La Presse (Tunisie)

Quand le passé nazi s’invite dans la campagne

Il avait déjà surgi quand Marine Le Pen avait affirmé début avril que la France n’était «pas reponsable» de la rafle qui avait conduit à la déportatio­n de juifs

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AFP — La Seconde Guerre mondiale s’est immiscée hier dans le duel présidenti­el en France: le parti de Marine Le Pen a dû éjecter son prési- dent, accusé de propos négationni­stes tandis qu’Emmanuel Macron se rend dans un village martyr marqué par un massacre nazi.

AFP — La Seconde Guerre mondiale s’est immiscée hier dans le duel présidenti­el en France: le parti de Marine Le Pen a dû éjecter son président, accusé de propos négationni­stes tandis qu’Emmanuel Macron se rend dans un village martyr marqué par un massacre nazi. Jean-François Jalkh, qui avait été nommé lundi président par intérim du Front national (FN) après la décision de Mme Le Pen de se mettre en retrait du parti d’extrême droite pour mieux rassembler les électeurs, a été remplacé hier au pied levé par le député européen Steeve Briois. «Aujourd’hui, c’est M. Briois qui prend la suite. Point à la ligne, l’affaire est close», a déclaré hier le vice-président du parti, Louis Aliot, après les remous suscités par la nomination de M. Jalkh. Dans des propos rapportés en 2005 dans une revue universita­ire, le militant de 59 ans avait en effet évoqué le «sérieux et la rigueur» de l’argumentat­ion des travaux de l’universita­ire négationni­ste Robert Faurisson, régulièrem­ent condamné pour avoir nié la réalité de la Shoah. «Nous condamnons ce genre de propos et il les conteste», a dit M. Aliot. Depuis qu’elle a pris la tête du FN, Marine Le Pen s’est efforcée d’en lisser l’image sulfureuse, longtemps alimentée par les propos antisémite­s et révisionni­stes de son père, JeanMarie Le Pen. En début de semaine, ce dernier, condamné à de multiples reprises, notamment pour incitation à la haine raciale, a salué à la radio le «très beau résultat» obtenu par sa fille au premier tour de la présidenti­elle: «c’est l’aboutissem­ent de 45 ans de bataille politique», a-t-il dit. Les thèses historique­ment chères au FN avaient déjà surgi dans la campagne quand Marine Le Pen avait affirmé début avril que la France n’était «pas responsabl­e» de la rafle du Vel d’Hiv qui avait conduit à la déportatio­n de juifs sur ordre du pouvoir français en juillet 1942. Une pleine page, publiée hier par l’associatio­n des Fils et Filles de déportés juifs de France dans le quotidien Libération, rappelle le passé pour s’inquiéter de l’avenir: une photo d’un ciel obstrué de barbelés évoquant les camps de concentrat­ion nazis, est barrée du slogan «Le FN en 2017? Non jamais. Contre le Pen - votez Macron». Coïncidenc­e du calendrier, le centriste Emmanuel Macron a prévu de se rendre hier après-midi à Oradour-sur-Glane, petite localité du centre de la France où une unité de la Waffen SS massacra 642 habitants le 10 juin 1944.

«Les mauvais vents»

«Quand vous avez face à vous une candidate qui renouvelle ce qu’elle a pu dire sur le Vel’d’Hiv’, qui est l’héritière directe et assumée de quelqu’un qui a porté le négationni­sme, qui s’est construit politiquem­ent contre le général de Gaulle, bien sûr que ça a un sens d’aller à Oradour», a-t-il déclaré avant sa visite dans un journal local. Depuis le premier tour, un duel sans concession oppose les deux candidats. Mme Le Pen continue à chasser les votes des déçus du premier tour, à droite et à l’extrême gauche, pour tenter de faire mentir les son- dages qui la donnent perdante le 7 mai face à M. Macron. Elle espère notamment un soutien, voire un ralliement de Nicolas Dupont-Aignan, candidat souveraini­ste qui a totalisé 4,70% des suffrages au premier tour. «On a vocation à travailler ensemble», a affirmé le vice-président du FN, Florian Philippot. L’extrême droite cherche aussi à séduire une part de l’électorat du candidat de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, qui n’a pas donné de consigne de vote pour le second tour et doit expliquer sa position, lors d’une prise de parole sur internet. L’ancien maire socialiste de Paris, Bertrand Delanoë, en a appelé à la «responsabi­lité» de ceux qui ne voteraient pas le 7 mai pour faire barrage au FN, en se référant à l’arrivée au pouvoir des nazis en Allemagne. «Dans les années 30 en Allemagne, l’extrême gauche n’a pas voulu choisir entre les sociaux démocrates et les nazis. Hitler a été élu par le suffrage universel», a-t-il rappelé. De son côté, le président François Hollande, en déplacemen­t dans l’ouest, a appelé à «chasser les mauvais vents» du «nationalis­me» et du «repli». Le chef de l’Etat a solennelle­ment appelé lundi à voter pour Emmanuel Macron qui a également reçu le soutien de l’ancien président de droite Nicolas Sarkozy.

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Le Pen et Macron

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