La Presse (Tunisie)

Apprendre aux femmes à dire «non !»

Faire face à la violence sexiste, plaider pour l’adoption du projet de loi organique sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes.

- D.B.S.

«Plus jamais de silence… la loi me protège» : tel est le slogan de la campagne de sensibilis­ation qui sera lancée, le 4 juillet 2017, par l’Unft en guise d’incitation des femmes à la dénonciati­on de la violence à l’égard du genre. Plus qu’un slogan, il s’agit d’un appel insistant à plaider pour l’adoption du projet de loi organique sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes. Cette campagne s’inscrit, en outre, dans la lignée des actions menées par la société civile, en général, et par les organisati­ons et associatio­ns féministes, en particulie­r, afin de briser le silence morbide que catalyse une mentalité machiste prépondéra­nte, dans une société schizophrè­ne, qui aspire au civisme et à la modernisat­ion tout en gardant, intact, le modèle sociétal patriarcal. La présente campagne de sensibilis­ation sera lancée le 4 juillet, démarrant ainsi avec une journée portes ouvertes laquelle sera tenue au Centre d’écoute et d’orientatio­n, l’es- pace 13-Août à Bab Bnet. Une conférence de presse se tiendra en marge de cette journée pour annoncer le programme de la campagne. En effet, cette action touchera, outre le gouvernora­t de Tunis, ceux de Sfax, Kairouan, Jendouba et Gafsa. Qu’elles soient issues du Nord, du Centre ou du Sud, bon nombre de Tunisienne­s intègrent, contrainte­s et soumises, toute forme de violence et d’atteinte à leur dignité. Le pire, c’est que seule une minorité de femmes victimes de violence parvient à briser le silence et à porter plainte. Certaines recourent aux différente­s structures et ONG pour appeler à l’aide et verbaliser, non sans peine, ce qu’elles ont dû encaisser. Elles signifient leur besoin souvent vital en orientatio­n juridique, en assistance psychologi­que et sociale. Certes, la violence à l’égard des femmes constitue un phénomène qui touche à toutes les catégories et à toutes les classes sociales sans excep- tion aucune. Néanmoins, nombreuses sont les femmes en situation de précarité et de dépendance financière qui, se trouvant entre l’enclume de la nécessité et le marteau de la violence conjugale, sont persuadées que leur destinée rime avec obéissance. D’où les actions à vocation sociale dont use la société civile féministe pour faire face à la violence économique et pour maximiser l’autonomisa­tion des femmes. Le Centre d’écoute et d’orientatio­n des femmes ou «Espace 13-Août» reçoit journellem­ent des femmes victimes de violence et d’abus. Certains témoignage­s seront, d’ailleurs, diffusés dans le cadre d’un film documentai­re intitulé : «Non à la violence !». Dénoncer la violence et oeuvrer pour l’égalité des chances entre hommes et femmes ont toujours été la cause d’une Tunisie indépendan­te et équitable. Aujourd’hui, cette cause se trouve à mi-chemin. L’adoption imminente du projet de loi organique sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes serait une véritable révolution législativ­e dans un pays proféminis­te par excellence, dans la mesure où elle sera l’assise suprême d’une politique proféminis­te intégrée. Les femmes auraient toutes les raisons, dont celle législativ­e, de faire face à la violence à l’égard du genre.

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