Le pape en voyage au Caire
Temps fort, le pontife doit prononcer un discours à une «conférence internationale de paix» organisée par la mosquée d’Al-Azhar
AFP — Le pape François a entamé hier un voyage au Caire dans un climat dramatique pour la plus grande communauté chrétienne du Moyen-Orient, cible d’attaques jihadistes, l’occasion pour cet avocat de la paix de prôner la tolérance aux côtés du grand imam sunnite d’Al-Azhar. L’avion papal devait décoller de Rome à 10h45 (08h45 GMT) et atterrir au Caire à 14h00 (12h00 GMT) pour une visite éclair de 27 heures dans un pays placé sous état d’urgence après deux attaques contre des églises coptes qui ont fait 45 morts le 9 avril, revendiquées par le groupe jihadiste Etat islamique (EI). Au Caire, les abords de la Nonciature apostolique, où le pape doit séjourner, étaient fermés à la circulation et sous la garde d’une forte présence policière et militaire.
AFP — Le pape François a entamé hier un voyage au Caire dans un climat dramatique pour la plus grande communauté chrétienne du Moyen-Orient, cible d’attaques jihadistes, l’occasion pour cet avocat de la paix de prôner la tolérance aux côtés du grand imam sunnite d’Al-Azhar. L’avion papal devait décoller de Rome à 10h45 (08h45 GMT) et atterrir au Caire à 14h00 (12h00 GMT) pour une visite éclair de 27 heures dans un pays placé sous état d’urgence après deux attaques contre des églises coptes qui ont fait 45 morts le 9 avril, revendiquées par le groupe jihadiste Etat islamique (EI). Au Caire, les abords de la Nonciature apostolique, où le pape doit séjourner, étaient fermés à la circulation et sous la garde d’une forte présence policière et militaire. Près de la cathédrale, siège de l’église orthodoxe copte, des blindés étaient stationnés, a constaté un photographe de l’AFP. Et toutes les églises d’Egypte ont été placées sous haute surveillance dans la crainte d’un attentat durant le voyage du pape.
Le long du parcours que doit emprunter le pape, des affiches géantes montrant le pontife sur fond de pyramides, lui souhaitent la «bienvenue», en anglais et en italien. «S’il vous plaît, priez pour mon voyage demain comme pèlerin de paix en Egypte», a tweeté jeudi le souverain pontife. La menace est omniprésente. Les jihadistes se sont engagés à multiplier les attaques contre les coptes, majoritairement orthodoxes, qui représentent environ 10% des 92 millions d’Egyptiens. En décembre, un autre attentatsuicide revendiqué par l’EI avait déjà fauché 29 personnes dans une église copte du Caire, où François se recueillera en fin de journée avec le pape de l’Eglise copte, Tawadros II. Peu après son arrivée, François se rendra au palais présidentiel pour une courte rencontre privée avec le président Abdel Fattah Al-Sissi. Largement soutenu par les chrétiens d’Egypte après le renversement de l’islamiste Mohamed Morsi en 2013, cet ex-chef de l’armée a été le premier président égyptien à se rendre à la messe de Noël à la cathédrale copte du Caire. Une nouvelle législation sur les églises a été par ailleurs promulguée en 2016 pour faciliter les procédures de construction d’églises, parfois construites sans autorisation. Temps fort de la journée, le pontife argentin donnera l’accolade au grand imam de la mosquée d’Al-Azhar, cheikh Ahmed AlTayeb, avant de prononcer un discours à une «conférence internationale de paix» organisée par l’institution islamique. Vieille de presque mille ans, elle héberge une université et des écoles attirant des étudiants du monde entier. Les dignitaires d’Al-Azhar vouent une haine profonde au jihadisme inspiré du salafisme rigoriste dominant en Arabie Saoudite. Mais Al-Azhar est également au coeur d’une lutte entre les autorités politiques et religieuses, depuis que M. Sissi fait campagne pour des réformes visant à éradiquer le discours extrémistes de la sphère religieuse. L’institution religieuse a par exemple refusé d’amender la pratique islamique des divorces prononcés de manière orale.
La visite du pape au Caire vise aussi à réchauffer les relations entre Al- Azhar et le Vatican, qui s’étaient crispées après des propos controversés en 2006 du pape Benoît XVI semblant associer islam et violence. L’institution cairote avait ensuite gelé ses relations avec le Vatican lorsque Benoît XVI avait appelé spécifiquement à protéger les chrétiens après un attentat-suicide meurtrier contre une église copte. Mais en mai 2016, le pape François avait reçu l’imam Ahmed Al-Tayeb, une rencontre qui avait constitué le point culminant d’un rapprochement rapide entre le Saint-Siège et Al-Azhar. Depuis son élection en 2013, Jorge Bergoglio, désireux de promouvoir la paix, multiplie les gestes d’ouverture envers les musulmans, au point de déconcerter parfois certains chrétiens. Il s’est rendu dans des mosquées, a lavé à Pâques les pieds de migrants musulmans ou encore ramené à Rome à bord de son avion trois familles syriennes musulmanes lors d’un déplacement sur l’île grecque de Lesbos. Le chef spirituel de près de 1,3 milliard de catholiques célébrera aujourd’hui une messe dans un stade militaire de la banlieue du Caire pour la très minoritaire communauté catholique égyptienne, 272.000 fidèles de différents rites, déterminés à lui offrir un accueil mémorable. Le voyage de François est le deuxième d’un pape en Egypte contemporaine après celui de Jean-Paul II en 2000, qui avait été précédé également par des violences anti-chrétiennes.