La Presse (Tunisie)

Revalorisa­tion locale

- Par Anis SOUADI

Achaque fois, on revient au même constat, bien qu’il soit désolant : malgré les discours politiques qui se veulent certaineme­nt rassurants, sans fondement bien entendu, l’économie tunisienne n’arrive toujours pas à décoller, à se refaire une santé, encore moins à émettre les signes positifs d’une relance proche et sûre. Et cet échec est, malheureus­ement, logique, car depuis la révolution, tous les gouverneme­nts qui se sont succédé n’ont pas réussi à planifier sérieuseme­nt la relance. Ils se sont contentés ainsi de gérer une économie de nécessité et non pas d’opportunit­é. Le souci prioritair­e de nos décideurs n’était pas justement de préparer une relance durable, mais plutôt de satisfaire des revendicat­ions et des exigences immédiates et surtout d’apaiser une tension sociale assez délicate. C’est-à-dire qu’on s’est préoccupé du secondaire au lieu de l’essentiel et du fondamenta­l. Cette mauvaise lecture de nos priorités stratégiqu­es a pénalisé significat­ivement notre économie qui ne cesse, de jour en jour, de s’enliser dans les difficulté­s, pour atteindre ainsi des niveaux inédits, à tel point que les experts parlent désormais de dépression et non plus de récession économique. Et c’est certaineme­nt cette délicatess­e de l’économie nationale, associée à l’incertitud­e politique et la fragilité sociale, qui explique la réticence des décideurs financiers internatio­naux à honorer les engagement­s de la conférence internatio­nale Tunisia 2020. Et même le soutien du FMI n’est pas aussi stratégiqu­e que le pensent certains. Surtout que cette institutio­n continue à conditionn­er son assistance financière et à l’orienter comme il lui semble. Une pratique à haut risque qui pourrait aggraver encore plus la dépendance financière de la Tunisie et menacer à long terme sa souveraine­té. Une situation critique qui impose aujourd’hui une remise en cause rapide de notre politique financière, une planificat­ion sérieuse de notre redresseme­nt économique et surtout une réorientat­ion vers notre potentiel local qui a plus que jamais besoin d’une réelle valorisati­on.

Cette mauvaise lecture de nos priorités stratégiqu­es a pénalisé significat­ivement notre économie qui ne cesse, de jour en jour, de s’enliser dans les difficulté­s, pour atteindre ainsi des niveaux inédits, à tel point que les experts parlent désormais de dépression et non plus de récession économique.

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