L’appui à l’innovation, vecteur de la croissance
Si le soutien à l’entrepreneuriat et à l’innovation est devenu un axe fondamental de la politique du gouvernement tunisien actuel, l’expérience américaine est très pertinente dans ce domaine. Plus précisément, l’Etat de la Caroline du Nord offre un exempl
C’est dans cet Etat du Sud-Est américain qu’a été créé, en 1963, le premier Conseil des sciences, technologies et innovation (Osti) en son genre aux Etats-Unis. Son objectif est d’encourager, promouvoir et appuyer l’application des recherches scientifiques, technologiques, industrielles et d’ingénierie en Caroline du Nord. Il vise aussi à explorer de nouveaux domaines des sciences et des technologies émergentes et la conduite d’études sur la compétitivité du secteur industriel et aussi des institutions de recherche. Le Conseil travaille également avec les organes législatifs et le gouverneur pour la mise en place de l’infrastructure adéquate permettant à la Caroline du Nord de maintenir son statut avancé en matière de science et de technologie et émet des conseils et des recommandations aux autorités. Composé de 25 membres, il englobe aussi bien les responsables officiels que des représentants des universités de la région et du secteur privé.
C’est dans cet Etat du Sud-Est américain qu’a été créé, en 1963, le premier Conseil des sciences, technologies et innovation (Osti) en son genre aux Etats-Unis. Son objectif est d’encourager, promouvoir et appuyer l’application des recherches scientifiques, technologiques, industrielles et d’ingénierie en Caroline du Nord. Il vise aussi à explorer de nouveaux domaines des sciences et des technologies émergentes et la conduite d’études sur la compétitivité du secteur industriel et aussi des institutions de recherche. Le Conseil travaille également avec les organes législatifs et le gouverneur pour la mise en place de l’infrastructure adéquate permettant à la Caroline du Nord de maintenir son statut avancé en matière de science et de technologie et émet des conseils et des recommandations aux autorités. Composé de 25 membres, il englobe aussi bien les responsables officiels que des représentants des universités de la région et du secteur privé.
Diversifier l’économie
Selon Dr John W. Hardin, directeur exécutif du Conseil, la Caroline du Nord était classée 49e à l’échelle du pays, en matière de salaires dans les années 50. Il y avait à l’époque une concentration des activités agricoles et des industries manufacturières et aussi à bas salaire comme le tabac, le coton et le textile. Actuellement, elle est classée 23e. Il indique que l’une des raisons de ce progrès est l’intérêt porté à la science, la technologie et l’innovation. «A l’époque, nous avions déjà des universités très performantes, mais nos jeunes diplômés quittaient toujours la région à la recherche d’opportunités de travail ailleurs. A ce moment, les leaders politiques ont pris conscience de la nécessité de diversifier l’économie, hors de l’agriculture et de l’industrie manufacturière. Nous sommes encore forts dans ces deux secteurs grâce aussi à l’innovation, mais nous nous sommes orientés vers d’autres secteurs à haute valeur ajoutée», affirme-t-il. Une vision stratégique pour l’économie du pays et pour la Caroline du Nord qui est devenue une zone vibrante pour la technologie et l’innovation aux Etats-Unis. Ceci n’aurait pas eu lieu sans un écosystème efficient focalisant sur la facilitation de l’investissement et accordant une place primordiale à la créativité et l’innovation. D’ailleurs, Dr Hardin nous indique qu’entre un tiers et la moitié de la croissance économique peut être attribué à l’innovation.
Feuilles de route
En Caroline du Nord, tout a été entrepris pour remédier aux insuffisances du système de mise en valeur de l’innovation et aux différents gaps entre les idées innovantes, la mise en place de produits et de pratiques innovantes et aussi les organisations innovantes, avec un objectif ultime d’améliorer l’environnement économique et la qualité de la vie dans cette région. Le diagnostic a montré des insuffisances au niveau du financement, des politiques, de l’infrastructure, de la recherche, à travers toute la chaîne de valeur allant de la Recherche & Développement, la commercialisation, l’éducation et la main-d’oeuvre. Ce diagnostic a amené à l’élabora- tion d’une vision stratégique pour le Conseil des Sciences, de la Technologie et de l’Innovation, avec pour but d’évaluer et de mettre en place des feuilles de route pour le futur économique de la région. Sur le terrain, cette approche a été concrétisée par la mise en place de programmes de financement, par l’organisation de workshops et de conférences pour catalyser l’investissement et aussi par l’attraction et le maintien de profils entrepreneuriaux très performants en Caroline du Nord. D’ailleurs, depuis 2006, le Conseil a attribué 558 subventions, soit près de 36 millions de dollars, à des centaines d’entreprises — en majorité des petites entreprises — en Caroline du Nord.
Appui consistant
Mais la mesure phare qui a transformé le paysage de l’entrepreneuriat dans cette région et aux Etats-Unis d’une façon générale est le «Small business innovation research» (Sbir), établi en 1982 par l’administration de Ronald Reagan. Ce programme avait pour objectif d’engager les petites entreprises dans le système de Recherche & Développement fédéral avec un potentiel de commercialisation de leurs produits. Selon Dr Hardin, ce programme bénéficie de 3,2% des budgets extra des agences fédérales pour la R&D, soit plus de 100 millions de dollars par an. Pour l’année 2015, 1,5 milliard de dollars ont été mobilisés à travers les 11 agences participant au programme. Depuis 1983, 43 milliards de dollars ont été attribués à travers 160 mille subventions dans tout le pays. Les agences fédérales participantes englobent aussi bien les ministères de la Défense, de la Santé, de l’Energie, de l’Agriculture, de la Sécurité nationale, la Nasa, etc. En Caroline du Nord, une coalition bipartisane de législateurs a établi un «Small business program» spécifique à la région, qui a inclu, en plus des grands axes du programme fédéral, un plus grand soutien aux entreprises opérant dans le high tech. A voir de près, les subventions ont été attribuées essentiellement aux entreprises opérant dans la biotechnologie (30%), les matériaux avancés (12%), le secteur médical (10%), le compter software (10%), la défense (9%), etc. Selon Dr Hardin, plusieurs grandes entreprises ont commencé avec ce genre de subventions. Elles sont actuellement très performantes et se sont développées à l’international. Il ajoute que l’écoystème développé en Caroline du Nord a encouragé plusieurs entreprises, surout en hightech, à rester et à se développer davantage. «Il est vrai que nous exigeons au début que l’entreprise ait au moins 51% de son activité dans l’Etat avec une obligation d’y rester pour deux ou trois années. Mais plusieurs entreprises y sont restées après cette période grâce notamment à une infrastructure efficiente et à un environnement très encourageant», précise-t-il, ajoutant que 98% des entreprises actives sont toujours présentes en Caroline du Nord. Dr Hardin affirme qu’on tend actuellement à renforcer le financement des petites entreprises dans l’étape intermédiaire de leur développement. Jusqu’ici, les subventions ont focalisé sur l’early stage. A ce niveau, il indique que le Conseil est en train d’étudier la possibilité de mobiliser une partie de certaines subventions non utilisées, consacrées à des bourses d’études, pour le financement des entreprises en cours de route.