La Presse (Tunisie)

La Tunisie multiple parlera à Genève

Le rapport est le fruit du travail d’une commission nationale mixte regroupant toutes les parties concernées par les droits de l’Homme en Tunisie

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Une délégation tunisienne sera du 2 au 5 mai prochain à Genève pour discuter le rapport officiel de la Tunisie sur les droits de l’Homme devant le Conseil des droits de l’Homme aux Nations unies (Hcdh) dans le cadre de l’Examen périodique universel (EPU). Cette délégation sera conduite par le ministre chargé des relations avec les instances constituti­onnelle, la société civile et des droits de l’Homme, Mehdi Ben Gharbia. Des rapports similaires sur la situation des droits de l’Homme en Tunisie seront également soumis au Conseil des droits de l’Homme par la société civile tunisienne. Lors d’un point de presse tenu hier au siège du départemen­t, Ben Gharbia a indiqué que le ministère se penche actuelleme­nt sur la réponse aux questions et demandes d’éclairciss­ement formulées par les pays membres du conseil sur le rapport. Troisième rapport, après celui de 2008 et de 2012, le document, envoyé le 2 février dernier au Conseil des droits de l’Homme, est le fruit du travail d’une commission nationale mixte regroupant toutes les parties concernées par les droits de l’Homme en Tunisie et travaillan­t, depuis janvier 2016, en collaborat­ion avec le pouvoir exécutif, législatif et judiciaire ainsi qu’avec la société civile. Le rapport énumère les procédures juridiques, institutio­nnelles et opérationn­elles adoptées par la Tunisie en vue de développer les droits de l’Homme en Tunisie, a expliqué Mehdi Ben Gharbia. « Il porte également sur les différente­s étapes de constituti­onnalisati­on des droits de l’Homme, de la mise en place des instances de défense des droits de l’Homme, des réformes judiciaire­s et de la ratificati­ons des protocoles internatio­naux relatifs aux droits de l’Homme», a-t-il ajouté. Reposant sur une approche participat­ive, l’élaboratio­n de ce rapport a été précédée d’une consultati­on nationale tenue le 1er décembre 2016 ainsi qu’une consultati­on régionale à Sidi Bouzid et les régions intérieure­s tenue le 2 décembre dernier. Une séance de dialogue avec la haute instance des droits de l’Homme a également eu lieu en janvier 2017.

Un rapport de trois chapitres

Selon la rapporteus­e de la commission chargée de l’élaboratio­n de ce rapport au sein du ministère, Sana Bouzouach, le rapport repose sur 3 chapitres principaux : le cadre juridique et institutio­nnel des droits de l’Homme, la protection des droits de l’Homme sur le plan réel et les défis et initiative­s. Le premier chapitre passe en revue les différents articles dédiés aux droits de l’Homme dans la nouvelle Constituti­on ainsi que le rôle du pouvoir judiciaire dans ce domaine. Il porte également sur les droits et libertés des citoyens tunisiens et les accords internatio­naux ratifiés par la Tunisie. Sur un total de 18 accords relatifs aux droits de l’Homme, la Tunisie en a ratifié 14, d’après Bouzouach. Le cadre institutio­nnel de la protection et du développem­ent des droits de l’Homme porte, quant à lui, sur le pouvoir judiciaire et les instances constituti­onnelles indépendan­tes dont la Haica, l’Isie et l’instance d’accès à l’informatio­n. Le deuxième chapitre a été consacré aux procédures de réforme du système judiciaire tunisien, aux moyens de développem­ent des compétence­s dans le domaine des droits de l’Homme et au processus de transition démocratiq­ue. Il s’est intéressé également aux efforts de la Tunisie en matière de lutte contre la torture, à la réforme du code de procédure pénale, à la lutte contre la traite des personnes, à l’égalité et la non-discrimina­tion à l’égard des minorités, à la lutte contre la violence contre les femmes ainsi qu’à l’intégratio­n des per- sonnes handicapée­s. Les principaux défis des droits de l’Homme en Tunisie sont à caractère sécuritair­e, social (manifestat­ions), économique (la baisse de la valeur du dinar) et culturel, selon Sana Bouzaouch. Un projet de loi sur l’accès au protocole facultatif des droits de l’enfant est en cours d’élaboratio­n, a-t-elle indiqué, faisant remarquer que ce projet de loi permettra aux citoyens tunisiens de porter plainte auprès des instances internatio­nales. Un autre projet sur la lutte contre le racisme sera bientôt soumis au CSM, selon la même source. La Fédération internatio­nale des droits de l’Homme (Fidh), l’Organisati­on mondiale contre la torture (Omct), l’Associatio­n tunisienne de défense des libertés individuel­les (Adli), l’Associatio­n tunisienne pour la justice et l’égalité (Damj), Dostourna et l’associatio­n «Avocats sans frontières» (ASF) ont présenté, jeudi, un rapport sur la situation des droits de l’Homme en Tunisie. Aux côtés du rapport officiel de l’Etat tunisien, plus de 20 rapports ont été élaborés par d’autres composante­s de la société civile», a indiqué Yosra Frawes, membre de Ligue tunisienne des droits de l’Homme (Ltdh).

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