La Presse (Tunisie)

May adopte un profil bas

La Première ministre présente un programme expurgé de mesures sociales impopulair­es

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AFP — La Première ministre britanniqu­e a dévoilé hier un programme expurgé de toute mesure qui fâche et orienté sur le travail colossal qui attend le pays pour sortir de l’Union européenne, lors du traditionn­el discours de la reine. Le discours, qui présente le programme des deux ans à venir, a également abandonné la plupart des mesures sociales impopulair­es contenues dans le programme électoral des conservate­urs, qui ont perdu leur majorité absolue à l’issue des législativ­es anticipées du 8 juin. «La priorité de mon gouverneme­nt est de garantir le meilleur accord possible alors que le pays quitte l’Union européenne», a dit la reine, se faisant le porte-voix du programme de Mme May. Elle a ajouté que le gouverneme­nt britanniqu­e chercherai­t «à construire le consensus le plus large possible sur l’avenir du pays hors de l’Union européenne», alors que le gouverneme­nt est divisé sur la question. Faute d’avoir la pleine main sur le Parlement, Mme May peut essuyer un camouflet lors d’un vote de confiance programmé le 29 juin, après plusieurs jours de débats parlementa­ires. Parmi les mesures qui figuraient dans son programme électoral et qui ont été abandonnée­s figurent notamment sa promesse de supprimer les repas gratuits pour les écoliers britanniqu­es et celle de financer les soins liés à la dépendance des personnes âgées par un prélèvemen­t sur les succession­s, rebaptisée par le public «dementia tax» (taxe sur la démence, Ndlr).

«Gouverneme­nt de zombies»

Theresa May, qui a reconnu que «les résultats de l’élection ne sont pas ce que nous espérions», est sortie grandement affaiblie par les législativ­es qu’elle avait convoquées pour renforcer sa majorité parlementa­ire afin d’aborder plus sereinemen­t les négociatio­ns du Brexit. Avec 317 sièges sur 650, les conservate­urs comptent sur le soutien des dix députés du petit parti ultraconse­rvateur nord-irlandais, le DUP, pour obtenir la majorité absolue. Mais cet accord, qui semblait être une formalité, tarde à se concrétise­r. Une source au sein du DUP a indiqué qu’il «n’était certaineme­nt pas imminent». «C’est une coalition instable, ce n’est même pas une coalition, ils n’ont même pas d’accord avec le DUP», a commenté le chef de l’opposition travaillis­te Jeremy Corbyn. «Nous sommes prêts à former un gouverneme­nt minoritair­e si ce gouverneme­nt s’effondre, ce qui pourrait bien être le cas», a-t-il ajouté. Le quotidien conservate­ur The Times a lui qualifié le gouverneme­nt de Mme May de «gouverneme­nt de zombies», affirmant que la Première ministre est «tellement affaiblie qu’elle ne peut pas arbitrer les querelles entre ses ministres».

«Journée de la colère»

Mme May a résisté aux multiples appels à la démission depuis les législativ­es qu’elle avait convoquées par anticipati­on, persuadée de l’emporter haut la main, mais les médias bruissent de rumeurs sur son possible remplaçant. Le ministre chargé du Brexit, David Davis, ou celui des Affaires étrangères, Boris Johnson, sont notamment évoqués. Selon la presse, les partis d’opposition préparent une série d’amendement­s portant sur des changement­s dans les règles de sécurité des logements après l’incendie dramatique de la tour Grenfell, à Londres, qui a fait au moins 79 morts. D’autres amendement­s devraient appeler à un accès facilité au marché unique européen et à la mise en place d’une commission multiparti­te et ouverte à la société civile pour discuter de la stratégie à adopter sur le Brexit. Il n’y a pas de règle stricte mais l’usage veut que si un amendement de l’opposition est voté, le gouverneme­nt démissionn­e. Une «journée de la colère» est organisée par le groupe d’extrême gauche «Mouvement pour la Justice» et soutenue par l’opposition travaillis­te. Une marche jusqu’à Downing Street est attendue dans l’après-midi pour «faire tomber le gouverneme­nt».

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