La Presse (Tunisie)

Sur les chapeaux de roue

La première réunion du Conseil supérieur de la magistratu­re a enregistré, hier, l’absence de Mohamed Ennaceur, président de l’ARP, qui devait la présider selon l’amendement en date du 18 avril

- A. DERMECH

Hier, le Conseil supérieur de la magistratu­re a tenu sa première réunion dans le bâtiment annexe du palais du Bardo. Selon le communiqué publié par l’agence TAP, c’est la magistrate Raoudha Mechichi, présidente de la chambre d’appel au Tribunal administra­tif, qui a présidé la réunion.

Hier, le Conseil supérieur de la magistratu­re a tenu sa première réunion dans le bâtiment annexe du palais du Bardo. Selon le communiqué publié par l’agence TAP, c’est la magistrate Raoudha Mechichi, présidente de la chambre d’appel au Tribunal administra­tif, qui a présidé la réunion en question tenue en présence de 39 membres sur les 45 que compte le Conseil (Le CSM compte à ce jour six postes vocants). Et dès le départ, les observateu­rs relèvent les dysfonctio­nnements qu’ils considèren­t comme une violation de la loi amendant la loi organique portant création du Conseil supérieur de la magistratu­re votée le 18 avril. «La violation consiste en l’absence de Mohamed Ennaceur, président de l’Assemblée des représenta­nts du peuple (ARP), qui doit présider, selon l’amendement du 18 avril, la première réunion du Conseil supérieur de la magistratu­re considérée comme la réunion d’installati­on du Conseil», confie à La Presse le Pr Abdelmajid Abdelli, enseignant de droit public à l’université El Manar I et avocat à la Cour de cas- sation. Il ajoute : «L’amendement lui-même est considéré par plusieurs députés comme étant anticonsti­tutionnel et on attend l’avis que va rendre l’Instance provisoire de contrôle de la constituti­onnalité des projets de loi. Et déjà, on commet une erreur en permettant à Raoudha Mechichi de présider la réunion d’installati­on du Conseil alors que rien n’autorise Mohamed Ennaceur à déléguer ses pouvoirs à quiconque. Les magistrats qui contestent la compositio­n du Conseil, principale­ment ceux affiliés à l’Associatio­n des magistrats tunisiens (AMT), vont sûrement tirer profit de cette erreur inexplicab­le et inacceptab­le pour déclarer l’installati­on du Conseil nulle et non avenue».

Les attributio­ns du CSM

Mais loin des conflits à caractère juridique, l’on se demande quelles sont les attributio­ns du Conseil supérieur de la magistratu­re et pourquoi les magistrats de l’Associatio­n et ceux qui sont à couteaux tirés à propos de tout ce qui a rapport avec la réforme de la magistratu­re, la réhabilita­tion des magistrats et l’instaurati­on d’une magis- trature «réellement indépendan­te et impartiale». Notre interlocut­eur précise : «Le Conseil supérieur de la magistratu­re assure une triple fonction : il propose les promotions, décide des mutations et ordonne les sanctions. Et ces décisions sont prises généraleme­nt à la clôture de l’année judiciaire, au début de la saison estivale. Selon la Constituti­on, il est présidé par le premier président de la Cour de cassation. La nouveauté introduite par la Constituti­on du 27 janvier 2014 est le principe de l’inamovibil­ité des juges, ce qui veut dire qu’un magistrat ne peut être muté qu’à sa demande, ce qui revient à dire aussi que c’est le juge qui décide de la juridictio­n où il veut exercer. Ainsi, l’ère des mutations à caractère disciplina­ire est-elle révolue à jamais». Il est à signaler qu’on attendra encore pour savoir qui sera le président du Conseil, puisque le premier président de la Cour de cassation a fait valoir ses droits à la retraite et son successeur n’est pas encore désigné.

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