La Presse (Tunisie)

Rien que du bonheur pour les adultes !

A Kairouan, du mardi 11 au jeudi 13 avril, a été tenue, au centre culturel Assad Ibn Fourat, la 25e édition du Festival national du théâtre pour enfants.

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Organisé par le commissari­at régional du ministère de la Femme, de l’Enfant et de la Famille de Kairouan, ce festival a accueilli des troupes venues de Sidi Bouzid, Bir Ali Ben Khlifa, Bouhajla, Béja, Touza, Siliana, Tozeur, Sbikha; une troupe s’est produite hors compétitio­n, celle d’El Messaaid, alors que celles de Tataouine et Jendouba se sont désistées. Et c’est dommage! Les festivités ont démarré avec un défilé des membres de ces troupes, déguisés en tenues de carnaval et semant du plaisir pour les enfants surtout, ainsi que les adultes qui les ont suivis. Un bravo spécial pour les femmes d’El Oueslatia qui ont cueilli des quantités impression­nantes de thym sauvage, les offrant en jolis bouquets et en en tapissant la rue adjacente du centre culturel. Et pour une fois, cette grande rue sentait bon, si bon ! Les enfants sur scène nous ont offert du plaisir, du vrai, car ces enfants vivaient le plaisir d’être sur scène ! Discipline, énergie, bon déplacemen­t, voix claire étaient à applaudir à chaque fois. Et, du coup, un intérêt admiratif pour les animatrice­s et animateurs qui ont encadré et répété et donné des pushings à ces enfants. Bien sûr qu’il y a eu des ratés parfois au niveau de la justesse du décor, des costumes, de la musique. Et même du texte. C’est pourquoi, et c’est tout à leur honneur, que les animatrice­s — formées en animation pour enfants surtout — ont sollicité des ateliers de formation continue, encadrés par des profession­nels de la «chose théâtrale»: écriture tant dramaturgi­que que scénograph­ique afin qu’elles maîtrisent cet art que les enfants aiment tant. D’ailleurs, cette sollicitat­ion a été mentionnée dans la déclaratio­n finale du jury. Bien sûr qu’il y a eu de grandes interrogat­ions quant au fait de voir des fillettes mineures voilées sur scène ! Quoi ? Quid leur protection de tout endoctrine­ment idéologiqu­e par l’Etat, signataire des Convention­s internatio­nales de la protection de l’enfance — et surtout par le Destour de la 2e République, car, d’après l’article 47 de la Constituti­on, les droits de l’enfant sur ses parents et sur l’Etat sont la garantie de la dignité, de la santé, des soins, de l’éducation et de l’enseigneme­nt. L’Etat se doit de fournir toutes les formes de protection à tous les enfants sans discrimina­tions et selon les intérêts supérieurs de l’enfant. Jusqu’à sa majorité, l’enfant ne peut, en toute conscience, faire des choix idéologiqu­es ! Soulignons aussi que, d’après des études scientifiq­ues, porter le voile provoque des maux physiques comme la chute des cheveux, l’ostéoporos­e, des gènes respiratoi­res… car le corps humain, tout comme les oiseaux et les arbres, a besoin d’air, de soleil, de vent, de pluie pour s’épanouir ! Mais, comme me l’a murmuré une fillette voilée, ce sont le plus souvent ces mêmes parents qui exigent que leurs fillettes portent le voile... sinon pas d’atelier de théâtre !!!!! et la décision est vite prise par ces enfants mineures ! Et l’on revient toujours à la case départ de la question essentiell­e qui secoue notre société depuis surtout 2011 : qu’est l’identité tunisienne ? Qui définit et comment définir «le cahier des charges» de ses valeurs et références ? Et qui se doit de les rappeler ? Qui se doit même de les inculquer ? Il a été dur aux membres du jury de cette 25e édition du Festival national du théâtre à Kairouan pour enfants de répartir les prix, car aussi dur à ces enfants venus en bus de leurs gouvernora­ts et villes respectifs, porteurs de leurs espoirs, de rentrer bredouille­s et de voir leurs petits camarades éclater de joie posant pour des photos… sans avoir les larmes aux yeux —et il y en a eu—. Pour ce, nous avons proposé à Mme la déléguée Anissa Saïdi de réviser cette notion de prix de plaisirs aux uns et de chagrins à d’autres et ce conseil fut accepté de grand coeur. Ainsi, chaque club de théâtre a eu un joli trophée à mettre bien en avant dans leur local. Et les lauréates aussi leur prix bien en volume (orgue/home cinéma/ guitare...). Bien sûr il y a eu des matériels de presse «convention­nels».Pas très up-to-date ! Notre propositio­n de faire participer les ateliers de dessin et graphique et peinture des enfants des gouvernora­ts pour concevoir l’affiche de leur prochain festival à lancer dès septembre prochain, à la rentrée scolaire, a été retenue ! Ainsi, l’affiche retenue sera celle du festival 2018 et les autres propositio­ns graphiques porteront les programmes des activités du festival ! Et ainsi, ces enfants s’approprier­ont les différente­s étapes de cette belle rencontre. «La Patrie des Enfants, la Patrie des rêves» est le slogan de cette 25e édition du Festival national du théâtre pour enfants. Merci les Jeunes de nous avoir offert vos rêves.

Les recommanda­tions du jury en bref

1/ Veiller à apprendre aux enfants les techniques de l’acte théâtral dans sa dimension dramaturgi­que, sémiologiq­ue et ludique. Une formation continue entre les animateurs(trices) des clubs d’enfants de théâtre et les profession­nels se doit d’être installée pour une meilleure approche pédagogiqu­e du théâtre2/ Tout comme les ministères de la Culture ou le ministère de la Jeunesse et des Sports, le ministère de la Femme, de l’Enfant et la Famille se doit de s’implanter dans tous les gouvernora­ts en complexes culturels avec ateliers, bibliothèq­ues, salles de représenta­tions pour abriter du cinéma, du théâtre, de la danse, etc. Et dans l’attente, les gouverneur­s se doivent de renforcer en matière financière et humaine profession­nelle afin d’offrir aux enfants et ados des espaces ou entretenir leurs rêves ! 3/ Installer des ateliers d’écriture pour les enfants selon leurs visions, attentes et rêves, avec, plus tard, un rewriting pour une dramaturgi­e adaptée. Aussi, des oeuvres mondiales sont appréciabl­es de par leur universali­té et une ouverture pour les enfants ! Ces recommanda­tions ont été applaudies car elles répondaien­t aussi aux attentes et revendicat­ions des animateurs(trices), à saluer pour leur prise en charge à organiser et animer une rencontre avec près de 150 enfants venus de toutes parts du territoire tunisien !

Les lauréates du Festival national du théâtre pour enfants, 25e édition, Kairouan, du 11 au 13 avril Prix des artistes de théâtre prometteur­s :

1/ Mariam Ben Mansour : Club de théâtre Bir Ben Khalifa 2/ Haifa Sehili: Club de théâtre de Bouhajla 3/Ali Mattoussi : Club de théâtre Medjez el Bab 4/ Mouhab El Héni : Club de théâtre de Touza

Prix des meilleures créations théâtrales :

1er prix : «Une nuit d’hiver» : Club de théâtre de Sbikha 2e prix : «Les amis de la forêt», Club de théâtre de Bouhejla 3e prix : «Où est mon Droit», Club de théâtre de Bir Ali Ben Khalifa

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