«Notre modèle n’est pas viable»
Pour le dirigeant «sang et or», il faut déblayer le terrain avant de penser à changer les statuts
«Avant de songer à transformer le statut de nos clubs d’associations omnisports en sociétés sportives, il faut d’abord revoir le modèle économique tunisien. Tout est à refaire dans la configuration actuelle, car le modèle économique suivant lequel nous gérons nos clubs n’est tout simplement pas viable. Je pense qu’il faut d’abord déblayer le terrain avant de songer à changer les statuts de nos clubs. En Europe, les revenus des clubs sont répartis comme suit : 1/3 provient de la billetterie, 1/3 des droits TV et 1/3 du sponsoring. En Tunisie, les droits TV ne constituent pas un revenu conséquent pour nos clubs et sont très mal répartis. Je me souviens : il y a trois ans, j’étais invité par le président de l’AS SaintEtienne, Roland Romeyer. Il m’avait dit qu’il tablait au début de la saison sur la 7e place au classement. Comme l’équipe s’est classée 5e, il avait gagné 10 millions d’Euros supplémentaires des droits TV. Il avait versé 35% de la somme comme primes aux joueurs pour leurs efforts consentis. Le reste a été versé aux actionnaires. Chez nous, le tableau est complètement différent. L’Espérance de Tunis a une dette de 800 mille dinars envers la tutelle. En France, un club comme le PSG profite de subventions colossales des différentes institutions de l’Etat, provenant de la Mairie de Paris et du Conseil régional entre autres. Car le PSG apporte une plus-value à la ville de Paris. Je pense qu’il est temps d’organiser des assises nationales d’infrastructure sportive. Car en ayant des salles et des stades conformes, on peut assurer l’essentiel, à savoir un bon spectacle. On pourra dès lors vendre n’importe quelle compétition sportive. Bref, il faut revenir aux fondamen- taux. Doter les clubs de terrains et de centres de formation pour que les jeunes puissent s’exprimer. Une fois la relève assurée avec des joueurs formés sur des bases solides et avec des enceintes sportives homologuées, on pourra dès lors songer à constituer des sociétés sportives. Or, depuis six ans, nous n’avons pas de ligne directrice. L’Etat doit redéfinir sa politique sportive».