«Le modèle portugais est le plus adapté»
Ministre de la Jeunesse et des Sports du 29 janvier 2014 au 6 février 2015, Sabeur Bouatay préside aujourd’hui l’Académie tunisienne du droit du sport. faut procéder par étapes et y aller avec beaucoup de prudence» , insiste-t-il. «Il
«Il faut se garder de commettre les mêmes erreurs de précipitation que celles faites lors de l’instauration du professionnalisme dans le football. Un débat national aiderait à trouver les meilleures voies de transformation des associations en sociétés. Rien ne sert de hâter le processus. En fait, deux voies se présentent actuellement : — Celle prônée par l’Espérance Sportive de Tunis qui voudrait créer une entité commerciale autour de l’association, soit créer des sociétés commerciales où l’association serait actionnaire. Cela a ses avantages et ses défauts. — Celle qui veut que l’association reste là, avec la transformation de l’équipe de football en société à but lucratif. La situation aujourd’hui est telle que quatre grands clubs ont peut-être les moyens d’aller dans un sens de la transformation souhaitée. Tout le monde est d’avis que l’expérience portugaise reste la plus proche des réalités tunisiennes. L’ancien joueur de Guimaraes, au Portugal, nous a exposé les détails de cette expérience qui a convaincu la majorité des concernés par ce sujet. Il s’agit d’un package pour transformer les associations sportives. Plusieurs ministères interviennent dans cette transformation. Disposons-nous aujourd’hui des spécialistes capables de gérer les nouvelles sociétés sportives ? Il faut créer des mastères et inclure une formation dans la gestion de ces sociétés. Et puis, qui va contrôler ces sociétés ? Le ministère et la fédération sont-ils habilités à le faire ? Il faut habiliter une direction générale à développer cette organisation. Le nouveau modèle, qu’est-ce qu’il va rapporter ? Faut-il augmenter le capital ? Une mise à niveau et une progression de la masse salariale vont-elles pouvoir être viables dans les conditions actuelles ?»
«Des délais de sept ans pour les quatre grands»
«On le sait, il faut procéder par étapes dans l’organisation des sociétés. Cela exige une phase transitoire de sept ans pour les quatre grandes associations de notre pays. Pour les autres, cela va sans doute nécessiter de plus longs délais. Au Portugal, il a fallu attendre entre quinze et vingt ans pour la transformation de tous les clubs. La Ligue 1 ne pourrait supporter un nombre de clubs supérieur à douze. Par ailleurs, l’investisseur ne s’engagera jamais avec la perspective de pertes financières. Il faut par conséquent prévoir un tas d’exonérations et de facilités fiscales. L’Etat peut-il se permettre de tels sacrifices alors que ses moyens de l’heure sont ce qu’ils sont ? Au Maroc, le roi a dû intervenir en injectant deux milliards, sans compter l’effort financier du ministère de tutelle. Les cinq premières années, ils ont dû éprouver beaucoup de difficultés. Le sujet est très technique et suppose un encouragement de l’investisseur. L’Etat va apporter un plus gros effort financier au départ. Avant de se désengager complètement et de ne plus débourser un sou. En vérité, nous devons trouver des mécanismes adaptés aux réalités tunisiennes. L’expérience portugaise qui a commencé en 2009 est la plus adaptée à notre situation car elle procède par étapes. Actuellement, les présidents qui investissent de leur argent sont exposés à l’insulte et à la vindicte pour un tir sur la barre. Ils ne sont plus prêts à aller encore plus loin».