Où sont donc les élites locales ?
Lorsque l’on apprend que de grands partis comme Ennahdha, Al Joumhouri, Ettakatol, Al Châab... s’associent aux sections régionales de l’Utica, de l’Ugtt, de l’Utap et de la Conect pour diffuser une déclaration de soutien aux manifestations et revendications sociales de Tataouine, on est contraint de se poser des questions sur l’objectif et le pourquoi d’une telle convergence hétéroclite. Laquelle ne propose rien de concret mais affaiblit considérablement la solidarité gouvernementale. Sachant qu’aucun de ces partis n’a de vraies solutions aux problèmes du développement régional, à la crise économique dans laquelle le pays se débat malgré les efforts du gouvernement, au déficit d’investissement qui persiste malgré la bouffée d’oxygène de «Tunisia 2020».
Et puis, que font donc dans cette insignifiante pique des partis qui sont pleinement associés au «Document de Carthage» et au «gouvernement d’union nationale» qui gouverne le pays ? Dont certains ont bien montré, auparavant, leur incapacité à relancer l’économie, développer les régions, réactiver l’investissement, combattre le chômage des centaines de milliers de jeunes qui souffrent.
Curieusement, les signataires entendent soutenir le «mouvement pacifique des jeunes qui ont bloqué la route», qualifiée de «saharienne», qui isolerait Tataouine et «l’étoufferait économiquement». Un appui au vandalisme qu’on ne saurait justifier.
Et les signataires d’appeler le gouvernement à «trouver des solutions urgentes au chômage des jeunes» de la région et à élaborer «une vision globale pour y impulser la croissance». Une quête nationale à laquelle toutes les forces patriotiques sont invitées à s’associer activement. Non pas par des déclarations tapageuses, mais par des propositions et programmes concrets qui permettraient d’atténuer la crise en imaginant des investissements porteurs, des initiatives locales et des solutions provisoires ou complémentaires au service du développement de ces régions.
Il est utile, dans ce sens, et alors que l’on se prépare à organiser les élections municipales, de voir s’exprimer les élites locales qui aspirent à s’illustrer à la rencontre de la «démocratie de proximité» que tous les courants affirment appeler de leurs voeux et qui est le ferment de la souveraineté populaire.
C’est de la créativité et du dynamisme des élites locales et régionales que naîtront les vraies solutions de développement spécifiques à chacune de nos régions. Conformes à leurs ressources, capacités et potentialités.