Entreprises publiques, l’inévitable révolution
Rentable ou elle ne sera pas. C’est la dure réalité de toute entreprise économique. Une loi qui ne tolère aucun écart. Quel que soit son statut, une entreprise se doit de générer des bénéfices, c’est sa raison d’être. Ce qui lui permet de remplir sa triple fonction économique, citoyenne et sociale. Sinon elle pourrait devenir un problème, et parfois se transformer en danger public. Les entreprises publiques ne doivent pas déroger à cette loi. Elles le font pourtant, pour la plupart d’entre elles, et l’écart est supporté par le contribuable. Une lourde charge pour le trésor public et aussi un rôle souvent défaillant. Les prestations, qui sont leur raison d’être, étant souvent de très mauvaise qualité. Un vrai casse-tête pour tous qui dure depuis de longues années. Opérant pour la plupart d’entre elles dans des secteurs dits stratégiques ou à vocation sociale prononcée, traînant derrière elles le poids des années, elles sont souvent victimes d’une usure flagrante à tous les niveaux, du sureffectif, de la mauvaise gestion, de la corruption et bien d’autre maux. De plus, leur image terne aussi bien en interne qu’à l’extérieur ne fait qu’aggraver leurs difficultés. Aujourd’hui, ce dossier brûlant est sur le bureau du chef du gouvernement. Une solution durable efficace et avec le moins de dégâts possible est à trouver. Il faut dire que l’hémorragie a trop duré, et le trésor public ne peut plus supporter ce fardeau aux dépens d’autres dépenses plus pressantes. La démarche du cas par cas est ici indispensable, bien que l’allégement de l’effectif soit un dénominateur commun pour tous. Une première mesure incontournable qu’il faudrait prendre tout en respectant les droits des salariés appelés à partir. Ladite démarche impose aussi une évaluation qui permettrait de trancher quant à la nécessité de privatiser ou non. Pour les entreprises qui ne seront pas privatisées, il faudrait mettre en place une stratégie globale de mise à niveau de façon à redresser leur situation et les rendre ensuite rentables ou plus rentables. De social, ces entités doivent se reconvertir à l’économique. Là il y a beaucoup de pain sur la planche, à commencer par l’instauration de la bonne gouvernance. Bonne gouvernance voulant dire comme tout le monde le sait, séparation entre pouvoir de surveillance et celui de l’exécution, transparence de la gestion, redevabilité de tous, etc. Mais ce n’est pas tout, car il faudrait assouplir les règles de gestion financière tout en renforçant le contrôle a priori. N’oublions pas que ces entreprises sont appelées à devenir compétitives et donc à réagir rapidement. Tout cela nécessite aussi bien une refonte en profondeur du management qu’une révolution au niveau des mentalités. Mentalité est ici un maître mot, car aucun changement tangible et durable ne peut avoir lieu sans être accompagné d’un changement des mentalités. Il s’agit de se débarrasser d’un modèle à forte connotation administrative, peu transparent, basé, entre autres, sur les procédures, les statuts, les droits acquis, l’inertie, le manque d’engagement et d’implication et le clientélisme pour un modèle totalement transparent, basé, entre autres, sur les résultats, les rôles, l’initiative et le mérite. Un travail sérieux, ferme et de longue haleine doit donc être entrepris dans ce sens, avec la nécessité d’imposer la démarche « projet d’entreprise ». Celle-ci offre la possibilité de mobiliser l’ensemble de l’effectif autour des objectifs à définir et de renforcer l’appartenance du personnel à l’entreprise et son implication effective pour la réalisation desdits objectifs. Il s’agit par ailleurs d’instaurer rigueur et qualité en mettant en place des programmes de management et de la qualité et des ressources humaines. Cela permettra de donner plus d’autonomie aux salariés et de les transformer en acteurs alors que jusque-là ils sont considérés pour la plupart d’entre eux comme de simples exécutants. Côté organisation, ces entreprises ont aussi besoin de mettre en place et le plus tôt possible la fonction marketing et de renforcer sérieusement la fonction commerciale, aussi bien côté méthodes de travail que côté effectifs. Ce sont là les grandes lignes d’une éventuelle réflexion devant précéder l’élaboration de tout projet de stratégie destiné à transformer les entreprises publiques non concernées par la privatisation en des entreprises réellement rentables.