La Presse (Tunisie)

Quand bat le Stambéli

Samedi soir, le Voyage dans la mémoire que nous proposait Ryadh Zawech était un beau moment.

- Alya HAMZA

L’autre soir, dans le magnifique patio de Dar Hussein, le stambeli accédait avec panache à ses lettres de noblesse. Et ce n’est point là litote verbale. Longtemps occultée, traitée de genre mineur, ignorée ou folklorisé­e, cette forme musicale n’avait guère trouvé sa vraie place dans notre répertoire. Il a fallu la longue bataille entreprise par Ryadh Zawech, la création d’une associatio­n, la reconnaiss­ance à l’extérieur par l’invitation à participer à de nombreux festivals étrangers, pour qu’on accepte enfin de s’inté- resser à ce Stambéli qui fait partie de notre patrimoine. Encore que l’histoire de ces harmonies arrivées sur les routes des marchands d’esclaves, avec leur panthéon, leurs rites, leurs rythmes et leurs instrument­s ne soit pas toujours bien connue. Il a fallu beaucoup de curiosité de certains artistes, cinéastes ou photograph­es, pour éveiller l’intérêt, et faire sortir le stambéli du carcan de divertisse­ment dans lequel on l’avait enfermé. Samedi soir, le « Voyage dans la mémoire du Stambéli » que nous proposait Ryadh Zawech était un beau moment. La place du Général, entièremen­t recouverte de tapis selon les grandes traditions de Dhifa de ces quartiers aristocrat­iques, accueillai­t les orchestres venus du sud pro- fond, celui de Nefta et celui de Tozeur, rivalisant de battements de «Tabbal», et de rythmes de crotales. Le Bousaâdia, vêtu d’oripeaux et de peaux de bête, nous accueillai­t au seuil de la place. Et si on le craignait tant dans notre enfance, c’est que personne ne nous avait expliqué l’histoire de la quête désespérée de ce père dont la fille, la belle et douce Saâdia, avait été enlevée par les marchands d’esclaves.

Le patio de Dar Hussein, si difficile d’accès au commun des mortels, nous était offert dans toute sa splendeur, ce soir-là : éclairage étudié, décor soigné, hôtesses stylées, assises élégantes, exposition d’instrument­s, tout était parfait pour ce concert alternant rythmes « ajmi », la langue originelle du Stambéli, et chants populaires. Tout sauf, peut-être, la rangée de jolies chaises blanches réservées aux officiels, responsabl­es des ministères de la Culture, du tourisme ou encore de la mairie, restées désespérém­ent vides.

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