«Une refonte totale serait improductive»
A la tête de l’USBG, Mehdi Dbouba est parvenu à hisser le club à un palier intéressant cette saison. Il a beaucoup dépensé de sa poche pour gérer convenablement le club. Il entretient de bonnes relations avec tout le monde à Ben Guerdane. Il ne badine pas avec la discipline et l’application. Et, malgré des problèmes ici et là, l’anarchie qu’il reconnaît et les difficultés que rencontrent les clubs sportifs devant l’indifférence des autorités, il ne conseille pas d’amender le cadre juridique, la loi sur les associations, d’improviser ou de restructurer hâtivement la façon de gérer: «Les associations sportives en Tunisie datent d’une soixantaine d’années. Elles sont gérées par des règlements. Ligues, fédérations et ministère les supervisent. Cette longue période a déjà ancré dans nos esprits des habitudes. De l’amateurisme au début, on est passé au professionnalisme qui date d’un quart de siècle, à peu près. A l’heure actuelle, les difficultés matérielles sont à l’origine de tous les maux et cela concerne la majorité des clubs pour ne pas dire tous. Alors que le sport est quelque chose de noble. Il doit favoriser la fraternité, l’entraide, les bonnes relations, l’entente, la réussite, la concurrence saine. Indépendant, ce secteur ne devrait pas constituer un créneau pour véhiculer des intentions ou viser des objectifs bien déterminés. D’ailleurs, quand on parle de sport, on évoque indissociablement la jeunesse, autrement dit l’avenir du pays. Cependant , on a constaté, au cours des dernières années, que par le biais de ce secteur, les provocations, les diffamations, la zizanie, le régionalisme se sont amplifiés, surtout dans les plateaux télévisés. Certes, les infrastructures sportives (complexes sportifs, salles couvertes, piscines, terrains gazonnés...) laissent à désirer, mais il faudrait songer à proposer des solutions, inciter à mettre de l’ordre, à appliquer le règlement, à ancrer la démocratie chez les jeunes, avant tout.
«Étudier d’abord l’impact à long terme»
Maintenant, à l’heure où le pays traverse une crise aiguë, au lieu de se hâter pour changer de statut et passer de l’association sportive à la société, il faudrait, à mon avis, bien étudier le projet à l’avance : analyser la situation actuelle et établir un état des lieux, classer les priorités, s’inspirer de ce qui est réalisé et réussi dans les pays développés, étudier l’impact à long terme... Des spécialistes et des experts doivent mettre à jour le projet parce que, aujourd’hui, il ne paraît pas facile de tout révolutionner. Des réflexes et des habitudes inhérents au domaine sportif sont implantés dans les esprits dans les quatre coins du pays et les infrastructures diffèrent d’une région à l’autre. Les hommes d’affaires, les personnes aisées et les bailleurs de fonds actuels seraient tentés de prendre les choses en main, mais, sans une étude approfondie, il y aurait des risques, je suppose. Il n’est pas encore temps, à mon avis. Viser cela à l’avenir, après la mise en place de bases solides, faciliterait mieux la refonte des clubs sportifs en entreprises.»