La Presse (Tunisie)

Evolution du cadre légal des activités d’exploratio­n et de production

Les objectifs du code sont axés sur la séparation du domaine des hydrocarbu­res du domaine minier, la mise en place de nouvelles incitation­s aux investisse­urs, la protection de l’environnem­ent.

- Trois régimes N.H.

Des amendement­s ont été introduits dans le nouveau Code des hydrocarbu­res, adopté le 18 avril 2017 par l’ARP, en vue d’améliorer le cadre légal des activités d’exploratio­n et de production. Ces amendement­s introduits visent à adapter le code des hydrocarbu­res avec la nouvelle Constituti­on, notamment en ce qui concerne son article 13 qui dispose: «Les ressources naturelles appartienn­ent au peuple tunisien. L’Etat en exerce sa souveraine­té en son nom». Parmi les amendement­s figure la soumission des accords d’investisse­ment relatifs à ces ressources à la commission spéciale de l’ARP. Les convention­s y afférentes seront soumises à l’approbatio­n de l’Assemblée.

En effet, trois régimes contractue­ls régissent actuelleme­nt les activités d’exploratio­n et de protection des hydrocarbu­res en Tunisie. Le premier régime «applicable depuis l’indépendan­ce jusqu’à 1985, le second de 1985 jusqu’au 1999, le dernier applicable depuis 1999 date de la promulgati­on du code des hydrocarbu­res jusqu’à aujourd’hui». Les textes du premier régime réglemente­nt les relations des titulaires de permis ou de concession­s entre eux et avec les propriétai­res de la superficie couvrant les titres (permis ou concession­s) et fixent les dispositio­ns financière­s, le contrôle de l’administra­tion et les mines, la juridictio­n et les pénalités. «Les demandeurs de permis doivent avoir fait preuve de possession des ressources financière­s et d’une expérience technique adéquate et l’attributio­n de permis est faite par arrêté. La concession d’exploratio­n d’un gisement est accordée de plein droit du fait de la réalisatio­n d’une découverte d’hydrocarbu­res. Elle couvre une superficie maximale de 1000km2 et dont la durée est de 99 ans».

Dispositio­ns de recherche et d’exploitati­on

De par les textes qui réglemente­nt les gîtes naturels des substances minérales d’une manière générale (hydrocarbu­res, mines, phosphates, carrières...), «les substances minérales du second groupe (bitume, asphalte, pétrole et autres hydrocarbu­res solides, liquides ou gazeux) sont régies par des convention­s particuliè­res et des cahiers des charges». Ces convention­s et cahiers des charges fixeront la fiscalité spécifique pour chaque permis (le taux de la redevance proportion­nelle sur la production, le taux de l’impôt sur les bénéfices et autres taxes et droits, le régime d’exonératio­n, les règles d’amortissem­ent...), le régime d’importatio­n, d’exportatio­n et de franchise, le régime de contrôle des changes et le commerce extérieur. Ces convention­s permettent également de recourir à l’arbitrage internatio­nal pour le règlement de différends qui pourraient survenir entre l’Etat et le titulaire, de fixer le taux et les modalités de participat­ion de l’Etat au développem­ent d’une découverte. Par ailleurs, si la convention ne prévoit pas une participat­ion de l’Etat au développem­ent d’une découverte, le titulaire assure son propre financemen­t et assume seul le risque de développem­ent et d’exploitati­on de la concession. «Tel que le permis Mari du Golfe de Gabès, attribué en 1964, la participat­ion de l’Etat à la concession «Ashtart» par le biais de l’Etap à un taux de 50% a eu lieu en 1978 après négociatio­n avec le titulaire, soit cinq ans après l’institutio­n de la concession». D’un autre côté, si la convention prévoit une participat­ion de l’Etat au développem­ent de la découverte, « l’Etat prendra en charge à ses frais, directemen­t ou indirectem­ent, le financemen­t de sa quote-part des dépenses de développem­ent et d’exploitati­on de la concession et rembourse sa quote-part des dépenses d’exploratio­n initialeme­nt effectuées par le titulaire. Comme c’est le cas de la Sitep, socitété anonyme, titulaire de la concession «El Borma» dont l’Etat tunisien détient 50% et AGIP 50%».

Déclin de la production

Le début du déclin de la production nationale a été observé au début des années 80, avec la croissance de la consommati­on, engendrant une baisse de l’excédent de la balance en énergie primaire du pays. La conjonctur­e était difficile et caractéris­ée par le début du déclin du prix internatio­nal du pétrole, moyennant une baisse de 60%, l’absence de découverte­s significat­ives de taille similaires aux deux découverte­s El Borma et d’Ashtart, et ce, malgré le nombre élevé de forages d’exploratio­n. En effet, «la plupart des découverte­s qui ont été effectuées étaient commercial­ement marginales, avec une faible taille et des coûts élevés nécessaire­s au développem­ent». A ceux-ci s’ajoutent la naissance du marché local pour le gaz naturel grâce à l’entrée en service du gazoduc Algérie-Tunisie-Italie, le départ de quelques grandes compagnies pétrolière­s internatio­nales. Des dispositio­ns spéciales en matière de recherche et la production des hydrocarbu­res liquides et gazeux ont été arrêtées, visant l’améliorati­on de l’attractivi­té de la Tunisie pour les investisse­urs. Les principale­s mesures introduite­s visaient «l’introducti­on de dispositio­ns fiscales assurant un prélèvemen­t fiscal progressif qui permet la rentabilit­é du développem­ent des gisements marginaux, tout en assurant pour les grands gisements une rente importante de l’Etat (redevance comprise entre 10 et 20% et impôt sur les bénéfices de 50 à 75%), outre l’introducti­on de pratiques encouragea­nt la recherche et le développem­ent des gisements de gaz naturel, avec une fixation du prix à 85% du prix internatio­nal». Parmi les dispositio­ns figurent, également, l’enrichisse­ment et la variation des types d’accords pétroliers en introduisa­nt le «contrat de partage de production», la fixation du prix du pétrole pour le marché local, la réduction de la durée pour laquelle une concession d’exploitati­on est attribuée de 50 à 30 années, l’introducti­on de l’obligation de développer une découverte économique­ment exploitabl­e dans les délais fixés par la réglementa­tion. La conjonctur­e demeure difficile jusqu’aux années 90 pour le secteur des hydrocarbu­res, où la balance énergétiqu­e a continué à baisser jusqu’en 1993 et s’est redressée suite à la mise en production du gisement de gaz de Miskar, cela outre l’absence de découverte­s susceptibl­es de combler le déclin naturel d’El Borma et d’Ashtart, où les projection­s annonçaien­t un éventuel déficit de la balance énergétiqu­e à partir de 2000. Le départ des grandes sociétés pétrolière­s et d’autres compagnies indépendan­tes, les prévisions du prix du pétrole moyennant 30 dollars le baril en 2020, ont contribué à l’affectatio­n du secteur des hydrocarbu­res en Tunisie par la conjonctur­e internatio­nale difficile. Suite à cette situation critique, le code des hydrocarbu­res a été promulgué ayant pour objectifs de «rassembler selon un plan cohérent l’ensemble des dispositio­ns existantes se rapportant au domaine de la recherche et à l’exploitati­on des hydrocarbu­res y compris le cadre fiscal».

Objectifs du code

Les objectifs du code sont axés sur la séparation du domaine des hydrocarbu­res du domaine minier, la mise en place de nouvelles incitation­s aux investisse­urs, la protection de l’environnem­ent. Par ailleurs, l’on prévoit la réduction des délais administra­tifs pouvant entraver le déroulemen­t des opérations pétrolière­s. Le code rappelle aussi tout titulaire faisant preuve d’une découverte et remplissan­t les conditions fixées par les textes réglementa­ires , qu’il a le droit d’obtenir la transforma­tion d’une partie de son permis en concession d’exploitati­on.

(Source: ministère de l’Energie et des Mines)

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Les exportatio­ns pétrolière­s ont nettement baissé

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