Zribi victime d’une « campagne » ?
«Les marchés de change n’ont réagi que trois jours après mon intervention, si ma déclaration était en cause, les marchés auraient réagi instantanément, ce qui voudrait dire que c’est l’amplification faite par les commentateurs qui a engendré une perte de
Visiblement affectée par ce qu’elle appelle «une campagne» menée contre sa personne, contre son ministère et contre le gouvernement, la ministre des Finances, Lamia Zribi, a tenu hier à apporter une «mise au point» (elle a interdit aux médias de la filmer), à propos de ses déclarations sur la «dévaluation» du dinar tunisien, propos tenus lors d’une interview sur Express FM. «Je dirai que 90% des commentateurs, y compris des experts et des collègues qui se sont succédé dans les tribunes médiatiques n’ont pas écouté mon interview, je n’ai jamais dit que la valeur réelle de l’euro était de 3 dinars et je n’ai jamais parlé de dévaluation», a-t-elle commencé par dire. Lors de cette rencontre avec les journalistes, Lamia Zribi s’est empressé de nier toute responsabilité personnelle dans la récente chute du dinar. «Les marchés de change n’ont réagi que trois jours après mon intervention, si ma déclaration était en cause, les marchés auraient réagi instantanément, ce qui voudrait dire que c’est l’amplification faite par les commentateurs qui a engendré une perte de la valeur du dinar pendant quelques jours», a-t-elle déclaré, tout en assurant qu’à l’heure actuelle (hier), le dinar est revenu à son niveau habituel face à l’Euro. La ministre se dit avoir «bonne conscience», certaine de ne pas être responsable de ce qui s’est passé. Elle rappelle que la dégringolade du dinar est observée depuis 6 ans et qu’elle est principalement due au déficit de la balance commerciale. «Il est donc nécessaire, non seulement de rationaliser l’importation mais surtout d’augmenter nos exportations», explique-t-elle. Toutefois, elle reconnaît que le Fonds monétaire international a recommandé à la Tunisie plus de flexibilité sur le taux de change. En d’autres termes, il demande à la BCT de moins intervenir sur le marché pour réguler le taux de change. «Je dois rappeler que contrairement à ce qui se dit, la Banque centrale tunisienne n’agit pas seule, elle oeuvre à l’appli- cation de la politique de change tracée par le gouvernement».
Optimisme, malgré tout
Elle a dans la foulée exprimé son optimisme pour l’année en cours, au regard de la reprise dans plusieurs secteurs, à l’instar du tourisme et du retour de l’exploitation du phosphate. La ministre a également déclaré que les intentions d’investissement sont en hausse et qu’il y a un retour progressif des investissements directs étrangers. «Nous travaillons aussi sur la question du retour des Tunisiens à l’étranger pour l’été, un retour qui ne pourrait que faire du bien à l’économie tunisienne». Non sans un humour mélangé à un malaise, Lamia Zribi a commenté les campagnes appelant à « consommer tunisien », en disant que «la polémique aurait au moins servi à ça». La polémique avait démarré le 18 avril à la suite d’une question posée par l’animateur de la matinale d’Express FM, Wassim Belarbi, dans laquelle il lui demandait si le scénario évoqué il y a un an selon lequel un euro valait trois dinars était encore d’actualité. La ministre avait répondu que «dans des situations antérieures, pas celle d’aujourd’hui marquée par un rétablissement relatif du tourisme et du phosphate, plusieurs experts ont estimé que la valeur réelle du dinar est de 1 euro à trois dinars. La monnaie est le reflet de la situation économique, sa valeur en est une conséquence, notamment dans les pays qui adoptent le régime flottant (régime semi-flottant en Tunisie), non administré par la Banque centrale». Par ailleurs, la ministre des Finances a jugé son bilan positif à la tête du ministère. En témoigne, selon elle, la hausse des revenus fiscaux de 15% au premier trimestre de 2017, une hausse en partie réalisée grâce à l’application de la taxe exceptionnelle de 7,5%. Elle affirme en plus qu’un tiers des dépenses dédiées au développement a été concrétisé.