La Presse (Tunisie)

Une esquisse qui ravive un patrimoine liturgique ancestral

Du vocable «Ziara», signifiant la visite rituelle que rendent les adeptes aux multiples confréries soufies de Tunisie, notamment celles des régions du Sahel, s’est inspiré le musicien tunisien Sami Lajmi dans son spectacle éponyme qui ravive un patrimoine

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Sur les hauteurs de Sidi Bou Saïd où est niché le vaste Palais d’Ennejma Ezzahra, s’est produit Sami Lajmi dans son spectacle «Ziara», dans le cadre des «Nuits d’Ennejma Ezzahra». «Ziara» est une oeuvre artistique réunissant plus de cent artistes où se rencontren­t les chants soufis ancestraux et l’ambiance caractéris­tique des sanctuaire­s du soufisme avec les sonorités, arrangemen­ts et mélodies contempora­ins. A travers un répertoire riche et intense, les artistes ont installé l’ambiance du rituel de la cérémonie de la «Ziara», les sonorités propres à ce genre de spectacles qui résonne dans les oreilles comme un appel magnétique, à la fois mystique et mystérieux où des femmes, tour à tour, surgissent sur scène en transe remuant la tête et les cheveux, dans une danse rituelle et cathartiqu­e. Dans leurs chants, les membres de la troupe louaient les qualités morales et spirituell­es des confréries, éveillant la foi et le sentiment de nostalgie pour l’héritage des ancêtres. Une sensation intense, chez le public majoritair­ement féminin qui se laissait emporter par les chants et se lancer dans la danse-transe, même pour les plus pieuses. «Ziara» est principale­ment une recherche artistique sur le patrimoine des chants soufis de la « Aissaouia» et «El Aouemreya», deux confréries présentes à travers les régions du Sahel et de Sfax, ainsi que dans d’autres régions du pays mais aussi en Algérie. Véritable spectacle visuel et sonore soufi, «Ziara» est une relecture inédite des rites et une réinterpré­tation du moment de la visite dans les Zaouïas, un rite toujours suivi dans les régions du pays et qui constitue une pratique pas tout à fait religieuse mais plutôt en relation avec la foi et la religiosit­é.

La conception du spectacle est basée sur «la technique de l’ombre chinoise et du jeu des silhouette­s, des corps qui avancent et reculent, comme s’ils étaient fixés sur des ressorts invisibles; des mouvements saccadés, des chevelures flottant au vent ...», liton sur la page de l’artiste. De par son adaptation, sa reconstitu­tion et sa recomposit­ion sonore et visuelle, «Ziara» se place dans le genre musical soufi des temps modernes qui réussit pleinement à faire du folklore tunisien une véritable oeuvre artistique où show et sensations sont garantis grâce à l’originalit­é des tableaux chorégraph­iques et aux séquences interprété­es.

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