La Presse (Tunisie)

«L’encadremen­t, vecteur de toute réussite»

Meriem, le catalyseur, c’est comme cela qu’on pourrait la surnommer. Là où elle passe, elle rafle la mise. Elle jouit de l’estime de tout le monde. Au Club Féminin de Carthage, cette virevoltan­te joueuse polyvalent­e pèse sur le jeu comme elle le faisait à

- Propos recueillés par Taoufik HAJLAOUI

Vous avez été brillante durant la compétitio­n africaine, déterminan­te dans les situations les plus difficiles. On a le sentiment que vous avez dans votre rôle pris une dimension nouvelle. Je travaille beaucoup et j’essaie toujours malgré ma riche carrière de gagner de l’expérience et de la maturité. J’ai acquis de l’endurance, de la rigueur dans les contacts et je ne manque pas de donner un peu plus d’ampleur à mon jeu. A des moments précis, des moments importants, je cherche à rayonner beaucoup plus et à peser sur l’équipe. Je sais que c’est dur et fatigant à assumer ce rôle et cette responsabi­lité mais je sens une immense joie, surtout quand le groupe fonctionne à merveille. Vous semblez également prendre beaucoup de plaisir… J’ai toujours pris du plaisir au CFC. Et puis au sein de ce groupe, on est vraiment uni et solidaire. Le courant passe bien entre les joueuses et le staff technique, entre les joueuses elles-mêmes.

Quels enseigneme­nts tirez-vous de la cinquième participat­ion du CFC en championna­t d’Afrique ? Lors du premier tour, on n’a pas eu du mal à maîtriser convenable­ment notre sujet et imposer nettement notre style de jeu. Nos

adversaire­s n’ont pas pu sincèremen­t faire le poids. Contre le Club Sfaxien en quarts de finale, il s’agissait d’une rencontre particuliè­re. D’abord il nous fallait impérative­ment la gagner, ce qui explique certains passages à vide, trac oblige. Ensuite l’équipe sfaxienne, la meilleure que nous ayons rencontrée durant notre parcours, nous a posé des problèmes puisqu’elle était presque au summum et bien préparée sur le plan mental. Ce fut à mon avis le véritable choc et le plus spectacula­ire du tournoi africain. Pour les deux tours restants, il nous faudra cependant nous méfier davantage, nous montrer plus audacieuse­s et plus vigi- lantes, bien sur nos jambes dans tous les compartime­nts du jeu car le sort nous a mises face à de redoutable­s bras kényans des Prisons en demi-finales et à celles des Egyptienne­s de Shams en finale.

Vous attendiez-vous vraiment à rencontrer ces deux équipes du Kenya et d’Egypte dans les deux derniers tours? Absolument pas. On a cru affronter l’autre équipe du Kenya, Peiplayen, qui a reconstitu­é son potentiel humain en faisant appel à certaines de ses glorieuses joueuses. De plus, elle paraît

beaucoup plus performant­e que celle de son compatriot­e qui l’a surprise en demi-finales. Le derby n’est jamais gagné d’avance. Et peut-être l’excès de confiance et les quelques moments de fléchissem­ent en défense ont hypothéqué les chances de Peiplayen d’accéder en finale. On ne s’attendait pas aussi à

affronter Shams d’Egypte en finale. On s’est préparé pour Al Ahly,

favori au départ pour conserver son titre. Mais Shams qui force le respect a vu autrement. On

devait vite s’arranger et rectifier notre plan de match de la finale qui convient avec les spécificit­és, les qualités et les manières de jeu de Shams. Que pensez-vous de votre adversaire en finale ? L’équipe de Shams est combative et développe un volley-ball majestueux alliant maîtrise et disponibi

lité. Le fait d’éliminer l’imperturba­ble formation d’Al Ahly dans un cocktail explosif de puissance et de talent traduit sa nette marge de progressio­n et engendre le respect et l’admiration. Elle possède une excellente joueuse polyvalent­e telle que Nada Moaouad qui mérite le trophée de la meilleure joueuse de la compétitio­n africaine et c’est elle-même qui a été l’une des deux joueuses qui formaient la paire égyptienne du tournoi de beach-volley féminin des Jeux olympiques Rio 2016.

Vous avez beaucoup souffert en affrontant en finale cette prestigieu­se équipe qui n’est pas passée loin de l’exploit, n’est-ce pas? Shams est un gros calibre. C’est une équipe rajeunie mais qui a gardé certaines joueuses expériment­ées. L’adversaire était déterminé à puiser au fond de ses ressources. Chose faite avec beaucoup d’efforts, d’allant et de maîtrise. Et si la finale était très

disputée, spectacula­ire et indécise, c’est parce que les deux équipes ont su revenir à la charge à temps et ont été à la hauteur des événements. Pour mon équipe, il fallait faire preuve d’une meilleure concentrat­ion, d’une meilleure volonté, d’une agressivit­é défensive et de variation du jeu dans la première zone. Il n’était pas question de

lâcher car il y a un titre à conquérir. Ce fut une mission extrêmemen­t délicate mais facilitée par un comporteme­nt carthagino­is exemplaire. L’équipe était prête sur le double plan mental et physique.

Où se situe le progrès de l’équipe depuis l’avènement de l’entraîneur italien Francisco Cantundoto? L’entraîneur a beaucoup aimé le

groupe qui garde ce désir de faire mieux, de bosser dur, de se sacrifier pour le bonheur et l’éclat du club. Toutes les conditions ont été offertes pour que l’entraîneur

puisse répondre aux exigences de son recrutemen­t : mettre les choses au point, procéder aux correctifs nécessaire­s et hisser le niveau de l’équipe. L’équipe a été bien organisée sur le terrain et surtout dotée d’un système de jeu assez soutenu et efficace. L’entraîneur a pu maintenir la

pression sur le groupe sans pour autant dépasser une certaine limite ; les joueuses étaient dès le début de la tâche très communicat­ives avec ses choix et les nouvelles tendances du travail. L’effort entrepris pour remotiver l’équipe a porté donc ses fruits

en disposait.dépit du temps court dont il

Le stage d’Italie qui a précédé la compétitio­n africaine était-il bénéfique ? Sans aucun doute. Ce fut l’occasion de mettre l’équipe sur les rails, de s’adapter à de nouveaux schémas tactiques à travers les tests effectués face à des clubs à la valeur établie, et enfin de corriger les quelques imperfecti­ons et parfaire les dernières touches.

L’instabilit­é au niveau du staff technique, six entraîneur­s en l’espace de quatre ans, a-t-elle freiné l’équipe? Oui, en quelque sorte. Mais cela

est dû à diverses raisons. Suite à de mauvais choix, certains entraîneur­s ne pouvaient pas donner plus, saturés peut-être, mais ils ont laissé tout de même de bonnes impression­s.

Qu’est-ce qui manque au volley national féminin pour retrouver son lustre d’antan ? Tout simplement l’encadremen­t et le travail à long terme et un programme de travail bien étudié. Une compétitio­n ou une échéance ne doivent pas se préparer dans un rassemblem­ent de courte durée. Le monde du volley-ball a beaucoup changé. Je me demande pourquoi, en 2016, l’équipe de Tunisie dames s’est contentée de la cinquième place lors de la dernière CAN.

Deux mois après et avec le même noyau de l’équipe nationale, le CFC terminait deuxième en championna­t d’Afrique des clubs et a pris le dessus sur des adversaire­s pourvoyeur­s de leurs équipes nationales. La différence s’est faite au niveau de la préparatio­n intensive et rigoureuse de l’équipe de Carthage et de l’encadremen­t adéquat. Deux facteurs essentiels qui manquent à la sélection tunisienne.

Croyez-vous que le coup de tonnerre du CFC à Monastir pourrait contribuer à la réussite de l’équipe de Tunisie dans la CAN de cet été ? Je l’espère, mais il faut se remettre tout de suite au travail, tirer profit des secrets du triomphe du club carthagino­is. Les talents sont là, les bras ne manquent pas. Reste à bien savoir les utiliser et exploiter, et surtout bien les préparer en fonction d’une longue campagne riche et diversifié­e. On aura le

temps nécessaire de présenter une équipe compétitiv­e. Carthagino­ises, Sfaxiennes et Marsoises ont démontré d’énormes capacités en championna­t d’Afrique des clubs. De bon augure pour l’équipe de Tunisie.

Bientôt les deux finales du championna­t de Tunisie et de la coupe. Vous retrouvez votre principal rival, le CSSfaxien... Ce seront deux finales dures pour les deux équipes qui se connaissen­t parfaiteme­nt et s’estiment réciproque­ment. Les forces et les chances sont égales. Le mental et le degré de forme seront déterminan­ts pour les victoires. Nous y tenons bon. Il s’agit d’une

position et d’une réputation à défendre. Après cette longue marche, pen- sez-vous à la retraite ? Peut-être qu’il est temps de raccrocher, mais je n’ai pas encore pris de décision. Je sens que je peux encore prêter main-forte à mes collègues. Le climat et l’ambiance qui règnent au sein du club de Carthage m’encouragen­t à continuer malgré mes engagement­s profession­nels et familiaux. Encouragez-vous votre fille à pratiquer le volley-ball ? Je ne manque pas de le faire. D’autant qu’elle aime ce sport et veut marcher, sur les pas de sa maman. Propos recueillis par Taoufik HAJLAOUI

Tableau de marche de Meriem Brik A Al Hilal de Tunis • Six fois championne de Tunisie

: 1997, 2000 2001, 2002, 2005 et 2007 • Quatre coupes de Tunisie :

1999, 2001, 2002 et 2007 • Une participat­ion au championna­t d’Afrique des clubs en 1999 à l’Ariana (3e place) • Une participat­ion au championna­t arabe des clubs en 2000 à

Sfax (5e place) Au Club Sportif Sfaxien • Appelée à renforcer les rangs de l’équipe au championna­t arabe des clubs en 1999 au Caire Au Club Féminin de Carthage • Quatre fois championne de Tunisie : 2013, 2014, 2015, 2016 • Deux coupes de Tunisie : 2015, 2016 • Quatre participat­ions aux

championna­ts d’Afrique des clubs en 2014 à Carthage (4e place), en 2015 au Caire (3e) en 2016 à Carthage (2e) et en 2017 à Monastir (1ère). En équipe nationale juniors • Deux participat­ions aux championna­ts d’Afrique des nations en 1996 au Caire (2e place) et en 1998 à l’île Maurice (5e). En équipe nationale seniors • Championne d’Afrique en 1999 à Lagos et deux présences dans les deux CAN de Nairobi 2003 (5e place) et 2015 (5e également). • Une participat­ion en Coupe du monde 1999 au Japon • Une participat­ion au championna­t du monde 2014 en Italie • Une participat­ion aux Jeux méditerran­éens en 2001 à Tunis.

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• Le CFC est un club où l’on débarque avec l’ambition de viser haut. • Notre meilleure rencontre en championna­t d’Afrique était face au CSS. • On ne s’arrêtera pas en si bon chemin. • On a pris conscience que le titre était à la portée au fil de la...
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