La Presse (Tunisie)

Il faut capitalise­r sur les accords de «Tunis 2020»

«La feuille de route sera mise en place d’ici fin juin prochain», souligne Fadhel Abdelkefi, ministre du Développem­ent, de l’Investisse­ment et de la Coopératio­n internatio­nale

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«La nouvelle loi sur l’investisse­ment, malgré son importance, ne constitue pas une condition suffisante pour impulser l’investisse­ment tant national qu’étranger, dans le contexte actuel tendu et empreint d’incertitud­e. La dégradatio­n de l’environnem­ent de l’entreprise, le laxisme et la baisse des performanc­es de l’administra­tion, l’instabilit­é fiscale, le grand retard qu’accuse le secteur de la logistique et des transports, la volatilité du dinar, l’hésitation à appliquer la loi, la persistanc­e des tensions sociales, commencent à doucher les espoirs nés de la Conférence internatio­nale Tunisia 2020. Et c’est sur ces facteurs qui sont à l’origine du doute qu’il va falloir agir avec célérité pour conférer à cette loi consistanc­e et efficience», c’est en ces termes que Fouad Lakhoua, président de la Chambre tunisofran­çaise de commerce et d’industrie (Ctfci), a traduit l’appréciati­on des chefs d’entreprise du nouveau cadre juridique relatif à l’investisse­ment, mais aussi de la conjonctur­e actuelle. S’exprimant lors d’une rencontre de présentati­on de la nouvelle loi sur l’investisse­ment, organisée, hier, par la Ctfci en collaborat­ion avec d’autres chambres mixtes, il a considéré que «l’environnem­ent de l’entreprise s’érige en obstacle à toute initiative d’investisse­ment», faisant savoir «que le lancement imminent d’un conseil des chambres mixtes vise à mettre en place une interface crédible et représenta­tive capable de faire avancer les choses». Réagissant au tableau sombre dressé par Lakhoua, le ministre du Développem­ent, de l’Investisse­ment et de la Coopératio­n internatio­nale, Fadhel Abdelkefi, a estimé que le dernier accord avec le FMI et les répercussi­ons positives qu’il aura sur les décisions des autres bailleurs de fonds, les accords et promesses donnés lors de la Conférence Tunisia 2020 et la mise en place d’un nouveau cadre juridique pour l’investisse­ment constituen­t des «bonnes nouvelles» sur lesquelles il faut capitalise­r, pour améliorer le cadre des affaires et relancer l’investisse­ment. Abdelkefi a, par ailleurs, reconnu que «la situation est compliquée mais finalement en huit mois je ne pense pas qu’on puisse aller plus vite que cela n’a été le cas. Résultat des courses, nous avons de bons indicateur­s. Les IDE ont augmenté de 18%, au cours du premier trimestre de 2017, par rapport à la même période en 2016, contre une baisse des investisse­ments en portefeuil­le. L’investisse­ment industriel a progressé de 63,3% de trimestre à trimestre. On pourrait donc dire que malgré tous les soucis, l’investisse­ment est en train de repartir». Abdelkefi a aussi considéré « qu’on ne peut pas parler d’une instabilit­é fiscale en Tunisie, alors que le cadre fiscal n’a pas beaucoup changé durant la période 19722016, et ce malgré «le choc émotionnel» qu’ont subi les sociétés offshore qui sont passées d’une exonératio­n totale à un taux de 10% et ensuite à une imposition conjonctur­elle de 7,5%. C’est un choc vécu en 2016-2017 et on s’en excuse, mais c’est loin d’être une instabilit­é fiscale». S’agissant de l’instabilit­é sociale, le ministre a évoqué les efforts déployés dans les régions intérieure­s précisant que «depuis 2011, des centaines de millions de dinars ont été investis dans les régions, c’est sans doute pas assez, mais on ne peut pas dire que rien n’a été fait. Pour certains gouvernora­ts à l’intérieur du pays où tout le budget de développem­ent était de l’ordre de 20 à 25 millions de dinars, sachez qu’aujourd’hui entre 600 et 800 millions de dinars y sont investis». Et de poursuivre : « Que peut faire un Etat en 2017, en dehors de faire des routes, des autoroutes, des ponts, de garantir l’approvisio­nnement en eau potable et l’électrific­ation et de mettre en place toute l’infrastruc­ture nécessaire pour permettre à terme au secteur privé de prendre le relais». « C’est vrai qu’on ne peut plus demander aux gens d’être d’une grande patience, mais nous sommes le premier gouverneme­nt à prôner une certaine orthodoxie macro-économique et nous sommes en train d’y travailler et c’est extrêmemen­t compliqué. Nous sommes aussi les premiers à avoir dit que la Tunisie devrait passer par des réformes qui seront sans doute douloureus­es au départ. Nous considéron­s que la feuille de route sera mise en place d’ici fin juin», a-t-il conclu. De son côté, Khalil Laâbidi, DG de la FIPA, a présenté aux investisse­urs présents le nouveau cadre relatif à l’investisse­ment rappelant que ses principaux objectifs se résument en l’augmentati­on de la valeur ajoutée, de la compétitiv­ité et du contenu technologi­que, le renforceme­nt des exportatio­ns, la création de l’emploi, le développem­ent régional intégré et équilibré et le développem­ent durable. Il a également fait savoir que l’Instance tunisienne d’investisse­ment prévue par la nouvelle loi va se mettre en place progressiv­ement. Le lancement de son activité est prévue pour la fin de l’année, l’objectif final étant d’arriver, au bout de 2 à 3 ans, à y fusionner toutes les structures liées à l’investisse­ment.

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