Où se cache la vérité ?
Dans cette affaire quelque part énigmatique, au moins la ligne de clivage est bien tracée. D’un côté, les deux partis au pouvoir, de l’autre tout le reste de l’hémicycle, et ce, quelle que soit la couleur politique. Les groupes du Front populaire, d’Afek
Après un démarrage calme, la plénière de mardi s’est terminée dans la confusion la plus totale, avec des échanges d’invectives, le retrait collectif de cinq groupes parlementaires, et, pour finir, le rejet des trois noms présentés par la commission spécialisée de tri des dossiers pour l’Instance vérité et dignité. Officiellement, les candidats malheureux n’ont pas atteint la barre des 74 votes. Deux petites voix leur manquaient en vue de pourvoir aux postes vacants de l’instance. Officieusement, le consensus entre les groupes parlementaires a fait, en dernier lieu, défaut.
Après un démarrage calme, la plénière de mardi s’est terminée dans la confusion la plus totale, avec des échanges d’invectives, le retrait collectif de cinq groupes parlementaires, et, pour finir, le rejet des trois noms présentés par la commission spécialisée de tri des dossiers pour l’Instance vérité et dignité. Officiellement, les candidats malheureux n’ont pas atteint la barre des 74 votes. Deux petites voix leur manquaient en vue de pourvoir aux postes vacants de l’instance. Officieusement, le consensus entre les groupes parlementaires a fait, en dernier lieu, défaut. Chaima Aissa Benhaki, Souheil Bettaieb et Rami Trabelsi n’ont vraisemblablement pas réussi à réunir une adhésion autour de leurs candidatures. Après avoir franchi pourtant toutes les étapes de la sélection. Ce rejet en séance publique s’est accompagné d’accusations de manipulation dont serait responsable la coalition de la majorité parlementaire. Dans cette affaire quelque part énigmatique, au moins la ligne de clivage est bien tracée. D’un côté, les deux partis au pouvoir, de l’autre tout le reste de l’hémicycle, et ce, quelle que soit la couleur politique. Les groupes du Front populaire, d’Afek Tounès, Al Horra, le bloc Démocratique et le fraîchement créé, le bloc National se sont retirés massivement de la plénière sans voter. Une façon de dire leur refus, voulu spectaculaire, à l’encontre de ces personnes « imposées par Ennahdha et Nida Tounès » , après tout.
Conformité aux dispositions réglementaires
Une accusation que Badreddine Abdelkéfi, élu Ennahdha, rejette totalement. Et ant membre de la commission de tri des dossiers de l’IVD, il a tenu à faire valoir la conformité aux dispositions réglementaires et statutaires de l’ensemble du processus. Depuis ce qu’on appelle le tri administratif, étape qui se penche sur la validité des documents fournis par les postulants, jusqu’à la sélection préfinale des candidats. Les postes vacants se reportent à trois catégories distinctes : théologie, droit administratif et justice transitionnelle. Les dossiers de Souheil Bettaieb ( juge administratif), Chaima Aissa Benhaki (spécialiste dans les sciences théologiques) et Rami Trabelsi ( spécialiste en justice transitionnelle) ont été validés en commission d’abord, « les signatures de tous les membres de la commission de tri qui représentent plusieurs groupes parlementaires font foi » , insiste le député, joint par La Presse.
Le consensus a-t-il été réuni préalablement ?
De plus, la liste de ces candidats a été publiée depuis le 25 mai sur le site de l’ARP pour ouvrir la voie des recours. Deux recours ont été justement déposés, dont un par la présidente de l’instance, Sihem Ben Sedrine, que la commission a fini par rejeter. Cette foisci encore, le PV de la séance qui énonce le maintien des trois candidats a été signé par tous les membres de la commission présents. « Contrairement à ce qu’on dit, s’insurge M. Abdelkéfi, le consensus est réuni. Par voie de fait, ce qui s’est passé en plénière est tout simplement une imposture à dessein d’induire en erreur l’opinion publique ». Selon lui, les protagonistes du boycott usent de stratagèmes pour retarder l’ensemble du processus électif, « c’est mon opinion, reconnaît-il, il est vrai qu’il ne s’agit pas de l’instance des élections, mais c’est un climat qu’ils veulent instaurer en vue de perturber le rythme des travaux parlementaires, brouiller les pistes et retarder l’échéance des élections municipales ». Pour avoir un autre son de cloche, après avoir contacté deux illustres élus, une femme et un homme relevant du groupe contestataire, en vue de donner leurs versions des faits à La Presse. Et après un engagement ferme de leur part, ils ont finalement renoncé à s’exprimer malgré nos multiples appels et rappels. Sans tirer de conclusions hâtives, il faudra juste prendre le temps de dire que la commission de tri est composée de 11 membres, sans le président de l’Assemblée, six députés sont de Nida Tounès et Ennahdha et les cinq autres relèvent des autres blocs parlementaires. Si ce que révèle notre interlocuteur est vrai, pourquoi ces élus ont-ils refusé en plénière ce qu’ils ont accepté au préalable en commission et approuvé et signé ? Mystère.