires afin d’éviter bien des tourments imprévisibles et des impondérables. Pour ce faire, le pays a besoin de restaurer la confiance et de rétablir la stabilité.
Une confiance érodée par six ans de promesses faites par les gouvernements successifs et pas tenues, totalement ou en partie. Cela a laissé place à un grand scepticisme et à de grandes désillusions. Des déceptions qui ont été entretenues sciemment par des politiciens à oeillères, beaucoup moins soucieux du devenir du pays que de leur propre carrière ou de leur propension à occuper le devant de la scène. Ainsi, dans ce brouhaha assourdissant, ces querelles de clocher et de leadership, ces grèves roulantes et presque orchestrées, le Tunisien a perdu les repères et ne retrouve plus le cap.
Le pays a besoin de stabilité, impérativement, car il ne tolère plus cette sorte de course au relais que se livrent les gouvernements successifs qui, telle une étoile filante, s’éclipsent sans laisser des acquis et des réalisations.
Bilan : beaucoup de gouvernements et peu d’acquis. Aujourd’hui, le legs est lourd et il n’est pas question de l’énumérer.
Dans cette optique, le gouvernement Youssef Chahed a besoin de confiance et de stabilité pour essayer de remettre le pays sur les rails. Pourquoi ? Parce que cet homme parle le langage du coeur et de la raison, le langage de la sincérité, qui fait gravement défaut dans cette arène politique. L’homme qui a fait quelque peu le diagnostic et le constat, qui se déplace dans les régions, qui donne, en quelque sorte, le coup de fouet aux projets qui sommeillent ou sont bloqués, qui reconnaît publiquement les écarts et les retards, parfois injustifiés, est un homme de bonne volonté, animé de toutes les bonnes intentions et déterminé à avancer.
On ne change pas un homme en plein élan, engagé dans une véritable course contre la montre dans le processus des réformes. Les voix qui s’élèvent ici et là pour demander la démission de ce gouvernement n’ont rien offert ni proposé en échange. Ce sont les voix de leaders qui, tout en se manifestant sur la scène publique, sont confinées dans le rôle de spectateurs, perchés sur la colline, sans aucun apport, en idées ou en actes, en semant le doute sur tout ce qui se fait. Car l’heure est à la mobilisation et aux sacrifices partagés par tous.