où allons-nous ?
Calfeutrés dans leurs bureaux, ceux qui devraient mettre un terme à cette chevauchée fantastique semblent être satisfaits de ce cirque… Kamel GHATTAS
Ane plus rien comprendre, le monde du sport que nous avons côtoyé, fréquenté, participé à son envol et contribué à exalter ses valeurs, semble avoir décidé de marcher sur la tête.
Des déclarations de feu lâchées à l’emporte-pièce, un relent de régionalisme abject, des accusations graves adressées à tout vent, une inconscience totale des conséquences que tous ces agissements provoquent vis-à-vis des générations futures et bien d’autres choses encore plus graves, font le quotidien de ce sport que depuis longtemps nous avions classé parmi les outils les plus performants pour l’éducation de nos enfants.
Les anciens dirigeants et les nostalgiques de l’époque, où le respect était d’usage, ne vivent plus que par les anecdotes et prises de position tranchantes et pédagogiques qui ont, durant des décades, fait du sport tunisien un exemple à tous les points de vue.
Tout cela semble avoir été oublié. Pire, l’impression qui prévaut est bien que ce respect de l’éthique et du vis-à-vis que ce soit sur le terrain ou en dehors n’a jamais existé. Aucun respect du dirigeant d’en face, de l’adversaire, de l’arbitre et de tout ce qui fait de cette activité le chemin le plus court pour encadrer un jeune et l’engager dans une voie socialisante salutaire.
Qu’emporte avec lui un jeune et moins jeune au terme du week-end sportif : les images insoutenables que la TV nous transmet, pour démontrer à nos futurs hôtes, que la Tunisie est une terre sportive, une partie de lancement de pierres, le nombre de vitres brisées et de pneus brûlés, le nombre de blessés, d’arbitres agressés, l’enrichissement du répertoire des noms d’oiseaux, qui seront encore plus fournis dans les interventions en direct, la masse des personnes arrêtées pour avoir provoqué des incidents sur la voie publique, ce service d’ordre harcelé, alors qu’il a bien d’autres préoccupations autrement plus importantes ?
Depuis les derniers incidents qui ont jeté un profond trouble sur la scène sportive, on a menacé de tout arrêter et de mettre fin à cette caricature du sport. Les événements, qui ont suivi, ont démontré que personne n’a rien compris et que les choses iront de mal en pis. On veut absolument terminer la saison qui touche à sa fin pour ne pas faire le jeu de ces trublions, ces voyous qui viennent toutes les semaines jeter le discrédit et menacer des fondements que bien des générations ont mis en place.
Cela pourrait se comprendre, mais le sacrifice est réellement insoutenable. Les valeurs sont bafouées à longueur de semaine, les réactions épidémiques de pseudo-dirigeants à tous les niveaux ne sont plus des exceptions ou des surprises. Les décisions ou réactions de plus en plus surprenantes méritent de figurer dans les anales. Et personne ne réagit.
Calfeutrés dans leurs bureaux, ceux qui devraient mettre un terme à cette chevauchée fantastique semblent être satisfaits de ce cirque : nous avons toujours des désignations de rencontres, des matches, et…lot d’incidents ou dépassements qui fournissent à l’actualité un lot inépuisable de nouvelles à commenter tout en maudissant cette faiblesse qui dénature une activité censée être éducative.
Où allons-nous ?