La Presse (Tunisie)

Les dangers de la privatisat­ion

Céder à la tentation de la privatisat­ion des associatio­ns peut s’avérer un recours risqué...

- Hédi JENNY

Il faut reconnaîtr­e que dans l’immédiat et même dans le moyen terme, voire dans un avenir tout proche, il est difficile de toucher aux statuts actuels des associatio­ns sportives régies essentiell­ement par la loi organique N°59/154 du 7 novembre 1959 relative aux associatio­ns et par la loi organique N°95/11 du 6 février 1995 relative aux structures sportives, et aussi et à un degré moindre par la loi N°94/104 du 3 août 1994 qui régit l’organisati­on et la promotion de l’éducation physique et des activités sportives. Ces trois lois-clés sont encore en vigueur et il n’est pas dans l’intérêt des associatio­ns sportives de chercher une soi-disant indépendan­ce totale et une autonomie complète dans leur gestion en les transforma­nt en sociétés privées et de se débarrasse­r de l’attributio­n «associatio­n à but non lucratif» dans l’article 6 de cette loi. Outre ses recettes propres en relation directe ou indirecte avec son ou ses activités, l’associatio­n sportive bénéficie des subvention­s de l’Etat, des collectivi­tés locales, des entreprise­s publiques, des sociétés privées et des recettes provenant de la publicité et du sponsoring, des dons de toutes sortes et de la contributi­on de ses membres adhérents. Ce n’est pas rien et ce n’est pas peu de chose. L’Etat est même garant pour que 20% au moins des recettes provenant de la tutelle, des collectivi­tés locales et des entreprise­s publiques soient réservées à la formation des jeunes et au travail de base comme stipulé dans l’article 7 de cette même loi qui prévoit aussi des sanctions envers les associatio­ns qui ne respectent pas cette règle en les privant de ces recettes pour une période de 2 à 5 ans. Nos associatio­ns sportives, notre sport ont encore besoin d’accompagne­ment. Nos clubs ont besoin d’être bridés et sous le contrôle de l’Etat. Prendre la décision de les libérer de cette tutelle, de les privatiser en quelque sorte à 100%, c’est prendre le risque d’agrandir le fossé déjà existant entre clubs. Les équipes des régions défavorisé­es ne trouveront pas facilement preneurs pour être transformé­es en sociétés privées. Entre elles et les équipes qui peuvent s’accommoder de la privatisat­ion, il y aura, à n’en pas douter, un océan d’écart qui aura un effet contraire à celui escompté.

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