Mise au point
C’est en soi une leçon de sérénité. De la grande sérénité dont sont traditionnellement réputés les grands argentiers que rien n’agace plus que les effets d’annonce, les anticipations hasardeuses, la volatilité. Ils étaient d’ailleurs les seuls à demeurer placides face aux déclarations de la ministre des Finances sur la valeur du dinar. Seul le gouverneur de la BCT leur dispute ce silence olympien, ce qui, tout naturellement, ne pouvait que les rassurer au moment où un vent de panique semblait souffler sur la cité ; l’Utica avait aussitôt exprimé sa « profonde inquiétude ». Dans un communiqué publié ce lundi, l’Ugtt a estimé que «le silence prémédité de la Banque centrale sur la politique monétaire a aggravé la situation ».
A ce point devenu si assourdissant, le silence de l’autorité monétaire devait, à l’évidence, être vite rompu au risque d’alimenter de nouvelles supputations et conjectures.
L’autorité monétaire a enfin pris position face à la dépréciation de la monnaie nationale. Le conseil d’administration de la BCT, réuni mardi, a pris le soin de préciser que la politique monétaire et celle de change ne visent pas la dévaluation ou le flottement du dinar, ni la baisse du taux de change, mais elles ciblent la mise en place d’interventions étudiées et coordonnées, afin de faire face aux variations brusques des taux de change, tout en veillant à activer le rôle régulateur du taux de change pour maîtriser le glissement du déficit commercial et préserver un seuil minimum de réserves en devises. Voilà qui est d’une irréprochable clarté ! Dans la foulée, elle décide d’augmenter son taux directeur de 50 points de base, pour atteindre 4,75% . Or, le relèvement du taux directeur n’a rien à voir avec la santé du dinar. Une telle mesure serait valable pour une monnaie convertible où le relèvement du taux d’intérêt attirerait des placements extérieurs à la recherche d’une meilleure rentabilité. Ce qui n’est évidemment pas le cas pour le dinar. Le relèvement du taux d’intérêt répond à une recommandation du FMI. Celle de tendre vers des taux d’intérêt réels positifs à même d’encourager l’épargne, de baisser la tension sur le marché monétaire et de limiter l’assèchement des liquidités. Bravo l’artiste ! Toutefois, à un moment où on a besoin grandement d’investissement, est-ce raisonnable ?!
le relèvement du taux d’intérêt répond à une recommandation du FMI. Celle de tendre vers des taux d’intérêt réels positifs à même d’encourager l’épargne, de baisser la tension sur le marché monétaire et de limiter l’assèchement des liquidités. Bravo l’artiste ! toutefois, à un moment où on a besoin grandement d’investissement, est-ce raisonnable ?!