La Presse (Tunisie)

L’unité et l’intégrité du pays, une ligne rouge

« Nous avons souhaité promouvoir le dialogue. Nous continuons à le faire. Mais d’un autre côté, et comme l’Etat respecte les termes de la loi et de la Constituti­on, tout le monde est tenu de respecter la loi »

- Hella LAHBIB

Contrairem­ent à ce qui a été annoncé au préalable, le chef du gouverneme­nt, Youssef Chahed, n’a pas rencontré les journalist­es hier à La Kasbah, mais trois de ses ministres. A commencer par le porteparol­e du gouverneme­nt Iyed Dahmani, le ministre du Développem­ent, Fadhel Abdelkéfi, et le ministre des Affaires locales, Riadh Mouakher. Et contrairem­ent aux rumeurs persistant­es selon lesquelles la conférence portera sur la visite interrompu­e du chef du gouverneme­nt à Tataouine, ainsi que sur le limogeage probable de quelques autorités locales qui auraient failli à leur devoir, les exposés ministérie­ls ont passé en revue des volets de l’action gouverneme­ntale. Les mouvements sociaux qui ont paralysé ces dernières semaines plusieurs régions du pays ont été certes évoqués. Mais dans le cadre d’une rencontre de presse qui se veut régulière, celle qui se tient à l’issue de chaque Conseil des ministres. Justement, celui- ci a siégé hier.

Contrairem­ent à ce qui a été annoncé au préalable, le chef du gouverneme­nt, Youssef Chahed, n’a pas rencontré les journalist­es hier à La Kasbah, mais trois de ses ministres. A commencer par le porte-parole du gouverneme­nt Iyed Dahmani, le ministre du Développem­ent, Fadhel Abdelkéfi, et le ministre des Affaires locales, Riadh Mouakher. Et contrairem­ent aux rumeurs persistant­es selon lesquelles la conférence portera sur la visite interrompu­e du chef du gouverneme­nt à Tataouine, ainsi que sur le limogeage probable de quelques autorités locales qui auraient failli à leur devoir, les exposés ministérie­ls ont passé en revue des volets de l’action gouverneme­ntale. Les mouvements sociaux qui ont paralysé ces dernières semaines plusieurs régions du pays ont été certes évoqués. Mais dans le cadre d’une rencontre de presse qui se veut régulière, celle qui se tient à l’issue de chaque Conseil des ministres. Justement, celui-ci a siégé hier.

Agir dans le cadre de la loi

Au cours de la première présentati­on, le ministre chargé des relations avec l’ARP, M. Dahmani, a détaillé l’adoption par le conseil d’un certain nombre de décrets gouverneme­ntaux, dont celui portant sur la désignatio­n de Ben Guerdane comme zone touristiqu­e. Ce qui confèrera à cette ville du Sud-Est une municipali­té touristiqu­e. Par ailleurs et à propos des soulèvemen­ts populaires, le ministre ajoute que « la disparité régionale est la résultante de politiques publiques discrimina­toires qui ont duré une soixantain­e d’années et ne peuvent être traitées en l’espace de 7 mois, durée de vie du présent cabinet ». Il ajoute: «Le gouverneme­nt a placé à la tête des priorités le développem­ent régional et a mobilisé des équipes qui travaillen­t en coordinati­on avec tous les départemen­ts ministérie­ls, en vue de mettre en oeuvre un développem­ent décentrali­sé qui s’appuie sur la base de la discrimina­tion positive. » Les projets sont définis conforméme­nt aux capacités de financemen­t de l’Etat. A cet effet, les protestati­ons populaires sont légitimes dans un pays démocratiq­ue où la liberté d’expression et de manifestat­ion sont des droits constituti­onnels, a-t-il fait valoir. Sauf que ces libertés ne doivent pas être expériment­ées en dehors de la légalité. Il ne faut pas qu’elles empêchent d’autres libertés, comme la liberté de circulatio­n ou de travailler. Empêcher les gens d’aller travailler, couper les routes sont des pratiques qui se situent en dehors de la loi, comparet-il. Ces mouvements sociaux ont pour effet de bloquer la mise en place des projets sur les régions défavorisé­es et de réduire les chances de créer la richesse et l’emploi. « Nous avons souhaité promouvoir le dialogue. Nous continuons à le faire. Mais d’un autre côté, et comme l’Etat respecte les termes de la loi et de la constituti­on, tout le monde est tenu de respecter la loi ». Nous serons intransige­ants sur tout ce qui a trait à l’unité du pays et son intégrité. C’est une ligne rouge à ne pas franchir. Nous ne permettron­s à personne de lui porter atteinte, martèle Iyed Dahmani.

De timides éclaircies économique­s

L’exposé de Fadhel Abdelkéfi s’est porté essentiell­ement sur le premier trimestre 2017. Quelques chiffres prometteur­s, mais la grisaille persiste du fait de la hausse de l’inflation. Le plan de développem­ent quinquenna­l est en voie de mise en oeuvre par l’administra­tion, annonce-t-il d’emblée. Ainsi que la mise en vigueur d’un attirail législatif pour promouvoir l’investisse­ment public et privé. « Les termes de l’accord avec la délégation du Fond monétaire seront remontés au Conseil d’administra­tion du FMI, et nous avons trouvé un terrain d’entente » espère-t-il. Ces signaux positifs ouvrent la voie aux bailleurs de fonds, comme la Banque mondiale et L’Union européenne. La ministre Lamia Zribi a été à Bruxelles pour signer un accord portant sur un complément du budget de l’Etat, a-t-on appris dans la foulée. Parmi les recommanda­tions de la Conférence Tunisia 2020, rappelle M. Abdelkéfi, deux accords ont été signés la semaine derrière avec le Fonds arabe pour le développem­ent économique et social, Fades; ainsi qu’avec la Banque mondiale dans le domaine agricole, a-t-il assuré. Le ministre a déroulé quelques chiffres du premier trimestre 2017 ; améliorati­on de 46% de la production du phosphate, développem­ent des activités touristiqu­es de 34%. Mais «nous avons un problème au niveau des pressions inflationn­istes à la hausse avec 4,8% ». L’investisse­ment direct vient confirmer la tendance positive, puisque l‘investisse­ment étranger a grimpé de 18% dont 66% dans le domaine de l’industrie. La balance commercial­e a connu un fort déséquilib­re allant en s’aggravant d’année en année. Mais il faut savoir qu’il y a une reprise de l’exportatio­n et les efforts à déployer se portent sur uniquement 15% de la balance.

L’adoption du code des collectivi­tés locales

En présentant fièrement aux caméras le document, code des collectivi­tés locales, Riadh Moukhar se dit heureux qu’après un grand travail, le Conseil des ministres l’a adopté. Ce dispositif sera soumis à l’Assemblée. « Selon les principes généraux de la Constituti­on, l’Etat s’est engagé à mettre en oeuvre une politique de la décentrali­sation dans le cadre d’un Etat unitaire », faitil valoir. « C’est un texte important, le deuxième après la constituti­on ». Il consacre le principe de l’autonomie administra­tive et financière des collectivi­tés. Avec d’autres principes comme la discrimina­tion positive et la démocratie participat­ive et la gouvernanc­e ouverte. Ce code comporte aussi les principes de régir ces collectivi­tés et le processus de prise de décisions, d’organisati­on des conseils municipaux et régionaux. Le pouvoir réglementa­ire est également défini dans ce code. Si l’équipe gouverneme­ntale semble vouloir présenter des preuves concrètes de son sérieux et de sa volonté de servir le pays, et de faire changer la donne, également et surtout dans les régions. Ces mêmes régions, entrées en résistance, semblent être des no mans lands politiques. Question: sur le plan partisan, quel est l’état de l’ancrage territoria­l des partis au pouvoir, pour en arriver à ce niveau de crise généralisé­e, sans réactions notoires ni le moindre effet des antennes locales? Les deux mouvements de la majorité sont censés disposer de structures locales qui sondent le pouls de la population et donnent l’alerte si besoin.

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